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Action Bronson sort "Mr Wonderful", un menu rap 3 étoiles
Si Kendrick Lamar est actuellement le chantre du rap conscient aux USA, Action Bronson trône, lui, à la proue du rap jovial et déconnant. Après une poignée de mixtapes très remarquées et de singles percutants, ce personnage haut en couleurs, amateur de bonne chère, sort aujourd'hui son premier album sur une major, "Mr Wonderful". Un treize titres jubilatoire.
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Temps de lecture : 5min
Barbe rousse, humour et fumette
A 31 ans, Action Bronson est déjà un poids lourd du rap au sens propre comme au figuré (il pèse 145 kg). En direct du quartier de Flushing (Queens, New York), sa barbe rousse, son humour et son flow plaintif rappellant celui de Ghostface Killah du Wu-Tang Clan, sont connus comme le loup blanc aux Etats-Unis.
Pourtant, BamBambaklava, comme il est aussi surnommé, ne se prend pas au sérieux. Fumeur de ganja invétéré, cette terreur du micro noircit nuit et jour son carnet de notes à spirales pour enfiler les punchlines egotrip, fumeuses et hilarantes à l'origine de son succès. De mixtapes (5 en 5 ans) en Eps (2 en 5 ans plus un album, "Dr Lecter"), cet ogre malicieux cache sous son nez de clown un gros bosseur, à la mesure de son appétit de vivre : énorme. Un ancien chef aux rimes savoureuses
Cet ancien chef cuisinier, devenu rappeur en 2011 par accident – littéralement, après une mauvaise chute en cuisine – a sa propre émission "gastronomique" "Fuck That's Delicious" sur Vice TV. Il faut le voir, durant ses crises de fringale après fumette, faire des ventrées improbables de biscuits Oreo frits, enrobés de glace à la menthe et au chocolat, surmontés de chantilly fraîchement battue, pour comprendre à la fois l'embonpoint et l'âme d'enfant de ce jouisseur impénitent.
Forcément, ses raps savoureux sont toujours truffés de références alimentaires – sur "Mr Wonderful" on a ainsi repéré un lassi à la mangue, un verre de Pineau, des nuggets, 100 bols de céréales Crispix, des légumes de saison, une soupe à l'encre de seiche…et euh, une spécialité maison à déguster en tête à tête : "le serpent blanc à la sauce sous-vêtements" (sur "Baby Blue"). Ca vous donne une idée du bonhomme…
Habitué du circuit indépendant, il s'est construit ces dernières années une solide réputation, acquise tant au micro et sur scène que via les réseaux sociaux, sur lesquels il est très présent et captive ses fans à coups de tweet clashs et de photos Instagram poilantes et décomplexées. Dans la vie, ce rappeur potache est très abordable, et toujours prêt à faire un selfie avec ses admirateurs. A condition de ne pas venir l'asticoter sur scène, où il est capable de retourner les importuns comme une crêpe, façon Sumo. Une major, ça vous change un rappeur ?
Managé depuis 2012 par Goliath Artists, la compagnie d'Eminem et Paul Rosenberg, Action Bronson joue gros avec "Mr Wonderful", son premier album à sortir sur une major (Atlantic).
Pour l'occasion, le rappeur a légèrement policé son style de façon à le rendre plus présentable - rassurez vous, cela n'empêche ni les grossièretés ni les bruits de pets, mais nous vaut juste un Joker dont le flingue ne tire plus des balles mais des drapeaux disant "Bang !".
Il a surtout injecté beaucoup d'instrumentation live dans ses morceaux, apportant de la profondeur et une rondeur voluptueuse sur laquelle enrouler son flow. Une tripotée de producteurs, dont le fidèle Alchemist mais aussi les stars Mark Ronson et Noah "40" Shebib (beatmaker de Drake), sont sur le pont, amenant une diversité musicale dont le véritable fil rouge consiste en une approche "old school" de la production (pensez années 90).
L'album comprend notamment en son cœur "une comédie musicale" de trois titres, avec un blues endiablé sur lequel Action Bronson chante plus qu'il ne rappe ("A City Boy Blues") et une ballade ("A Light in the Addict"), avec lesquels il s'éloigne un peu de sa nature hip-hop hardcore. Le gros riff de guitare reprend du service sur "Only in America"
Après l'extraordinaire "Easy Rider", dont la guitare psychédélique et le clip hilarant bourré de références cinématographiques avaient assommé la concurrence et fait décoller sa réputation à l'international l'an passé, Action Bronson remet le couvert avec l'explosif "Only in America", qui mêle habilement gros riff de guitare et chœurs soul pour un résultat totalement addictif.
Quant au clip, il faut regarder celui de "Baby Blue" avec Chance The Rapper (en haut de cette page), pour ses clins d'œil à "Un Prince à New York" (avec Eddy Murphy) et à "Pulp Fiction" de Tarantino. Ah, et ne pas oublier de jeter un œil à la pochette (ci-dessous), référence à Jean Claude Van Damme.
On a beau chercher quels morceaux vous indiquer à écouter en priorité, on n'a rien trouvé à jeter. Car, de l'entrée ("Brand New Car" sur un sample de Billy Joel) au dessert (le coup de grâce "Easy Rider") "Mr Wonderful" offre un menu 3 étoiles à se lécher les doigts, dont on ne laissera pas la moindre miette.
