"Red Waters", un opéra flamboyant et délicat signé Arthur Nauzyciel et Keren Ann
Dernières répétitions en public pour Red Waters, véritable opéra rock moderne qui s’installe sur la scène de l’Opéra de Rennes avec son univers gothique et mélancolique.
Proposé du 28 janvier au 4 février à l’Opéra de Rennes, Red Waters nous plonge dans l’histoire d’un jeune homme qui revient dans son village natal. Dans ce lieu coupé du monde nommé Red Waters, le vin dont s’abreuvent les habitants a remplacé l’eau des rivières. Une histoire d’amour va naître entre le jeune homme et une habitante. Tous deux ignorent qu’ils sont en fait des jumeaux séparés à la naissance. Leur passion interdite va bousculer les non-dits qui pèsent sur cette étrange communauté.
À quelques jours de la première, le public a pu assister aux dernières répétitions.
Une recréation
Cet opéra a déjà été créé et monté en 2011 à Rouen par le metteur en scène Arthur Nauzyciel. En 2009, il avait proposé à la chanteuse et compositrice française (d'origine israélienne et néerlandaise) Keren Ann Zeidel et au musicien islandais Barði Jóhannsson qui forment ensemble le duo Lady & Bird, d’écrire le synopsis d’un opéra. Ils s'attèlent au projet avec un autre Islandais, le poète Sjón (qui est aussi parolier de Bjork et Radiohead) et imaginent un opéra en six scènes autour de l'histoire de ce village reclus où se perpétuent d'étranges rituels.
Dix ans plus tard, le spectacle est recréé pour correspondre davantage à l’esprit d’aujourd’hui, avec une nouvelle distribution vocale, musicale et chorégraphique qui rassemble l’Opéra de Rennes, le Théâtre National de Bretagne (dont Arthur Nauzyciel est le directeur) et l’Orchestre National de Bretagne dirgé par Nicolas Agullo. Le spectacle a évolué : l'orchestre étant plus grand, il y a davantage de musiciens sur scène, ce qui a permis d’élargir la partition. Mais ni la composition ni l’écriture n'ont changé.
Inventer un monde
Chant danse, théâtre... le spectacle est total, avec un beau travail sur les décors (de Riccardo Hernández), les lumières (Scott Zielinski) et les costumes (Gaspard Yurkievich). "Il a fallu inventer un monde, explique Arthur Nauzyciel, et s'emparer des codes de l'opéra tout en les faisant bouger. Keren Ann et Barði Jóhannsson ont réussi à s'affranchir de la rigidité de l'opéra en gardant sa structure mais pas forcément la forme. Ils ont aussi demandé aux chanteurs lyriques d'être dans des voix plus simples et plus retenues, avec une vraie place laissée au Chœur de chambre Mélisme(s)".
Autre rôle important, celui laissé aux chorégraphies signées Damien Jalet : les trois danseuses incarnent trois personnages de nymphes, très actives et présentes dans l'histoire.
Pour le metteur en scène Arthur Nauzyciel, tout cela donne "une profondeur qui s'exprime avec quelque chose de très léger, de très doux et délicat. Cette mélancolie est soutenue par un récit qui parle de comment une génération peut s'affranchir d'une autre, comment on subit des choses qui sont reproduites sans qu'on sache pourquoi et ce qu'on peut faire pour s'en libérer".
"Red Waters" à l'Opéra de Rennes. Durée : 1h20. Opéra chanté en anglais et surtitré. À partir de 12 ans. De 4 à 40 €. Les dates : vendredi 28, samedi 29 et lundi 31 janvier 2022 à 20h, mardi 1er, jeudi 3 février et vendredi 4 février 2022 à 20h.
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