De retour avec l’euphorique "Volcano", le duo britannique Jungle va faire danser la rentrée

De retour après seulement deux ans d'absence, le duo britannique de soul pop accélère le tempo avec ce quatrième album inventif et dansant qui renouvelle leur formule avec brio.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Tom McFarland et Josh Lloyd-Watson, musiciens, chanteurs et producteurs du groupe britannique Jungle. (ARTHUR WILLIAMS)

Jusqu’à présent, le duo britannique Jungle prenait son temps. Quatre ans exactement s’étaient écoulés entre chacun de leurs trois précédents albums depuis le premier, éponyme, paru en juillet 2014 et lauréat du prestigieux Mercury Prize. Cette fois, deux ans pile seulement séparent Loving in Stereo publié en août 2021 de ce nouvel album baptisé Volcano. Une hâte tout à fait bénéfique. Volcano renouvelle en effet avec brio la formule magique mise au point par Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland, qui mêle soul, funk, pop et disco d’une manière singulière. La rapidité d’exécution leur a fait gagner en spontanéité et c’est précisément ce qui leur faisait défaut jusqu’ici.

Un album qui exsude le plaisir


Mélodies efficaces, orchestrations sensuelles, voix suaves et chœurs soul, avec une tonalité rétro tempérée de clins d'œil modernes au hip-hop : dès leurs tout premiers morceaux, comme The Heat et Busy Earning, Jungle avait tout bon et nous faisait grimper aux lianes. Mais à l’usage, avait émergé chez eux un côté bon élève, ultra-léché. Otage de son propre succès, le duo semblait ne jamais s’autoriser l’accident, la prise de risque, le lâcher prise. Si bien qu’ils avaient fini par se répéter et, c’est un avis tout personnel, à nous lasser tout en conservant notre respect. Ce quatrième album nous apparaît de ce fait comme une divine surprise.

Volcano a été écrit sur la route, durant leur dernière tournée l'an dernier, puis enregistré dans un appartement loué à Los Angeles et enfin peaufiné à Londres. S’il se veut "explosif", cet album organique respire surtout le plaisir, l’absence d’arrière-pensées et les bonnes idées qui roulent toutes seules, à l’instinct, et visent juste. Les chansons ont gagné en simplicité et respirent, ce qui n’empêche en rien les innovations et la complexité. C’est donc pur bonheur d’écouter ces 14 petits bijoux variés où on les retrouve au mieux de leur forme, en mode joueur.

Jungle accélère le tempo et oublie le perfectionnisme


Le groupe, devenu un poil léthargique et tiède au fil du temps, accélère le tempo sur ce quatrième round. L’aspect explosif qui donne son titre à l’album se manifeste dès l’ouverture avec Us Against The World, une petite claque simple et ultra-vitaminée façon "call and response", qui réveille d’emblée. L’endiablé Holding On prend le relais, et avec sa scansion rap dérangée et ses clins d’œil à l’acid house, on comprend que Jungle a changé. D’autant que les deux têtes pensantes de Jungle continuent cette sarabande rigolarde en jouant plus loin comme des petits fous avec les filtres sur Don’t Play, à la manière des premiers titres de Daft Punk, dont ils sont de grands admirateurs.

Chanteurs, musiciens et producteurs accomplis, Josh et Tom s’amusent enfin. Pleinement. Et jettent le perfectionnisme aux orties sans crainte des jugements. "Jungle a toujours été fun mais aujourd’hui il sonne plus libre et plus spontané que jamais", analysait Josh Lloyd-Watson dans le NME en mars dernier. "Ce nouvel album a une énergie rapide et explosive", ajoutait-il. "Cela a toujours fait partie de nos personnalités mais nous avons longtemps eu du mal à l’injecter dans nos disques."

Une belle brochette d'invités à la fête


La vitalité et la variété de cet album passent aussi par la diversité des voix, souvent habilement distordues, et par la liste longue comme le bras d'invités montés à bord de ce bolide euphorique, parmi lesquels les rappeurs Erick The Architect, Roots Manuva et Bas, ainsi que le chanteur soul londonien JNR Williams et la prometteuse nouvelle voix de la house Channel Tres.

Non contents d’avoir retrouvé leur indépendance en montant leur propre label Caiola Records pour leur précédent album, Josh et Tom font tout eux-mêmes, des pochettes aux vidéos. Car l’aspect visuel compte beaucoup à leurs yeux, eux qui ont soigneusement tenu à éviter la surexposition en maintenant leurs visages en retrait (on ne les voit jamais sur les pochettes ni dans les clips). Réalisés par leurs soins, les clips mettent depuis toujours la danse au premier plan avec des danseurs remarquables et des chorégraphies hautement contagieuses. On peut rester des heures à regarder ces petites merveilles pleines de grâce et d’humour, souvent réalisées en plan séquence, capables de nous faire improviser un dance-floor dans n’importe quelle cuisine exiguë.

Ils passent cette fois à la vitesse supérieure puisque chaque morceau de Volcano sera accompagné d’un clip, tous liés par une histoire, l’ensemble formant un film. Pour le live, ils promettent de travailler à des concerts sans temps morts et plus intenses, "basés sur l’énergie et le mouvement". Jamais eu aussi hâte de les retrouver.

"Volcano" de Jungle (Caiola Records/ AWAL) sort vendredi 11 août 2023

Jungle sera en concert à Paris au 104 les 24 et 25 octobre 2023 et le 1er novembre à Nîmes (Paloma)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.