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Pink Floyd peut-il réussir son retour sans Roger Waters, ni LSD ?

Le légendaire groupe britannique prépare un album dont la sortie est prévue au mois d'octobre.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
David Gilmour, guitariste de Pink Floyd, lors d'un concert caritatif, à Hyde Park, à Londres (Royaume-Uni), le 2 juillet 2005. (JOHN D MCHUGH / AFP)

Ils entrent désormais dans la catégorie "papys du rock". Pink Floyd n'a pas enregistré un album depuis 20 ans, ses membres (au moins) sexagénaires se sont assagis et ont pris du ventre. Pourtant, alors que The Division Bell, sorti en 1994, vient de ressortir pour son anniversaire, le mythique groupe confirme lundi 7 juillet, sur sa page Facebookpréparer un album baptisé The Endless River et prévu pour octobre. C'est l'épouse du guitariste David Gilmour qui a révélé le projet, suivie par une choriste. Les fans s'excitent, la page Wikipédia est mise à jour, et des internautes prétendent déjà détenir des extraits, partagés sur YouTube

Mais Pink Floyd, qui, dans les années 1970, "était le groupe préféré des matheux, des grandes sœurs baba cool et des vendeurs de chaînes hi-fi", rappellent Les Inrocks, peut-il vraiment réussir son retour, 40 ans plus tard ?

Oui, Pink Floyd a déjà vécu plusieurs vies

Pourquoi pas une de plus ? Emmené de 1966 à 1968 par un Syd Barrett rapidement détruit par sa consommation de LSD, Pink Floyd aurait pu s'autodétruire. La détermination de Roger Waters l'a sauvé. Sous son impulsion, le groupe atteint la gloire. C'est la grande époque d'Atom Heart Mother (1970), du culte Dark Side of the Moon (1973), du succès Wish You Were Here (1975) jusqu'au blockbuster The Wall (1979). 

La mégalomanie du leader pousse l'ensemble à se déchirer, au milieu des années 1980, après la sortie de The Final Cut (1983), au titre faussement prémonitoire. Mais une fois Roger Waters parti, le trio David Gilmour-Richard Wright-Nick Mason continue d'écrire l'histoire du rock progressif, et parvient à nouveau à se hisser tout en haut des ventes d'albums, en 1994, avec The Division Bell, dernier en date de Pink Floyd.

Non, ce n'est plus vraiment Pink Floyd

Que reste-t-il de Pink Floyd en 2014 ? Des fans divisés. Si on laisse de côté les auditeurs restés bloqués au stade du tube Another Brick in The Wall, qui ignorent l'histoire du groupe, la communauté de fans hardcore est déchirée. Il y a d'abord le puriste, adorateur de la folie de Syd Barrett, "excité par la sortie d'un nouvel album", mais qui "n'en attend pas grand-chose".

Vient ensuite l'amoureux du long règne de Roger Waters. Sans lui, est-ce encore Pink Floyd ? Non, évidemment.

En effet, après la mort de Syd Barrett en 2006 et celle de Richard Wright en 2008, il ne reste de Pink Floyd que le guitariste David Gilmour et le batteur Nick Mason. Roger Waters, qui était le principal parolier, préfère jouer en solo.

Oui, grâce à des titres enregistrés il y a 20 ans

Polly Samson, parolière et épouse de David Gilmour, révèle que The Endless River sera "basé sur des sessions de 1994", effectuées pendant l'enregistrement de The Division Bell. Ce sera "le chant du cygne" de Richard Wright, écrit-elle sur Twitter. Le claviériste, grâce à ses envolées d'orgue et ses mélodies épurées, était "l'âme-son" du groupe, comme l'écrivait Libé à sa mort.

La présence de sa patte sur The Endless River rassure en partie les fans. "Cette promesse pour le mois d'octobre est présentée comme un hommage à Richard Wright, plus que comme un véritable retour, il n'y a donc pas de doute sur sa légitimité", estime Aymeric Leroy, auteur de Pink Floyd : plongée dans l'œuvre d'un groupe paradoxal (Ed. Le Mot et le reste, 2009).

Non, surtout pas avec des titres enregistrés il y a 20 ans

En 1994, le groupe avait laissé entendre qu'un double album instrumental pourrait suivre. Le projet était resté dans les tiroirs, sans que l'on en connaisse les raisons. Alors, est-ce bien raisonnable de sortir un disque avec des instrumentaux laissés de côté et avec 20 ans de retard ? Rien n'est moins sûr, d'autant qu'à sa sortie, The Division Bell avait déjà été détruit par la critique. Le journaliste spécialisé Sophian Fanen s'en souvient et s'en amuse, sur Twitter.

"Comme la plupart des albums de groupes reformés après une longue absence, l'album prétendait retrouver l'esprit d'origine du Floyd, mais n'y parvenait pas", analyse Aymeric Leroy. De mauvais augure pour l'un des albums vite devenu l'un des plus attendus de 2014 ? "Se renouveler 20 ans après est difficile ; tout le monde n'est pas David Bowie", ajoute le spécialiste.

Oui, commercialement, ça marche

Il suffit de compter les rééditions des albums de Pink Floyd "sous forme de coffrets-gadgets sans le moindre titre inédit", précise Aymeric Leroy, quand ils ne sont pas simplement remasterisés. Sept objets de ce genre sont déjà sortis en 2014, selon le site discogs, ce qui vaut au groupe d'être accusé de flatter sa base commerciale de fans.

L'annonce est d'ailleurs arrivée quelques jours après la sortie d'une édition d'anniversaire de The Division Bell. Dans ce coffret : des CD, des vinyles, un disque Blu-ray et des tirages photos. "On pouvait se demander pourquoi ces 'chutes' des sessions enregistrées en 1993-1994 n'apparaissaient pas dans ces coffrets, voilà la réponse", constate Aymeric Leroy. Des impatients ont déjà crée un tee-shirt pour célébrer la sortie de l'album, qui n'est pourtant pas confirmée par la maison de disques, ni par les principaux intéressés.

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