Des manuscrits du tube des Eagles "Hotel California" au centre d'un procès à New York pour vol présumé

La justice new-yorkaise se penche depuis quelques jours sur une affaire tortueuse, qui a vu le leader du groupe Eagles, Don Henley, témoigner à la barre lundi.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Pochette de l'album "Hotel California" des Eagles, tube interplanétaire. (DR)

Les manuscrits d'une des chansons rock les plus connues au monde, Hotel California, ont-ils été volés il y a près d'un demi-siècle ? La justice new-yorkaise traite une étrange affaire, qui a vu le leader du groupe Eagles, Don Henley, venir témoigner devant le tribunal de Manhattan lundi.

Les pages griffonnées, figurant dans de grands carnets, c'était "le produit de notre travail", "les choses stupides qu'on écrivait" avant d'arriver à l'œuvre définitive, a déclaré le chanteur et batteur du groupe, seul fondateur toujours actif au sein de la formation en pleine tournée mondiale d’adieu.

Plaidoirie non coupable

"Elles n'étaient pas destinées à être vues" et "je ne les montrerai toujours pas aujourd'hui", a ajouté le musicien de 76 ans, costume cravate, cheveux blancs, devant le juge qui préside le procès au tribunal de Manhattan. Face à lui, trois sexagénaires, qui gravitent dans le milieu des collectionneurs, comparaissent sur le banc des prévenus : Craig Inciardi, ancien conservateur du musée du Rock and Roll Hall of Fame de Cleveland (Ohio), Glenn Horowitz, marchand de livres rares, et Edward Kosinski, sont accusés d'avoir acquis puis tenté de revendre les manuscrits aux enchères, alors qu'ils connaissaient leur origine douteuse.

"Bien qu'ils savaient que les documents étaient volés", les trois prévenus "ont tenté de vendre les manuscrits, ont fabriqué de faux documents de provenance et ont menti aux maisons de vente aux enchères, à des acheteurs potentiels et aux forces de l'ordre sur l'origine des documents", avait affirmé le procureur Alvin Bragg, lors de leur inculpation. Ils ont plaidé non coupable, disant avoir acquis légalement les pages litigieuses.

"Écrit à la main"

L'affaire remonte à la fin des années 1970. Le groupe de rock Eagles est au sommet de sa gloire, après la sortie de sa première compilation, Their Greatest Hits (1971-1975), puis d'un album, Hotel California (1976), deux des trois disques les plus vendus de tous les temps aux États-Unis avec Thriller de Michael Jackson. Pour écrire un album, confie Don Henley, "on louait une maison" avec Glenn Frey, l'un des autres fondateurs d'Eagles aujourd'hui décédé, et chaque jour, après un lever matinal tardif, "on écrivait à la main tous nos textes" sur de grands carnets.

Le groupe finit par se séparer en 1980. "J'étais anéanti", dit le musicien. Devant le tribunal, il a aussi dû revenir sur sa condamnation en justice à l'époque pour "incitation à la délinquance" d'une mineure, une adolescente de 16 ans retrouvée chez lui inconsciente, après une nuit passée à prendre de la cocaïne.

Peu avant la rupture, Ed Sanders, un auteur touche-à-tout, poète, activiste, musicien, est engagé pour écrire une biographie d'Eagles. Il se voit confier des notes manuscrites qui ont servi à écrire les paroles de plusieurs chansons de l'album Hotel California, dont le tube éponyme, devenu culte pour son solo de guitare final que tous les apprentis rockers ont un jour voulu jouer.

Retour à la charge

La biographie ne sortira jamais et Sanders ne restituera jamais les écrits. Un vol pour Don Henley. Pas pour la défense, qui souligne qu'Ed Sanders n'est pas poursuivi au procès. D'après le parquet de Manhattan, Ed Sanders finira par vendre les pages en 2005 à Glenn Horowitz, un marchand de livres rares, qui les cédera ensuite à Craig Inciardi et à Edward Kosinski.

Durant les années 2010, Eagles s'est reformé, et Don Henley va voir revenir plusieurs fois des lots de ses pages manuscrites sur internet ou dans des ventes aux enchères. La première fois, en 2012, il finit par les acquérir lui-même, pour 8 500 dollars. C'était le moyen "le plus efficace" et "pratique" pour récupérer son bien, justifie-t-il. La défense y voit la preuve que les pages ne lui appartenaient plus.

D'autres notes manuscrites vont refleurir les années suivantes. En 2016, Don Henley se tourne vers le parquet de Manhattan. "J'avais déjà été extorqué une fois", glisse-t-il. D'après l'accusation, la valeur des manuscrits s'élevait, au moment de l'inculpation en 2022, à plus d'un million de dollars. Le procès se poursuit cette semaine.

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