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Où sont les compositrices de musique de films ? Le podcast et les soirées "Cherchez la Femme" posent la question

La chanteuse du groupe L'Impératrice, Flore Benguigui, autrice du podcast "Cherchez la Femme" sur Tsugi Radio, lance des soirées mensuelles pour mettre en valeur les femmes du monde de la musique. La première soirée s'est tenue sur le thème du manque de représentation des compositrices de musique de films.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Flore Benguigui, chanteuse du groupe L'Impératrice et autrice du podcast "Cherchez La Femme", organise désormais des soirées mensuelles "Cherchez La Femme" à La Petite Halle dans le Parc de La Villette à Paris. (THIBAUD LARRIEU-GIBIER)

"On connaît John Williams ("E.T", "Star Wars"), mais qui peut citer une compositrice de musique de film ?": Flore Benguigui, chanteuse du groupe L'Impératrice, pose la question dans son podcast Cherchez la Femme diffusé chaque dernier vendredi du mois sur le média en ligne Tsugi Radio, un podcast qui entend mettre en lumière et en valeur les femmes, grandes oubliées du monde et de l'histoire de la musique.

En ce début d'année, Flore Benguigui va plus loin et lance des soirées mensuelles Cherchez la Femme à La Petite Halle dans le Parc de la Villette (Paris 19e), pour "créer du lien entre toutes ces femmes dans la vraie vie" et permettre aux professionnelles de se créer un réseau. La première soirée, en version table ronde en public, avec mini-concerts de musiciennes, DJ sets 100% féminins et dégustations de vigneronnes, s'est tenue le 26 janvier avec pour thématique le manque de représentation des compositrices de musique de films.

A ce sujet, Flore Benguigui a sorti des limbes dans son podcast Angela Morley, femme trans (née homme, alors Walter "Wally" Stott), restée dans l'ombre de John Williams en tant qu'orchestratrice, c'est-à-dire compositrice en second, pour Star Wars, E.T. et Superman. Ou encore Shirley Walker, dont le travail sur le Batman de Tim Burton est relégué au second plan derrière celui de Danny Elfman. 

Les réalisateurs "choisissent leurs doubles" pour composer leurs bandes originales


Durant la soirée inaugurale du 26 janvier, le thème a été abordé avec trois compositrices de musique de films, Uèle Lamore, Anne-Sophie Versnaeyen et Julie Roué. "Entre 2012 et 2021, la musique originale de 37 projets soutenus par le CNC est strictement composée par des femmes, soit 6,7 % de l'ensemble des projets aidés", selon un rapport du Centre national du cinéma et de l'image animée de 2022. Et cette année, une seule femme (contre cinq hommes) est nommée aux César pour la Meilleure musique originale : il s'agit de la productrice de musique électronique Irène Dresel.

"Les hommes sont assez forts pour se fédérer" constate Anne-Sophie Versnaeyen, qui trouve cependant des exceptions, comme avec Nicolas Bedos, pour qui elle a composé plusieurs musiques comme celle de La Belle Epoque. "Les hommes choisissent leurs doubles, pour les compositrices il y aussi une identification plus évidente avec les réalisatrices", nuance Julie Roué, autrice de la B.O. d'Une femme du monde de Cécile Ducrocq, film avec Laure Calamy. "Nous, les femmes, n'avons pas eu cet apprentissage des mecs qui disent je veux mon nom sur le générique" déplore Uèle Lamore qui a signé la B.O. du film d'Aïssa Maïga Marcher sur l'eau, sorti en 2021. L'invisibilisation des compositrices de B.O. est en effet une autre partie du problème.

Le flyer de la première soirée "Cherchez la Femme" consacrée aux compositrices de musique de films, le 26 janvier 2023 à Paris. (TSUGI RADIO)

Si Uèle Lamore prône l'instauration de "quotas" lié à l'attribution de subventions, Julie Roué agit de son côté au sein de Troisième autrice, un groupe Facebook devenu une association de compositrices de musique à l'image, qui organise des tables rondes sur des "sujets comme la maternité, l'argent, les contrats, ces petits tabous pour les femmes". Le but est "d'armer les jeunes compositrices" de B.O. "pour qu'elles gagnent du temps". "Dans les festivals, quand je suis interviewée par les journalistes, la question qu'est-ce que ça fait d'être une femme ici? prend la place d'une autre question, alors que j'aurais pu parler de mon travail", illustre-t-elle.

La prochaine soirée de Cherchez la femme est prévue le jeudi 23 février et sera consacrée aux ingénieures du son. Rendez-vous de 19h à minuit à La Petite Halle, 211 avenue Jean-Jaurès 75019.
Le podcast de Flore Benguigui soutenu par la Sacem est à écouter sur Tsugi Radio par ici

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