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This Is Not A Love Song : un rêve de festival !

Pour sa seconde édition, le Festival This is Not A Love Song frappe fort. Le menu de la manifestation qui se tient à Nîmes du 29 au 31 mai est tout simplement à tomber. De Temples à Jungle, de Earl Sweatshirt à The Fall et de Holy Ghost aux Black Lips, l'affiche est un sans faute indie terriblement alléchant. Nous avons voulu en savoir plus en parlant au fondateur et co-programmateur Fred Jumel.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
L'affiche du festival This Is Not A Love Song 2014
 (DR)
Vive le Do It Yourself !
En préambule, précisons que ce festival ambitieux est adossé au Paloma, scène de musique actuelles flambant neuve, née à Nîmes en septembre 2012, qui comprend deux salles de concerts, sept studios de répétition, une cabine d'enregistrement, un studio radio et six logements pour accueillir des musiciens en résidence. Une association nîmoise, Come On People, active et défricheuse dans le domaine des musiques indépendantes, vient renforcer l'équipe du festival qui comprend également le programmateur Christian Allex, déjà aux commandes artistiques des Eurockéennes, de Cabaret Vert et de la Cartonnerie de Reims.
 
This Is Not A Love Song ne fait pas en vain un clin d'œil à PIL en reprenant le titre d'une de ses chansons emblématiques. Cette manifestation revendique le principe du Do It Yourself cher aux punks et refuse le rapport mercantile avec le public. Le prix d'entrée est doux (14 euros la journée, 42 euros les trois jours). Et chacun, ici, est libre d'amener son panier pique-nique et de confectionner son T-shirt maison plutôt que d'acheter le merchandising pré-mâché.

Huit mille chanceux, le double que l'an dernier, sont attendus cette année au festival pour applaudir les 42 groupes exigeants qui enflammeront les trois scènes. Et pour tenir ensemble sous le soleil cette promesse de festival idéal.
Comment est né ce festival ?
Fred Jumel, directeur de Paloma, et co-fondateur de This is Not a Love Song : Il est né d'une rencontre entre les deux directeurs artistiques de Paloma, moi et Christian Allex, et les gens de l'association nîmoise Come On People. Nous avons constaté que nous partagions les mêmes goûts et les mêmes envies, et que nous allions dans les mêmes festivals. Très vite, en rigolant, nous avons émis l'idée de monter un festival centré sur les musiques indies. Nous nous sommes lancés au moment du Primavera, festival barcelonais qui se tient fin mai et occasionne la venue de nombreux groupes en Europe. On en a profité pour en prendre quelques uns.

Quel était l'objectif  ?
Le but c'est de s'amuser et se faire plaisir mais de façon professionnelle. Nous constatons que beaucoup de festivals ont des têtes d'affiche mais peu donnent l'occasion de découvertes. Comme nous gérons une salle à l'année (Paloma), nous nous sommes dit que proposer une concentration de bons groupes sur une période donnée allait peut-être motiver davantage le public. L'idée était de capter un public venu d'un peu plus loin, qui hésite davantage à se déplacer pour un seul groupe.
 
D'où vient le public du festival ?
La base de notre public vient d'un périmètre qui va de Marseille à Toulouse et de Lyon à Perpignan. Mais nous attirons aussi des passionnés de Paris, Lille, Nantes et Rennes. Pas mal de professionnels, y compris des directeurs de festivals, se déplacent également, surtout pour se faire plaisir.
Aviez-vous un modèle de festival idéal en tête en concevant le vôtre ?
J'aime beaucoup les festivals comme South By Southwest (SWSX, qui se tient chaque année en mars à Austin, Texas). Il y a dans notre festival beaucoup de groupes que nous avons eu l'occasion de voir cet hiver là bas. Cela permet de découvrir des artistes qui ont encore peu tourné et sont sur leur première sortie d'album, comme Temples, qui jouait sur une petite place. Nous savions aussi ce que nous ne voulions pas : un festival insupportable où on passe son temps à faire la queue et où on ne voit pas la moitié des concerts qu'on était venus voir. Nous veillerons à ne pas grandir trop vite. A préserver un cadre intimiste et accessible.
 
A quoi ressemble le cadre de This Is Not A Love Song ?
C'est un cadre bucolique. Nous disposons d'un jardin éphémère en annexe, un lieu qui n'est pas utilisé en dehors des spectacles. Nous le montons pour l'occasion, avec des tables de pique-nique et une petite plage de sable et ses transats.
 
