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On y était : Kendrick Lamar au Bataclan
On lui connaissait déjà toutes les qualités majeures d'un bon rappeur sur mixtapes et sur album, ainsi qu'en freestyle radio. Restait à voir si le jeune Américain Kendrick Lamar passait la rampe sur scène. Au Bataclan (Paris) mardi 29 janvier, il a prouvé avec un concert bref et vibrant qu'il était aussi un excellent entertainer. Et un nouveau poids lourd avec lequel il faut compter.
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Public fervent et scènes surréalistes
Ce soir l'ambiance est chaude et le public particulièrement fervent. Le genre de foule jeune et motivée qui connaît toutes les paroles (en anglais) par coeur. Et pas seulement celles du dernier album, ce "Good kid m.A.A.d city" sorti sur le label de Dr Dre et encensé par toute la planète rap.
Cela donne parfois des scènes assez surréalistes, comme ces dizaines de jeunes femmes reprenant à tue tête "I pray my dick gets big as the Eiffel Tower" ("Je prie pour que ma bite soit aussi grande que la Tour Eiffel"), ou ces blancs-becs braillant en choeur "Fuck them other niggas, cause I ride for my nigga".
Porté par cette communion impressionnante, Kendrick Lamar remercie le public parisien de l'avoir soutenu dès le début et donne son meilleur. Seul avec son Dj en surplomb, le natif de Compton (Los Angeles) assure le show et plus encore. Un message à faire passer
Si la dexterité de son flow et la complexité de ses rimes, diluées par le bruit ambiant, perdent légèrement de leur clarté sur scène, il compense en déployant une énergie phénoménale, allant et venant, voire bondissant sur les planches en agitant sa serviette blanche, serrant des mains, distribuant des bouteilles d'eau et s'inquiétant régulièrement des risques de débordements de la foule déchaînée.
Surtout, Kendrick parle beaucoup entre les morceaux. Manifestement, il n'est pas venu juste donner un concert, encaisser la monnaie et repartir. Il est venu communiquer. Délivrer un message. Celui d'un gamin du quartier dur de Compton, Los Angeles, qui par la seule force de sa volonté et de sa prise de conscience, a réussi à être là où il est ce soir. Quand tant d'autres de sa génération sont déjà six pieds sous terre ou derrière les barreaux.
Il raconte, dans le détail, en plusieurs fois, comment ses parents sont venus de Chicago en Californie dans l'espoir d'une vie meilleure et ont "échoué" à Compton, où il a été conçu. Il dit ne vouloir aucune interférence entre le public et lui. Son humanité et son désir d'être compris de la "nouvelle génération" pour lui éviter les pièges mais aussi éviter les mauvaises interprétations de ses textes, exsude en permanence de son discours. Mais Paris n'est pas Compton. Et certains hipsters à l'avenir radieux s'agaçent. "Arrête de parler. Mets le son!". Un feu d'artifice de hits
Qu'à cela ne tienne : du son, Kendrick en a plein sa casquette. Après un premier tiers du concert consacré aux titres de son premier album, "Section 8.0" sorti en 2011, et un clin d'oeil à son pote Asap Rocky avec un extrait du single "Fuckin Problems", il entame la série de hits de "Good Kid, m.a.a.d. City" avec l'emblématique "Money Trees". La salle se soulève. Il la met à genoux avec le climax du concert, "Backseat Freestyle" et ses petites références à Paris (regardez la vidéo amateur ci-dessus). "Poetic Justice", "Bitch Don't Kill My Vibe" suivent.
Pour introduire "Swimming Pools" (une fausse ode à l'alcool), Kendrick jubile au souvenir de tous ceux qui lui assuraient qu'il ne pourrait jamais faire un tube radio "de l'autre côté de l'océan" car "on n'est plus dans les années 90". Or "Swimming pools" l'a fait", dit-il. Fanfaron ? Sauf qu'il souligne une fois encore combien sa victoire est surtout d'avoir réussi à ce que "le mainstream comprenne mon histoire".
Kendrick termine sur un splendide titre a-capella, aussi poétique qu'ego-trip, et promet de revenir (à Paris ? ou bien au Bataclan où il avait déjà joué cet été ?) "même si je deviens immense". Apparemment il ne sait pas qu' il l'est déjà.
