Procès de l'effondrement de la scène de Madonna : le géant des concerts Live Nation France interrogé
Au deuxième jour du procès de l'effondrement de la tribune du stade Vélodrome il y a 11 ans, Live Nation France a été entendu. La filiale du géant des concerts est poursuivie pour homicides involontaires.
Au deuxième jour du procès de l'effondrement mortel de la scène de Madonna, il y a 11 ans à Marseille, l'attention s'est portée le 8 octobre sur le rôle de Live Nation France, la filiale française du géant américain des concerts.
"Le régisseur, sur le terrain, c'est le patron"
Comme les neuf autres prévenus à la suite de ce drame qui a fait deux morts et huit blessés le 16 juillet 2009, sur la pelouse du stade Vélodrome, trois jours avant le concert de la reine de la pop, Live Nation France et sa dirigeante de l'époque, Jacqueline Bitton, sont poursuivis pour homicides involontaires et blessures involontaires.
Mais pas question, ni pour Mme Bitton, dite Jackie Lombard, absente à l'audience, ni pour la filiale française de Live Nation inc., la maison mère basée à Los Angeles, d'endosser une quelconque responsabilité dans les errements de ce chantier en terme de sécurité.
"Le régisseur, sur le terrain, c'est le patron", avait insisté Mme Lombard lors de l'instruction, en visant Catherine Sebaoun, celle qu'elle avait fait embaucher à ce poste par Tours Concept France (TCF), l'entreprise chargée d'assister les propriétaires anglais de la scène pour les opérations de montage.
A l'audience, jeudi, l'avocate de Live Nation France, Me Marie-Aimée Peyron, a encore insisté sur ce point, dans une question à Mathieu Anton, le gérant de TCF, lui aussi poursuivi dans cette affaire: "Il n'existe aucun lien hiérarchique entre Mme Lombard et Mme Sebaoun, êtes-vous d'accord avec cette déclaration?" "Oui", concède le prévenu, "Mme Sebaoun avait tout pouvoir, elle était mes yeux, mes oreilles et ma bouche".
"Une absence totale de gestion des risques"
Dans son ordonnance de renvoi en correctionnelle, le 29 janvier 2019, le juge d'instruction a pourtant décidé de ne pas faire comparaître la régisseuse sur le banc des prévenus. "Jackie Lombard avait de fait autorité sur Catherine Sebaoun", qui n'avait "quasiment aucune marge de manoeuvre", et Mme Lombard comme M. Anton ont bien commis "une faute caractérisée résultant notamment d'une absence totale de gestion des risques", assénait alors le juge Pierre Philipon, en évoquant un chantier marqué par une "totale improvisation".
Du côté des parties civiles, ces débats techniques sont difficiles à encaisser. "Apparemment personne n'était responsable de rien", accuse Paul Criscenzo, le frère de Charles Criscenzo, cet Aixois de 52 ans décédé le jour du drame, avec Charles Prow, un jeune Anglais de 23 ans: "Et onze ans après, rien n'a changé", poursuit-il, alors que les débats du jour viennent de se terminer.
De fait, si Mme Lombard n'est plus à la tête de Live Nation France, rebaptisée depuis Live Nation France 2006, mais elle travaille encore dans le même secteur, à la tête de la société Inter Concerts.
Mathieu Anton est toujours gérant de TCF et fait encore appel à Mme Sebaoun comme régisseuse, en 2015 par exemple, pour le concert de Paul McCartney, toujours au Vélodrome.
Et si aucune des victimes n'a encore été indemnisée, une provision d'un million d'euros a par contre été versée dès le 25 septembre 2009 par les assureurs d'ESG, les propriétaires anglais de la scène, à Live Nation M Tours, l'entreprise chargée de cette tournée de l'artiste américaine. Cette société était détenue par Live Nation Global Touring, filiale de Live Nation inc., et par Madonna, précise le dossier d'instruction.
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