Album "Mr Wonderful" de Action Bronson (Atlantic/Vice) est sorti le 23 mars 2015
A 31 ans, Action Bronson est déjà un poids lourd du rap au sens propre comme au figuré (il pèse 145 kg). En direct du quartier de Flushing (Queens, New York), sa barbe rousse, son humour et son flow plaintif rappellant celui de Ghostface Killah du Wu-Tang Clan, sont connus comme le loup blanc aux Etats-Unis.
Pourtant, BamBambaklava, comme il est aussi surnommé, ne se prend pas au sérieux. Fumeur de ganja invétéré, cette terreur du micro noircit nuit et jour son carnet de notes à spirales pour enfiler les punchlines egotrip, fumeuses et hilarantes à l'origine de son succès. De mixtapes (5 en 5 ans) en Eps (2 en 5 ans plus un album, "Dr Lecter"), cet ogre malicieux cache sous son nez de clown un gros bosseur, à la mesure de son appétit de vivre : énorme. Un ancien chef aux rimes savoureuses
Cet ancien chef cuisinier, devenu rappeur en 2011 par accident – littéralement, après une mauvaise chute en cuisine – a sa propre émission "gastronomique" "Fuck That's Delicious" sur Vice TV. Il faut le voir, durant ses crises de fringale après fumette, faire des ventrées improbables de biscuits Oreo frits, enrobés de glace à la menthe et au chocolat, surmontés de chantilly fraîchement battue, pour comprendre à la fois l'embonpoint et l'âme d'enfant de ce jouisseur impénitent.
Forcément, ses raps savoureux sont toujours truffés de références alimentaires – sur "Mr Wonderful" on a ainsi repéré un lassi à la mangue, un verre de Pineau, des nuggets, 100 bols de céréales Crispix, des légumes de saison, une soupe à l'encre de seiche…et euh, une spécialité maison à déguster en tête à tête : "le serpent blanc à la sauce sous-vêtements" (sur "Baby Blue"). Ca vous donne une idée du bonhomme…
Habitué du circuit indépendant, il s'est construit ces dernières années une solide réputation, acquise tant au micro et sur scène que via les réseaux sociaux, sur lesquels il est très présent et captive ses fans à coups de tweet clashs et de photos Instagram poilantes et décomplexées. Dans la vie, ce rappeur potache est très abordable, et toujours prêt à faire un selfie avec ses admirateurs. A condition de ne pas venir l'asticoter sur scène, où il est capable de retourner les importuns comme une crêpe, façon Sumo. Une major, ça vous change un rappeur ?
Managé depuis 2012 par Goliath Artists, la compagnie d'Eminem et Paul Rosenberg, Action Bronson joue gros avec "Mr Wonderful", son premier album à sortir sur une major (Atlantic).
Pour l'occasion, le rappeur a légèrement policé son style de façon à le rendre plus présentable - rassurez vous, cela n'empêche ni les grossièretés ni les bruits de pets, mais nous vaut juste un Joker dont le flingue ne tire plus des balles mais des drapeaux disant "Bang !".
Il a surtout injecté beaucoup d'instrumentation live dans ses morceaux, apportant de la profondeur et une rondeur voluptueuse sur laquelle enrouler son flow. Une tripotée de producteurs, dont le fidèle Alchemist mais aussi les stars Mark Ronson et Noah "40" Shebib (beatmaker de Drake), sont sur le pont, amenant une diversité musicale dont le véritable fil rouge consiste en une approche "old school" de la production (pensez années 90).
L'album comprend notamment en son cœur "une comédie musicale" de trois titres, avec un blues endiablé sur lequel Action Bronson chante plus qu'il ne rappe ("A City Boy Blues") et une ballade ("A Light in the Addict"), avec lesquels il s'éloigne un peu de sa nature hip-hop hardcore. Le gros riff de guitare reprend du service sur "Only in America"
Après l'extraordinaire "Easy Rider", dont la guitare psychédélique et le clip hilarant bourré de références cinématographiques avaient assommé la concurrence et fait décoller sa réputation à l'international l'an passé, Action Bronson remet le couvert avec l'explosif "Only in America", qui mêle habilement gros riff de guitare et chœurs soul pour un résultat totalement addictif.
Quant au clip, il faut regarder celui de "Baby Blue" avec Chance The Rapper (en haut de cette page), pour ses clins d'œil à "Un Prince à New York" (avec Eddy Murphy) et à "Pulp Fiction" de Tarantino. Ah, et ne pas oublier de jeter un œil à la pochette (ci-dessous), référence à Jean Claude Van Damme.
On a beau chercher quels morceaux vous indiquer à écouter en priorité, on n'a rien trouvé à jeter. Car, de l'entrée ("Brand New Car" sur un sample de Billy Joel) au dessert (le coup de grâce "Easy Rider") "Mr Wonderful" offre un menu 3 étoiles à se lécher les doigts, dont on ne laissera pas la moindre miette.
Album "Mr Wonderful" de Action Bronson (Atlantic/Vice) est sorti le 23 mars 2015
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