Rock en Seine : deuxième journée transgénérationnelle
Après une première journée décalée, marquée par la fougue de Rage Against The Machine, qui a ouvert la semaine dernière la sixième édition de Rock en Seine devant 30.000 fans en nage, le festival reprenait hier sa formule habituelle pour deux jours de rock sur la pelouse de Saint-Cloud. Programmation ultra éclectique pour cette deuxième journée : de l'abstract hip hop avec Wax Tailor, du néo-folk poétique et enlevé avec The Do, du métal classique avec Apocalyptica ou un peu plus déjanté avec Serj Tankian, du trip-hop chamanique avec Tricky, de l'electro pop bondissante avec Hot Chip ... et puis du rock, du vrai, celui dont les festivaliers se délectent : les Dirty Pretty Things de Carl Barat, les Bostoniens de Plain White T's et les deux têtes d'affiches prometteuses de la soirée : les nouveaux venus de la Brit Pop Kaiser Chiefs face aux légendes américaines R.E.M.
Kaiser Chiefs, c'est la révélation pop-rock de ces deux dernières années : en à peine deux albums, les cinq de Leeds ont conquis les charts britanniques et européens, la presse anglaise n'hésite pas à comparer leurs textes aux plus belles pages des Beatles et leurs concerts affichent complet partout où ils passent. Cet été, ils ont sillonné l'Europe des festivals pour distiller les morceaux de leurs prochain opus annoncé en octobre. A Saint-Cloud, ils n'ont pas failli à leur réputation foudroyante en s'offrant, l'air goguenard, quelques plongeons dans le public et en offrant une heure de concert survolté aux festivaliers.
On ne présente plus R.E.M. : plus de vingt-cinq ans de carrière et 14 albums au compteur du trio américain d'Athens, Georgie. Si les dernières galettes étaient très en dessous des albums des débuts, et surtout de l'apogée du groupe dans les années 80 et le début des années 90, la dernière livraison, "Accelerate" annonçait en mars dernier un retour du groupe à l'énergie ravageuse de ses premières années. Devant le public de Rock en Seine, le groupe a choisi de proposer une visite accelérée, justement, de tous ses styles. D'où une "setlist" un peu confuse, enchaînant sans véritable logique, promotion du dernier album, ballades enlevées, tubes estampillés années 80 comme "The One I Love" ou "Fall On Me" pour les fans des premières heures, et pour contenter un public pas forcément acquis, l'inévitable "Losing My Religion" en rappel. Show carré, notes limpides, magnifique travail de vidéo sur écrans géants, charisme inégalé du leader du groupe Michael Stipe. Le charme du trio a opéré, malgré un ventre mou en milieu de concert, sur le public multi-générationnel, les ados brandissant leurs écrans de portables allumés, et les quadras levant hauts leurs briquets.
Suite et fin de Rock en Seine ce soir, avec la très attendue (mais sera-t-elle là, c'est le grand suspense !?) diva soul-punk Amy Winehouse, Justice, les Raconteurs de Jack White (White Stripes) et le combo rap The Roots.
Anne Jocteur Monrozier
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.