Quelles sont les spécificités de votre festival ?
D'abord, pour toucher un public le plus large possible, les après-midi du festival sont gratuites (entrée libre de 13h à 18h). L'entrée ne devient payante qu'à partir de 18h30. Temples, par exemple, se produit dans ce cadre gratuit, comme Wooden Shjip. C'est une démarche qui a du sens pour nous de défendre des groupes de cette façon. Ensuite, nous nous sommes posés la question : pourquoi aime-t-on et veut-on des groupes indies ? Parce que ce sont des groupes qui se prennent en main pour faire les choses. Nous avons appliqué ce principe Do It Yourself à l'ensemble du festival. Ainsi, les gens peuvent amener leur propre panier de pique-nique pour se restaurer. Ils peuvent aussi participer à un atelier pour apprendre à réaliser avec des vignerons un assemblage de vins et repartir avec leur propre bouteille pour une somme modique (6 euros). Plutôt que du merchandising, nous proposons aux festivaliers de réaliser leurs propres T-shirts, badges et autres sacs, sur place et à des tarifs très doux (6 euros l'affiche, 2 euros les 2 badges). Pour jouer avec la thématique Love Song, nous avons prévu des conférences sur le rock et l'amour. Et pour immortaliser tout ça, nous allons confier des caméras Go-Pro aux festivaliers en vue de faire un film.
Comment avez-vous réussi une programmation aussi solide dès la seconde édition ? Avez-vous un budget en hausse ?
Gérant le Paloma, nous connaissons bien les tourneurs et les agents d'artistes. Du coup, nous pouvons les convaincre plus facilement. En outre, les artistes et les agents ont souvent le coup de cœur pour Paloma, qui est une SMAC (scène de musiques actuelles) neuve et spacieuse à l'architecture exceptionnelle. Des artistes comme Stromae, Fauve ou Catherine Ringer y sont venus en résidence et contribuent à la réputation du lieu.  Côté budget, Paloma est financé à 70% par le Conseil général, le conseil régional, Nîmes Métropole et la Drac (2 millions de subventions sur un budget de 3,5 millions). Mais le festival This Is Not A Love Song n'a pas de subvention spécifique, nous prenons sur le budget global à l'année de Paloma. Nous avons fait le pari d'une politique tarifaire basse pour attirer un public plus important. A Paloma, tous les concerts à l'année au Club sont à 6 euros et le public est au rendez-vous. Nous avons fait le même pari pour le festival. Le forfait trois jours est à 42 euros. Et le forfait jour à 14 ou 17 euros. Une façon de toucher un public plus large.

Comment vous y prenez-vous pour vous démarquer des autres festivals en terme de programmation ?
Par exemple, nous avons pensé un temps à programmer Détroit. Et puis on a dit non. Parce qu'un groupe qui attire la majorité du public sur son nom n'est pas opportun selon nous. Car la surenchère de cachets fait hausser le prix du billet. Or, nous sommes dans une région où le taux de chômage est très fort. Si le billet est plus cher, le public n'est plus le même. Et il a tendance à quitter les lieux une fois l'idôle partie. Notre force c'est de ne pas être obligés d'avoir une seule grosse tête d'affiche et de tabler plutôt sur le nombre de propositions artistiques de qualité. Les gens dans un rayon de 150 km autour de Nîmes vont venir les yeux fermés : même s'ils ne connaissent que 30% de la programmation, ils savent qu'ils ont des chances de découvrir chez nous de bons groupes, comme c'est le cas à La Route du Rock ou au Pitchfork Festival.

Quel est votre coup de cœur dans la programmation cette année ?
Temples parce que leur album est magnifique ! Que des musiciens si jeunes sortent un tel disque, c'est remarquable. J'ai aussi un faible pour Midlake, qui a su se relever après le départ de son chanteur-leader charismatique, et pour Jungle, vus sur scène à SXSW. On est très contents d'avoir Brian Jonestown Massacre et Cat Power. Je suis curieux de voir Vundabar sur scène car l'album est super intéressant. Et puis Holy Ghost! parce que j'adore tous les groupes dans la lignée de LCD Soundsystem : ils sont super dansants et j'ai hâte de voir la salle s'enflammer avec eux.
LE PROGRAMME EN UN CLIN D'OEIL :
Une quarantaine de formations se répartissent cette année les trois scènes - le Club de 400 places, une salle de 1.400 places et une nouvelle scène en extérieur de 1.500 places.
 
Jeudi 29 mai : Temples, Speedy Ortiz, Filthy Boy, The Brian Jonestown Massacre, Slowdive, The Fall, Lee Ranaldo & The Dust, The Jon Spencer Blues Explosion, The Cambodian Space Project, Ry X, Suuns, Moodoid, Southern

Vendredi 30 mai : Wooden Shjips, Courtney Barnett, Superchunk, Cat Power, Neutral Milk Hotel, Midlake, Earl Sweatshirt, Rodrigo Amarante, The Black Lips, Daniel Avery, Ty Segall, Findlay, Jungle, Har Mar Superstar, Meridian Brothers

Samedi 31 mai : Hummingbirds, Vundabar, Rich Aucoin, The Glitch Mob, Sky Ferreira, Whomadewho, Astronautalis, Holy Ghost !, Acid Arab, Rocky, Golden Teacher, Fatima Al Qadiri, Harold Martinez, Mofo ElectroniQ Party Plan

This Is Not A Love Song
Du 29 au 31 mai 2014
Au Paloma de Nîmes

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