Anderson .Paak : 4 raisons de ne pas louper le protégé de Dr Dre à Rock en Seine
Oubliez l'auto-tune omniprésente dans le rap actuel et imaginez : un phrasé rap à la Kendrick Lamar et un timbre de voix à la James Brown. Rappeur ET chanteur, Anderson .Paak est aussi un excellent batteur et un remarquable songwriter. Le point avant son nom ? Il est là, dit-il, pour lui rappeler de "toujours prêter attention au détail."
Crooner et rappeur agile, ce Californien né d'une Coréenne et d'un Afro-américain, a une manière unique de fondre le rap et le chant, d'alterner le velours et la rocaille verbale avec souplesse.
Musicalement, son style est celui du soul brother par excellence, qui maîtrise le vocabulaire des musiques noires sur le bout des doigts. Dans son réjouissant shaker s'enchevêtrent ainsi ce qu'il appelle le "Boom Bap" hip-hop des années 90 et les groove soul-funk. Avec en prime, des éclats de gospel et la finesse des harmonies jazz.
Ses principales influences ? Stevie Wonder, Michael Jackson, Pharrell Williams, Jay Z, Kanye West, mais aussi Kurt Cobain et Miles Davis. Comme ses modèles, .Paak est un travailleur acharné qui cherche constamment à s'améliorer. Sur sa chanson "The Bird", il résume parfaitement sa démarche : "I learned my lessons from the ancient roots/I choose to follow what the greatests do". ("J'ai pris mes leçons auprès des vieilles racines/Je choisis de suivre ce que font les meilleurs").
Travailler avec Dr Dre est sans doute le rêve le mieux partagé par les rappeurs du monde entier. Anderson .Paak a donc décroché la Lune.
Il y a deux ans, il était encore inconnu. Son destin a changé lorsque le producteur californien qui a révolutionné le hip-hop l'a entendu sur "Suede", son tout premier titre avec le producteur Knxwledge. Et l'a invité à venir le voir en studio. Résultat, avec six morceaux au compteur, on ne voyait que lui sur "Compton", le dernier album-évènement de Dr Dre paru l'été dernier.
Révélation de ce disque, avec notamment le hit en solo "Animals", sa carrière s'est accélérée ces douze derniers mois : il a travaillé entre autres avec The Game, Macklemore & Ryan Lewis, Domo Genesis de Odd Future, Kaytranada, ScHoolboy Q et Mac Miller.
Mais Anderson .Paak a surtout mis la main sur le Graal : il a signé début 2016 un contrat avec le label Aftermath de Dr Dre, rejoignant l'écurie en or de Eminem et Kendrick Lamar. Pour lui désormais, tous les clignotants sont au vert.
On y trouve du rap mordant et trépidant ("Come Down"), du rap à la Kendrick ("Your Prime"), des ballades introspectives lumineuses ("Bird", "The Season/Carry Me"), du R&B sensuel ("Room in Here" avec The Game), de la soul rappée et moite à la D'Angelo ("The Waters" et "Water Fall Interluuube") et même de la dance torride ("Am I Wrong" avec ScHoolboy Q).
Comme une majorité de musiciens afro-américains, Anderson .Paak a pris goût à la musique dans l'église baptiste de son quartier. Mais sa science du groove ne lui est pas tombée dessus comme l'éclair de la foi. Car si Anderson .Paak attire désormais la lumière, il ne vient pas de naître, il a déjà 30 ans et quelques disques au compteur : "Malibu" est son second véritable album après le prometteur "Venice" et une mixtape (OBE).
Sur les poignantes chansons "The Bird" et "The Season Carry Me", il raconte un peu de sa vie tumultueuse et cabossée : un père alcoolique et violent arrêté lorsqu'Anderson avait 7 ans, une mère enterrée peu après – "Knees hit the floor, screams to the Lord/ Why they had to take my ma ? - Il a connu la précarité, les petits boulots et même un temps la rue et le dénuement absolu avec sa femme et son bébé. Pour autant, sa musique n'est jamais plaintive, toujours optimiste. Ces galères donnent juste à sa musique et à son propos l'épaisseur et l'accent du vécu.
Sur scène, Anderson .Paak est au moins aussi bon que sur disque. D'abord, il est un des rares rappeurs du circuit à se produire avec un groupe Live. En l'occurrence The Free Nationals, un trio guitare, basse, machines, qui l'accompagne depuis des années.
Ensuite, le rappeur-crooner est un as de la baguette et construit en général ses morceaux en partant de la rythmique. Lorsqu'il se glisse par intermittence en concert derrière sa batterie, le résultat est optimal.
Sa personnalité, solaire et sexy, est à son meilleur sur scène, comme ont pu le constater les spectateurs de ses récents concerts, notamment aux festivals Coachella et South by Southwest (regardez son live ci-dessous).
Très à l'aise, versatile au micro, inspiré et posé ou bien ondulant sur le groove, Anderson .Paak se donne à fond est est tout simplement irrésistible. A Rock en Seine, si vous ne groovez pas au pied de la scène, c'est que vous n'avez plus de jambes.
Anderson .Paak est à Rock en Seine vendredi à 17h50 sur la Scène de la Cascade
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