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Le premier album de HER est un magnifique hommage à l'ami et un hymne à la vie
Deux ans déjà que le duo rennais Her fait monter le désir en égrenant les singles de soul pop aussi élégants que sensuels, ces "Quite Like", "Five Minutes", "Blossom Roses" ou "Swim". Marqué par la mort l'été dernier de son cofondateur, le chanteur et guitariste Simon Carpentier, leur premier album sort enfin. Splendide de bout en bout, il s'agit d'une bouleversante célébration de la vie.
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Profondeur pop
Alors que Simon Carpentier et Victor Solf travaillaient intensivement au premier album de Her, Simon perdait finalement son combat contre le cancer le 13 août dernier. Resté seul aux commandes, son complice Victor s'engageait dans un long message sur Facebook à terminer l'album et à emmener leur musique "le plus loin possible" pour honorer la mémoire de son ami.
Ces circonstances douloureuses n'empêchent pas cet album d'être lumineux. Loin de plomber leur musique, la lutte vitale de Simon a apporté au duo une force et une profondeur qui les distinguent des autres formations pop. D'ode à la féminité, comme Her se définissait au départ, la formation a évolué en hymne à la vie, les deux formant désormais la double hélice de son ADN.
Textes, compositions et production : le tandem a toujours tout fait lui-même. Leur son, ils y ont réfléchi dans le détail. A la fois électronique et organique. Intemporel et innovant si possible. Avec des voix de nature soul mais sans rien de rétro. Et des sonorités chaudes couplées à un sens aigu de l'épure et de l'espace - pensez respirations et silences, ponctués de claquements de doigts.
"Notre rêve c'était d'être ce groupe qui ferait la liaison entre la pop, la soul et le rap à la façon de Frank Ocean qui nous a beaucoup influencés", se souvient aujourd'hui Victor Solf. Mais de rap il n'y en sur cet album que sur un seul titre : "On & On", une critique des réseaux sociaux avec l'incontournable Roméo Elvis (dont le clip tout neuf est à voir ci-dessous).
Ces circonstances douloureuses n'empêchent pas cet album d'être lumineux. Loin de plomber leur musique, la lutte vitale de Simon a apporté au duo une force et une profondeur qui les distinguent des autres formations pop. D'ode à la féminité, comme Her se définissait au départ, la formation a évolué en hymne à la vie, les deux formant désormais la double hélice de son ADN.
Textes, compositions et production : le tandem a toujours tout fait lui-même. Leur son, ils y ont réfléchi dans le détail. A la fois électronique et organique. Intemporel et innovant si possible. Avec des voix de nature soul mais sans rien de rétro. Et des sonorités chaudes couplées à un sens aigu de l'épure et de l'espace - pensez respirations et silences, ponctués de claquements de doigts.
"Notre rêve c'était d'être ce groupe qui ferait la liaison entre la pop, la soul et le rap à la façon de Frank Ocean qui nous a beaucoup influencés", se souvient aujourd'hui Victor Solf. Mais de rap il n'y en sur cet album que sur un seul titre : "On & On", une critique des réseaux sociaux avec l'incontournable Roméo Elvis (dont le clip tout neuf est à voir ci-dessous).
Un album fluide mêlant anciens et nouveaux titres
La plupart des morceaux étaient déjà en boîte lorsque Simon a disparu. Seuls quelques titres restaient à enregistrer, notamment les deux bonus "Shuggie" et "Together", ainsi que "Icarus". L'album contient en outre quatre singles que les fans connaissent déjà, "Quite Like", "Five Minutes" (repris dans une publicité Apple), "Blossom Roses" et "Swim", extraits de leurs deux précédents EP, "Tape #1" et "Tape #2".
Victor souhaitait "un album très fluide qui puisse s'écouter de bout en bout". Mission accomplie : anciens et nouveaux titres s'enchaînent voluptueusement depuis le somptueux "We Choose" et son texte puissant évoquant ailes brisées et refus de mourir (en réalité le premier titre composé par Simon et Victor pour Her, comme il nous l'expliquait dans ce récent entretien), jusqu'à "For Him", version courte de "Hypnotise Me", une chanson de leur premier groupe The Popopopops. "Ce titre fait partie des grands moments de notre vie, les paroles sont magnifiques et j'avais envie de le reprendre pour lui rendre hommage", explique Victor.
Poignant mais tout en retenue
De fait, cet album subtil et dénué de pathos peut être vu comme un long hommage de bout en bout. Il est jalonné des bouleversants "Icarus", un titre écrit après la disparition de Simon dans lequel Victor, de sa plume toujours délicate, chante que son ami fait encore partie de lui, et "Good Night", une ample complainte doublée d'un saxophone expressif appelant à "ne pas perdre espoir". Sans oublier "Trying", bref éclat (57 secondes) de la toute dernière session studio de Simon, en mars 2017, dans lequel on l'entend se lâcher au micro sans entraves.
Souvent, Victor, resté seul au pilotage de ce premier album, s'est demandé ce qu'aurait fait Simon à sa place. En guise de réponse, sa seule ligne de conduite a été de rester sincère et fidèle à leurs valeurs, celle d'"un idéal de musique très pur". Tout en s'efforçant de "faire passer un message de vie, d'espoir et aussi de soul." Simon n'est plus là mais sa musique vivra. Depuis l'au-delà, il cosigne rien moins qu'un des grands albums de l'année.
Le premier album de HER sort vendredi 30 mars (Barclay)
Le premier album de HER sort vendredi 30 mars (Barclay)
Her part en tournée à partir du 4 avril à Rennes et passera notamment par Grenoble, Nancy, Strasbourg, Nantes, avec une halte à l'Olympia le 25 avril et plusieurs dates en Europe et en Amérique du Nord (toutes les dates ici).
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