"Un piano dans la montagne" : à Bayonne, un "Carmen" de Georges Bizet condensé et revisité, entre musique et théâtre
C'est l'opéra français le plus joué au monde et l'un des plus populaires du répertoire lyrique : Carmen de Georges Bizet, créé en 1875, a connu une multitude d'interprétations. À Bayonne, la metteuse en scène Sandrine Anglade parie sur une nouvelle version audacieuse. Son spectacle, Un piano dans la montagne, réunit le chant, le théâtre et la musique dans une formule resserrée autour des personnages principaux.
Le rôle de toute une vie
Sur le plateau du théâtre Michel Portal, la mezzo-soprano Manon Jürgens répète sa partition entourée des autres artistes. "L’amour est enfant de Bohème...", une mélodie reconnaissable entre toutes qui prend une toute nouvelle dimension pour la jeune artiste. "C'est un challenge, le rôle de toute une vie ! C'est une œuvre qui est très populaire, tout le monde l'a dans l’oreille, mais en même temps, il faut pouvoir proposer sa propre version de Carmen", confie-t-elle.
Figure de femme libre dans un monde d’hommes au XIXe siècle, ce personnage s'inscrit dans une histoire de désir et de violence où l’amour mène à la mort. Le drame de Carmen est resserré ici sur la psychologie des personnages et sur la confrontation entre le collectif et l’individu, parce que Carmen est à la fois une histoire intime et sociale. "Mon approche a donc aussi été de questionner sa personnalité entre les figures masculines de Don José et Escamillo. Sa mort n’est pas un féminicide. C’est une 'ouverture' qui témoigne d’une façon de vivre sa liberté jusqu’au bout. Carmen guide elle-même son propre destin", explique Sandrine Anglade.
Quatre pianos sur scène
La metteuse en scène a choisi d'adapter le drame de Bizet dans une forme plus épurée et intimiste que l'original. Elle souhaite ainsi créer une sorte de complicité avec les spectateurs. "J'avais envie d'amener à l'opéra des gens qui n'ont pas l'habitude de s'y rendre et aussi de faire découvrir à un public de théâtre l'opéra que l'on peut penser parfois grandiloquent", précise-t-elle.
Grâce à la transcription pour quatre pianos de Clément Camar-Mercier, Sandrine Anglade a réuni une distribution de dix interprètes qui jouent et chantent l'histoire de Carmen. Toute l'orchestration a été revue dans une mise en scène qui n'hésite pas à casser les codes de l'opéra. Ici, la musique fait partie intégrante de l'intrigue, les quatre pianos complètement ouverts et mobiles mettent en valeur toute la puissance de la musique de Bizet. "Normalement à l'opéra, l'instrument est dans une fosse, mais là, on est sur scène", explique le pianiste Nikola Takov. Durant deux heures, Un piano dans la montagne est à la fois percutant et flamboyant et promet beaucoup de surprises pour les spectateurs.
Coproduit par l'Opéra de Limoges et la Scène nationale du Sud-Aquitain, "Un piano dans la montagne" est présenté au théâtre Michel Portal jusqu'au vendredi 24 novembre. Il part ensuite en tournée dans toute la France.
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