Kendrick Lamar est en concert le 18 février à Marseille mais aussi le 3 février à Bruxelles et le 22 février à Lausanne.
Ce soir l'ambiance est chaude et le public particulièrement fervent. Le genre de foule jeune et motivée qui connaît toutes les paroles (en anglais) par coeur. Et pas seulement celles du dernier album, ce "Good kid m.A.A.d city" sorti sur le label de Dr Dre et encensé par toute la planète rap.
Cela donne parfois des scènes assez surréalistes, comme ces dizaines de jeunes femmes reprenant à tue tête "I pray my dick gets big as the Eiffel Tower" ("Je prie pour que ma bite soit aussi grande que la Tour Eiffel"), ou ces blancs-becs braillant en choeur "Fuck them other niggas, cause I ride for my nigga".
Porté par cette communion impressionnante, Kendrick Lamar remercie le public parisien de l'avoir soutenu dès le début et donne son meilleur. Seul avec son Dj en surplomb, le natif de Compton (Los Angeles) assure le show et plus encore. Un message à faire passer
Si la dexterité de son flow et la complexité de ses rimes, diluées par le bruit ambiant, perdent légèrement de leur clarté sur scène, il compense en déployant une énergie phénoménale, allant et venant, voire bondissant sur les planches en agitant sa serviette blanche, serrant des mains, distribuant des bouteilles d'eau et s'inquiétant régulièrement des risques de débordements de la foule déchaînée.
Surtout, Kendrick parle beaucoup entre les morceaux. Manifestement, il n'est pas venu juste donner un concert, encaisser la monnaie et repartir. Il est venu communiquer. Délivrer un message. Celui d'un gamin du quartier dur de Compton, Los Angeles, qui par la seule force de sa volonté et de sa prise de conscience, a réussi à être là où il est ce soir. Quand tant d'autres de sa génération sont déjà six pieds sous terre ou derrière les barreaux.
Il raconte, dans le détail, en plusieurs fois, comment ses parents sont venus de Chicago en Californie dans l'espoir d'une vie meilleure et ont "échoué" à Compton, où il a été conçu. Il dit ne vouloir aucune interférence entre le public et lui. Son humanité et son désir d'être compris de la "nouvelle génération" pour lui éviter les pièges mais aussi éviter les mauvaises interprétations de ses textes, exsude en permanence de son discours. Mais Paris n'est pas Compton. Et certains hipsters à l'avenir radieux s'agaçent. "Arrête de parler. Mets le son!". Un feu d'artifice de hits
Qu'à cela ne tienne : du son, Kendrick en a plein sa casquette. Après un premier tiers du concert consacré aux titres de son premier album, "Section 8.0" sorti en 2011, et un clin d'oeil à son pote Asap Rocky avec un extrait du single "Fuckin Problems", il entame la série de hits de "Good Kid, m.a.a.d. City" avec l'emblématique "Money Trees". La salle se soulève. Il la met à genoux avec le climax du concert, "Backseat Freestyle" et ses petites références à Paris (regardez la vidéo amateur ci-dessus). "Poetic Justice", "Bitch Don't Kill My Vibe" suivent.
Pour introduire "Swimming Pools" (une fausse ode à l'alcool), Kendrick jubile au souvenir de tous ceux qui lui assuraient qu'il ne pourrait jamais faire un tube radio "de l'autre côté de l'océan" car "on n'est plus dans les années 90". Or "Swimming pools" l'a fait", dit-il. Fanfaron ? Sauf qu'il souligne une fois encore combien sa victoire est surtout d'avoir réussi à ce que "le mainstream comprenne mon histoire".
Kendrick termine sur un splendide titre a-capella, aussi poétique qu'ego-trip, et promet de revenir (à Paris ? ou bien au Bataclan où il avait déjà joué cet été ?) "même si je deviens immense". Apparemment il ne sait pas qu' il l'est déjà.
Kendrick Lamar est en concert le 18 février à Marseille mais aussi le 3 février à Bruxelles et le 22 février à Lausanne.
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