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Sébastien Tellier se réinvente au Brésil avec "L'Aventura"

Sébastien Tellier repeint son enfance aux couleurs luxuriantes du Brésil sur "L'Aventura", un album "tendre" qui lui a enfin "permis de trouver sa place" dans la musique en se consacrant à l'"art naïf", a-t-il expliqué dans un entretien à l'AFP.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Sébastien Tellier à la Fashion Week de Paris le 21 janvier 2014
 (Ian Langsdom / Epa / MaxPPP)
"On cherche toujours sa place en tant qu'artiste. Les Daft Punk sont les Spielberg de la musique, moi je suis un Chabrol. J'ai mes obsessions, toujours les mêmes, et il faut que je fasse de l'artisanal", dit le chanteur né le 30 novembre 1974 dans le Val-d'Oise. "Maintenant, je fuis tout ce qui est esthète, dandy, pour aller vers le charme. J'essaye de faire de l'art naïf, un art sans cynisme, sans degré, sincère."

Longtemps, Sébastien Tellier a dérouté. À ses débuts à l'aube des années 2000, il est vite devenu un des fleurons de la "French Touch" à l'étranger, dans le sillage de ses amis d'Air et de Daft Punk. Mais ses airs de dandy barbu, sa participation à l'Eurovision en 2008 et sa réputation de doux dingue ont souvent éclipsé la virtuosité de ce musicien érudit, fils d'un guitariste de Magma, Alain Tellier.
Une image longtemps faussée
Le malentendu a culminé en 2012 avec "My God is blue", centré sur la religion, pour lequel Sébastien Tellier s'était présenté en gourou aux médias et au public. "J'étais perçu comme un mégalo qui avait complètement oublié la réalité, alors que dans ma vie personnelle j'étais très humble, très casanier."

"J'ai parfois dû me trahir, ce qui est bien normal dans l'art, mais cela a créé chez moi une certaine douleur", confie-t-il. "J'ai découvert avec 'L'Aventura' qu'il fallait pour mon bonheur que je fasse des disques qui soient vraiment en fusion avec ma vie personnelle, qu'il y ait un écho positif du disque dans ma vie et vice versa", dit Sébastien Tellier, qui avoue que sa récente paternité a "tout changé".
Pour "L'aventura", qui sort lundi 26 mai chez Barclay, Sébastien Tellier est parti au Brésil repeindre en couleurs chatoyantes sa propre enfance avec laquelle il entretient une relation douloureuse. "J'ai eu une enfance à peu près normale, mais dont bizarrement j'ai une vision très sombre. C'était horrible d'aller au judo, horrible d'aller à l'école, horrible d'être dépendant des autres. Et puis ma famille venait du nord de la France, je passais mes vacances à Calais ou à Roubaix, où il n'y avait pas grand chose à faire", se souvient-il.

D'ailleurs les textes de "L'Aventura" "ne sont pas basés sur des souvenirs", note-t-il. Naïfs et pour la première fois en français, ils évoquent les dessins animés qu'il regardait quand il était petit, les personnages de livres d'enfants. "Cet album est un rêve inspiré lui-même de rêves. Même le Brésil est évoqué par des clichés, des a priori, pas du tout par la réalité de la société brésilienne, les favelas et les problèmes sociaux."
Une longue histoire avec la musique brésilienne
Sébastien Tellier entretient une longue histoire avec la musique brésilienne, à laquelle son père l'a intitié tout jeune et dans la veine de laquelle il commencé à composer "il y a six ans".

Pour "L'Aventura", album virtuose aux longs passages instrumentaux, il a travaillé avec le compositeur, arrangeur et maestro carioca Arthur Verocai.  "J'avais enregistré les guitares, les basses en France. Un jour il nous a emmené chez lui et nous a fait écouter ce qu'il avait prévu pour l'album. C'était la première fois que la saveur réelle du Brésil se posait sur mes compositions et c'était jubilatoire : j'étais épaté par ma propre musique", se réjouit-il.

"J'ai adoré travailler sur ce son qui évoque à la fois la beauté de l'été, l'enfance pour les gens de ma génération, une certaine tendresse. On vit dans un monde où les gens essayent de créer le morceau le plus tonitruant possible. Ca me fait plaisir de proposer une alternative", dit-il.

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