Cet article date de plus d'un an.

Hellfest 2023 : groupes controversés, hausse des tarifs, impact environnemental, le patron Ben Barbaud répond aux polémiques

Le rendez-vous des amateurs de metal, qui débute jeudi 15 juin pour quatre jours, est critiqué sur plusieurs points cette année. Le patron du festival, Ben Barbaud, répond point par point.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le co-créateur et patron du Hellfest, le festival dédié au metal et ses courants, qui se déroule à Clisson en Loire-Atlantique. Photo prise le 17 juin 2016. (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

Le Hellfest s'apprête à faire résonner une nouvelle fois le metal et ses courants de jeudi 15 à dimanche 18 juin 2023 à Clisson (près de Nantes, en Loire-Atlantique). Le festival, dont la 16e édition programme notamment les géants Iron Maiden, Kiss, Motley Crüe, Slikpnot, Pantera et Black Flag, affiche complet avec 240 000 spectateurs attendus. Montré du doigt sur plusieurs points cette année, notamment sur sa programmation d'artistes condamnés par la justice pour violences conjugales, le co-créateur et directeur du Hellfest Ben Barbaud répond aux critiques dans un entretien à l'AFP.

Vous programmez cette année Johnny Depp comme guitariste des Hollywood Vampires, en dépit de la controverse qui l'entoure depuis le procès qui l'a opposé à son ex-femme Amber Heard sur fond d'accusations de violences conjugales, et Tommy Lee, batteur de Mötley Crüe, condamné en 1998 pour violences conjugales envers son ex-femme Pamela Anderson...
Ben Barbaud : Notre ligne de programmation artistique est basée sur la demande qu'on nous fait ou pas d'un artiste. Ils font partie de groupes mondialement connus qui attirent les foules. Je suis bien conscient que certains voudraient qu'on ne les programme pas. Mais je ne suis ni juge, ni procureur. Je ne souhaite pas créer une sorte de seconde sentence. Tommy Lee a été condamné il y a plus de 30 ans.

Et si Rammstein, dont le chanteur est accusé d'agressions sexuelles, vous sollicitait pour jouer l'an prochain au Hellfest ? 
Ben Barbaud : Il y a une vigilance à avoir. On parle de comportements durant les concerts. Je n'ai eu connaissance de rien de tel quand Rammstein a joué au Hellfest en 2016. Si le groupe venait à nous contacter pour l'an prochain, ce qui n'est pas le cas, si des plaintes ont été déposées, si une enquête est en cours, avec des indices concordants, on n'ira pas. C'est me donner trop d'importance et de compétences d'attendre que je sois procureur et juge. Mais la sécurité des festivaliers et festivalières, ça, c'est ma responsabilité. On a créé l'an dernier une brigade, Hellwatch, pour prévenir les violences sexuelles et sexistes. On a décidé de la muscler avec 60 personnes cette année. On sait que c'est perfectible. Pour les questions d'environnement, de prévention des violences sexuelles et sexistes, c'est faux de dire qu'on s'en contrefout car on vend nos billets en cinq minutes. On a conscience qu'on doit s'améliorer.

Pourquoi le pass quatre jours augmente-t-il de 40 euros pour passer à 329 euros cette année ? 
Ben Barbaud : Comparé à sa taille, le Hellfest est le festival le moins bien subventionné avec 40 000 euros sur 35 millions de budget. Il faut savoir qu'on ne cherche pas du profit, on réinvestit ce qu'on gagne dans la scénographie, la sécurité, l'accueil du public pour l'édition suivante et on subit l'inflation générale sur l'énergie, le prix des services de nos prestataires. Le prix n'est pas accessible pour tous, je le regrette. Mais on ne dépasse pas les 500 euros contrairement à d'autres festivals à l'étranger. On opère dans une niche mais les groupes qu'on programme jouent aussi sur l'offre et la demande. Il y aussi une vraie question de l'impact environnemental, car des artistes arrivent avec une production de plus en plus gigantesque avec des décors, etc. Si les artistes levaient un peu le pied là-dessus, peut-être verrait-on des cachets à la baisse, même si j'ai du mal à y croire. 

Le Hellfest, pour sa double édition exceptionnelle 2022, a consommé 300 000 litres de fioul l'an passé...
Ben Barbaud : J'ai été trop transparent en disant ça. Mais je n'ai pas dit que je m'en foutais. J'ai dit que, concernant l'énergie, il est difficile pour le moment d'avoir des solutions techniques. Mais, j'insiste, nous savons que des industriels, constructeurs de groupes électrogènes, travaillent pour nous trouver des moyens pour, je l'espère, à l'avenir, organiser des évènements avec une énergie plus propre. Je ne me prétends pas spécialiste. Peut-être que cela passera par l'hydrogène, le photovoltaïque... Cette année, le Hellfest teste sur un groupe une solution hydrogène et on s'est engagé l'an prochain sur un test de prise en charge photovoltaïque. Il y a 15 ans, le Hellfest ne faisait pas de tri sélectif ; aujourd'hui, on en est à 70%. Je ne fais pas du "green-washing", on sait que tout n'est pas parfait au Hellfest. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.