ConnivencePianiste virtuose, Jean-Michel Bernard conduisait dès l’âge de 19 ans le Royal Philarmonic Orchestra de Londres, tout en jouant dans les clubs de jazz, sa passion. Touchant de l’entendre confier qu’il apportait des fleurs à sa professeure de piano pour s’excuser d’avoir raté une leçon après avoir joué trop tard dans un club… Pas étonnant que le pianiste de formation s’entende si bien avec Lalo Schiffrin, aussi claviériste, dont la vocation musicale première était de fusionner le jazz et le classique. Tous deux sont passés à la musique de films car elle ne connaît pas de limites, faisant appel à tous les genres, avec une teneur dramatique, due à la narration filmique, à une histoire, à une mise en scène… Belle rencontre fructueuse et riche, de deux sensibilités qui se retrouvent sur cet album "Jean-Michel Bernard Plays Lalo Schifrin" chez Cristal Records. "Jean-Michel Bernard Plays Lalo Schifrin" : pochette du CD (Cristal Record) Capitol StudioLes enregistrements ont eu lieu en France et à Los Angeles, au studio Capitol, qui vit défiler les plus grands, comme Frank Sinatra, Nina Simone, et bien sûr Lalo Schifrin qui y a ses habitudes. La play-list est composée des classiques du maître : "Mannix", thème jazzy magnifique, plein d’énergie, auquel Bernard ajoute une trompette bouchée bien placée, que l’on retrouvera sur tout l’album. Les deux thèmes de "Mission impossible", sont des incontournables ; une suite consacrée à "L’Inspecteur Harry" voit à la basse, sur laquelle repose le thème, Kyle Eastwood, le fils de Clint (qui joue Harry dans le film), bassiste de jazz de premier ordre.Mais retiennent aussi l'attention les interprétations de musiques moins connues comme "Luke la mains froide", magnifique dans sa succession de thèmes de thriller et plus psychologiques ; "The Cat", "Les Félins" écrit pour le film de René Clément en 1964, qui avait exigé Schifrin pour son film. Des compositions hors cinéma s’ajoutent, dans le style latino du compositeur, ou domine la maestria de Jean-Michel Bernard au piano. Lors d’un inoubliable showcase, Bernard a confié les discrets conseils de Lalo Schifrin à ses interprétations : "Allège la bossa là, ne dynamise pas tant la basse ici, réduit les percussions…" Sans s’immiscer dans la réception qu’a pu avoir le compositeur français de son univers, cette fusion aboutit à une belle synthèse de l’œuvre de ses compositions, parcourues de thèmes majeurs de la musique de films, avec un maître de l’interprétation, orchestrateur et arrangeur : magistral