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Cinq questions à Balthazar, de retour avec "Fever", un quatrième album enjoué

Le célèbre quintet belge revient pour un quatrième album, quatre ans après leur dernier opus, "Thin Walls". Entretien avec Jinte B. Deprez, co-fondateur du groupe, qui nous éclaire un peu plus sur le retour du groupe après sa longue absence.
Article rédigé par Jules Boudier
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Balthazar en concert à Paris lors du Festival Fnac Live en 2016

Un soulagement pour les fans, puisqu’on depuis les aventures en solo des deux frontmen Maarten Devoldere ("Warhaus") et Jinte Deprez ("J.Bernardt") et surtout depuis le départ de la violoniste Patricia Vaneste qui donnait sa particularité au groupe, on pensait la formation belge définitivement enterrée. Mais Balthazar n’a pas dit son dernier mot. "Fever", qui sort le 25 janvier, annonce le début d’une grande tournée en Europe pour renouer avec les fans de ce grand groupe de pop-rock belge. Jinte Deprez nous explique ce nouvel opus, très différent de leurs albums précédents.

Jinte Deprez, alias J.Bernardt en concert au festival Dranouter en 2017
 (KRISTOF VAN ACCOM / BELGA MAG / BELGA)

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous retrouver pour créer "Fever" ?

Ça a toujours été l’objectif de se regrouper pour faire un autre album. On a fait nos projets solos pour sortir d’une routine qui devenait dangereuse pour notre cohésion. Il y avait clairement un danger de devenir trop prévisibles vis-à-vis de nous-mêmes. Ces projets, J. Bernardt pour moi et Warhaus pour Marteen, ont finalement pris plus de temps que prévu, grâce au succès inattendu qu'ils ont rencontré, ce qui est super en soi. Avec cette parenthèse solo, on avait plus de liberté pour essayer, explorer et innover. Le déclic a eu lieu lorsque je suis allé voir Warhaus et que Marteen et venu voir J. Bernardt. Nous étions vraiment impressionnés par nos travaux mutuels. Ce qui est drôle puisqu’on travaille ensemble depuis qu’on a 16 ans. Ça nous montrait qu’on pensait vraiment se connaître par coeur, artistiquement parlant, ce qui en vérité n’est pas le cas. Grâce à ça, on s’est rendu d’autant plus compte de l’importance d’avoir un groupe ensemble. Ça nous a poussé à nous regrouper, et nous a donné une nouvelle énergie, qui se traduit dans "Fever".

Cet album serait donc le fruit de vos expériences solo combinées ?

Bien sûr ! Beaucoup de gens disent qu’il est très influencé par J. Bernardt et Warhaus. Dans un sens, je dis qu’ils ont raison, mais en soi, J. Bernardt et Warhaus, c’est nous ! Mais bien sûr, comme je l’ai dit, on a tellement expérimenté en solo que, oui, forcément, "Fever" est une réaction à ces expérimentations. Travailler en solo, c’est un processus très différent par rapport au travail en groupe. Quand on s’est retrouvé ensemble dans le studio, ça a donné lieu à une énergie que l’on retrouve dans "Fever", plus énergique, plus groovy que nos précédents albums. Nous voulions sublimer cette énergie, et pour cela on a voulu innover, avec des instruments exotiques, plus de soul dans la voix, plus de rythmes funk, etc. A cela s'ajoutait la volonté de ne plus être le groupe mélancolique que nous étions avant, nous voulions être plus joyeux, plus entraînants, moins sérieux.

Pourquoi "Fever" ? Qu’est-ce qui a inspiré ce titre ?

C’est le titre d'une des chansons de l’album, déjà. Au début, on se disait que "Fever", c’était vraiment un gros cliché pop, et que ça le faisait pas vraiment comme titre. Mais "Fever", c’est aussi cette sensation d’excitation qui peut être bonne ou mauvaise. Et au fur et à mesure que nous réalisions cet album, nous nous sommes rendu compte que c’était le titre le plus adapté, puisque cette excitation y est très présente. C’est l’album le plus chaud et le plus énergique que nous ayons déjà fait, et le titre allait bien avec la "vibe" générale du disque. De plus, cet album est aussi plein de pensées éparses, c’est un album qui nous pousse à trouver la paix dans notre agitation personnelle, ce qui va plutôt bien avec cette notion de "fièvre".

Le départ de Patricia Vanneste : amputation où opportunité de renouveau ?

Les deux. Elle était là depuis le début. C’était quelque chose d’assez naturel, qu’elle quitte le groupe. C'est une décision qu’elle a prise après le dernier album de Balthazar,  pour des histoires de tournée en fait. Partir en tournée, ça prend beaucoup d’énergie et de temps, ça peut te bouffer la vie. Elle le fait depuis si longtemps qu'elle a décidé qu’il était temps d’arrêter, de faire autre chose. C’était parfaitement légitime de sa part. Aujourd’hui, elle fait de la musique et de la production de son côté, sur des choses plus calmes. On est toujours aussi potes en tout cas ! Mais il vrai que pour faire "Fever", on sentait qu’il nous manquait quelque chose, donc on a cherché parmi nos amis musiciens, et on a trouvé Tijs Delbeke, qui avait joué avec Warhaus. Il peut jouer tous les instruments, c’est un grand talent, donc on l'a choisi pour prendre sa place. Mais on ne voulait pas "remplacer" Patricia, tout simplement parce que c’est impossible. Cela nous a cependant permis de créer un nouveau collectif, d'innover, et de changer notre configuration sur scène. En tout cas, Tijs est bien à sa place et la vibe pendant les répétitions est super, ce qui promet pour les concerts, puisque "Fever" est un album fait pour être joué en live.

Est-ce que "Fever" est une retrouvaille spontanée de Balthazar avant de retourner à vos projets solos ? 

On n’a pas d'agenda fixé pour l’instant. Le fait que nous ayons fait des projets solos en disent long sur nous. Nous ne sommes pas des musiciens qui veulent rester dans un même groupe à jamais. Notre objectif est de faire de la musique, beaucoup de musique. Et changer de groupe, faire du solo, ça permet de changer de perspective. Certes, la musique n’est pas forcément très différente entre Balthazar, J. Bernardt et Warhouse, mais les processus créatifs entre Balthazar et nos projets solos ne sont pas du tout les mêmes, et nous ça nous fait du bien. Disons que le plus important pour nous, c’est de ne pas tomber dans l’ennui et la routine. Donc pour les prochaines années, on va sûrement faire du va-et-vient entre Balthazar et nos projets solos. En tout cas, rassurez-vous "Fever" ne sera pas le dernier album de Balthazar !
Couverture de "Fever" par Balthazar

L'album de Balthazar "Fever" (PIAS) sort le 25 janvier 2019, et Balthazar sera en tournée dans toute l'Europe de février à avril.

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