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On y était : PNL ravit Paname avec une scénographie soignée à Bercy AccorHotel Arena

Après le carton des disques et la folie des vidéos aux millions de vues, la scène restait le dernier espace à conquérir pour le phénomène rap PNL. Mardi soir, au premier de leurs deux concerts prévus dans la capitale à l’AccordHotel Arena, les deux frères des Tarterêts ont emporté le morceau en offrant un show d’1h30 bien dosé à la scénographie remarquable.

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Ademo et N.O.S de PNL sur scène, novembre 2017. (PNL Music)

N.O.S et Ademo de PNL, seuls dans l'arène

C’est un grand soir pour PNL : leur tout premier Bercy (AccorHotel Arena). Un grand jour aussi pour leurs fans, qui les attendaient originellement le 29 juin au même endroit, avant que la tournée ne soit repoussée à novembre, le groupe ne se sentant manifestement pas encore prêt à affronter les grandes arènes.

C’est vrai qu’ils n’ont pas froid aux yeux. Tenir la scène à deux, tout seuls, devant 20.000 personnes, il faut oser. C’est se mettre à poil. Dans cette configuration à deux, sans musiciens ni Dj, on se souvient de n’avoir applaudi que deux groupes à cet endroit : Daft Punk et Watch The Throne (Jay-Z et Kanye West). Autant dire que la barre est haute.

Du coup, PNL a vu les choses en grand. Et a mis le paquet sur la scénographie, très réussie. D’abord, l’avant-scène que l’on a tout le loisir d’observer durant l’entracte de 25 mn qui précède leur arrivée après la première partie assurée par MMZ et DTF. Il s’agit d’un chemin légèrement sinueux qui pénètre très avant dans la salle et se termine par une placette où trône un grand arbre mort. On pense à l’arbre des vautours dans Le Livre de la Jungle de Disney. Mais l’inventivité ne s’arrête pas là.

On le comprend dès que le noir se fait, à 21h30 tapantes : un cœur anatomique géant (celui qui figurait sur la pochette de leur premier album, Que La Famille en 2015), occupe le centre de la scène. Des projections en mapping sur cette sculpture blanche donnent l’illusion qu’il bat, et deux lumières, telles des lucioles de jeux vidéos, s’en échappent jusque sur l’avancée de scène dans le vacarme aigu des cris du public.

Un public jeune et fervent 

Après cette entrée en matière spectaculaire, N.O.S et Ademo arrivent tranquillement sous les ovations et débutent avec Dans Ta rue, extrait de leur second album Le Monde Chico. La foule est debout d’emblée et brandit ses portables en mode flash. Le public connait toutes les paroles par cœur, y compris les rimes infréquentables, et couvre quasiment les deux frangins des Tarterêts.

Pourtant, pas de couac à déplorer ce soir comme ce fut le cas à Dour cet été, lorsque l’autotune les avait abruptement lâchés en plein concert, ôtant soudain le voile mélodieux qui recouvrait leurs voix.

"Chuis dans mon putain de Paname", se félicite N.O.S, chignon et blouson de moto bleu. "La famille, ce soir, déchainez vous, niquez tout", reprend Ademo, en sweat blanc siglé à capuche. Les deux frères, plutôt à l’aise, allument et rallument joint sur joint sur scène et égrainent les départements d’Ile-de-France : le 93, le 95, le 78… Régulièrement, ils empruntent les portables dans le parterre des fans, font hurler la foule, enregistrent la vidéo et rendent le portable à leurs propriétaires. Une bienveillance et un amour que le public leur rend au centuple, en osmose.
 
Jeunes, les spectateurs ne dépassent pas la trentaine. Sauf s’il s’agit de parents accompagnateurs d’adolescent(e)s. Les garçons sont en nombre mais les filles, venues à deux ou carrément en bandes de copines, répondent aussi présentes.

Sur Mexico, Ademo et N.O.S empruntent enfin l’avancée de scène et se dirigent vers l’arbre qui vient comme par magie de se coiffer d’un beau feuillage, bel effet répété pour La vie est belle un peu plus tard. C’est franchement beau.

Hommage aux scénographes du concert : c'est magnifique !

La scénographie n’en finit pas de nous enchanter. Sur Luz de Luna, leur morceau gitan, les projections de paysages ocres en fond de scène font ressembler le cœur à un Dali ou un De Chirico, avant que des ailes ne lui poussent en trompe l’œil.

Avec les deux titres suivants, on atteint l’apogée de cette scénographie originale : "Onizuka" et ses enseignes lumineuses de rues japonaises, Dans la Légende et son super jeu vidéo mettant en scène les deux frères aux prises avec des policiers en civil évoluant dans différents décors. Plus tard, Uranus et son décor cosmique de planètes et d’astéroïdes happera aussi le regard. Pour Abonnés et Cramés, des flammes, dignes des tournées mondiales des cadors du rock, sortent du sol.

"Le concert c’est nous, mais c’est vous aussi", relance N .O.S lorsque le public fait vaguement mine de mollir. Sur Naha et sur le reggae footballistique Bené, la foule se lâche et danse en chantant. "J’ai tout le temps le même drapeau qui tombe à mes pieds : l’Algérien", remarque ensuite N.O.S (dont la mère est algérienne) alors qu’un bras de fer de drapeaux, algérien et marocain notamment, avait animé gentiment la foule dans la fosse en attendant le concert. "Ce soir Ya l’Afrique ou pas ?", reprend-il. "Ya la France ou pas ? Ya Paname ou quoi ?".


Le concert tire à sa fin et l’émotion est à son comble sur DA, lorsque le crew de PNL, y compris les protagonistes de leurs récents clips, des gars de leur cité des Tarterêts à Corbeil-Essonne principalement, empruntent fièrement avec eux l’avancée de scène et se prennent dans les bras.
 
Certes, le hip-hop a bien changé. Dépassé le style engagé. Ecartés, inutiles, les Dj et les danseurs. Mais quelque chose dans le hip hop est toujours là : la volonté de s’en sortir et de faire participer à sa réussite les amis moins chanceux. Un pour tous, tous pour un. Que La Famille.

PNL est à nouveau en concert mercredi 22 novembre à l'AccorHotel Arena (Paris).

La seltist de PNL mardi 21 novembre 2017, où les titres de leur 3e et dernier album Dans la légende sont majoritaires
1.Dans ta rue
2. Oh La La
3.Porte de Mesrine
4.Mexico
5.La vie est belle
6.Luz de Luna
7.Onizuka
8.Dans la légende
9.Je vis je visser
10.Abonné
11.Cramés
12.La petite voix
13.Naha
14.Bené
15.Mira
16.Uranus
17.Humain
18.Jusqu’au dernier gramme
19.DA
Rappel
20.Le Monde ou rien

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