"One Direction" au Stade de France : 5 garçons et 60.000 choristes
Dans le RER qui la ramène vers Paris avec ses parents, une petite fille rousse regarde dans le vide, fatiguée et toujours sur un nuage. "Ah, les billets je vais les encadrer, c’est sûr"…
Quelques bonnes heures plus tôt, d’immenses files d’attentes serpentent autour du Stade de France. Certaines fans ont même dormi sur place depuis deux jours pour être sûres d’occuper les meilleures places devant la scène. Des groupes de filles sont en plein conciliabule. Elles sont responsables des "projets". Kézako ? Depuis des mois, une grande mobilisation s’est organisée sur Twitter, dans le but de surprendre le groupe lors de ses concerts français. "On est d’accord, les filles : la photo de Zayn enfant, c’est bien sur 'Story of my life' ?".
Des centaines de déléguées sont réparties dans chaque bloc de tribune, rappellent les consignes et distribuent des feuilles A4 recouvertes d’un cœur tricolore barré de "You and us". Sur "Moments", il faudra allumer la torche du portable.
Le comité d’accueil est en place. Le public est à 95% féminin, pour l’essentiel entre 13 et 16 ans. A 1h30 du concert, l’ambiance est joyeuse et déjà survoltée. Les olas s’enchaînent, les écrans géants diffusent les tubes du groupe et d’autres stars. La scène s’anime pour une première partie, accueillie avec enthousiasme : "5SOS" ("5 Seconds of Summer"). 4 jeunes Australiens, un peu plus rock que les 1D, qui n’hésitent pas à donner des couleurs punkies à certains de leurs titres néanmoins très propres sur eux.
Visage poupon et cheveux verts, Michael Clifford, 18 ans, guitariste et chanteur, démontre qu’il a bien écouté Green Day et fait bouillir le public. Un succès qui pourrait presque rendre jaloux les One D. Déjà à la tête d’un tube mondial ("She looks so perfect"), le groupe doit sortir son album à la fin du mois.
Le temps d’évacuer les dizaines de victimes de coups de chaud, et la sono prépare l’arrivée du groupe star. Bruno Mars, LMFAO… ou la Macarena… Le stade a des allures de boîte géante à ciel ouvert. Et les voilà ! La scène est immense, parcourue de nombreux praticables en pentes et d’une très longue avancée. Ça tombe bien, les One Direction ne cessent de marcher en chantant, seuls, en groupe, à la manière d’un défilé de mode. Du coup, il leur arrive de se retrouver vraiment très loin de leurs musiciens. Les stars dans le rond central, guitaristes, bassiste et batteur dans les buts.
Entrée en matière avec "Midnight Memories". Le public connaît chaque virgule de la chanson…. Et ce sera le cas durant 1h40. Cinq chanteurs et 60 000 choristes à tue-tête. Et des hurlements stridents entre chaque chanson. En termes de décibels, c’est sans doute le record du stade côté public. Le vendeur de produits dérivés grimace et ne cesse de réajuster ses boules Quies.
Le fond de scène numérique est très sophistiqué, alternant entre des gros plans des jeunes stars et des visuels spectaculaires et gentiment planants. Tous les deux ou trois morceaux, des feux d’artifice illuminent le stade. Le show est parfaitement rodé. Entre les tubes, les 1D parlent beaucoup. En anglais, la plupart du temps. Et parfois en français. Quitte à raconter tout ce qui leur passe par la tête, restes improbables d’un cours de français bien lointain. "Je fais du ski !", "J’adore la galette", ou "Je fais de la gymnastique"… Pas contrariant, le public hurle de plaisir à chaque fois. Et encore plus fort lorsque Niall, qui a enfilé un maillot du PSG, lance "Allez les Bleus" et fait le point sur le score de France-Suisse !
Tous les tubes y passent, forcément. De temps à autre, une séquence plus "acoustique", guitare et voix, rappelle que les anciens candidats d’X-Factor sont des musiciens très honorables. Après un seul et long rappel, les One-D s’éclipsent avec "Best song ever", laissant leurs fans dans un désespoir très provisoire. Car très vite, place aux commentaires. "C’était trop bien ! - Grave ! - J’n’oublierai jamais ça !" entend-on en boucle.
Dans un ou deux ans, beaucoup de ces ados seront sans doute passées à autre chose. Et le groupe lui-même ne durera pas éternellement, les boy's bands sont forcément éphémères. Mais au Stade de France, la fabrique à souvenirs a tourné à plein régime pour 60 000 ados. Et ça, ça n’a pas de prix.
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