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Opéra de Paris : avec la grève, une saison 2020-2021 riche mais amputée

La grève de plus d'un mois et demi - qui continue par intermittence - a provoqué l'annulation par l'Opéra de Paris de 85 représentations depuis le 5 décembre 2019, soit des pertes de 16,4 millions en billetterie selon le dernier chiffre de l'institution

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
L'Opéra de Paris le 15 septmebre 2019 (FRÉDÉRIC SOLTAN / CORBIS NEWS)

La grève à l'Opéra de Paris contre la réforme des retraites, par sa durée historique, a handicapé la prochaine saison, pourtant foisonnante : deux productions, un opéra et une création mondiale de ballet ont dû être annulées.

Son directeur général Stéphane Lissner a dû amputer la saison 2020-2021 - sa sixième et dernière avant l'arrivée d'Alexandre Neef - d'une nouvelle production de Jenufa, opéra de Janácek qui aurait dû être monté par le metteur en scène Krzysztof Warlikowski, et de l'adaptation de Le Rouge et le Noir de Stendhal en ballet par le chorégraphe français Pierre Lacotte. Une production qui devait figurer dans la programmation d'Alexandr Neef à partir de septembre 2021 a été écartée.

L'Opéra et la Comédie-Française sont les seules institutions culturelles dotées d'un régime spécial de retraite. Celui de l'Opéra est l'un des plus anciens de France, puisqu'il date de 1698, sous Louis XIV. Artistes et techniciens le défendent, arguant de la pénibilité de leur métier.

Marina Abramovic à l'Opéra

La nouvelle saison s'annonce cependant très riche. Parmi les nouveaux spectacles, une production attendue en septembre de la performeuse serbe Marina Abramovic intitulée 7 deaths of Maria Callas, un patchwork de scènes de différents opéras où a excellé la diva, comme Carmen, Tosca ou Norma. Coproduite avec quatre autres maisons d'opéras (la première mondiale sera en avril à Munich), cette performance par Abramovic elle-même sera accompagnée d'une vidéo où apparaîtra l'acteur Willem Dafoe, et d'une musique de Marko Nikodijevic.

Après Trompe-la-mort d'après Balzac, et Bérénice d'après Racine, Stéphane Lissner fait une nouvelle commande qui puise dans la littérature française : Le Soulier de Satin d'après Paul Claudel, avec une musique signée Marc-André Dalbavie et la mise en scène de Stanislas Nordey.

Parmi les joyaux revisités du répertoire, une nouvelle production de l'opéra Aïda de Verdi, montée par la jeune metteure en scène hollandaise Lotte de Beer et avec une distribution cinq étoiles (Elina Garanca, Sondra Radvanovsky, Jonas Kaufmann, Ludovic Tézier).

Daniel Barenboim retrouve l'Opéra de Paris

Une nouvelle version du Faust de Gounod, mise en scène par l'Allemand Tobias Kratzer, avec le ténor français qui monte, Benjamin Bernheim, mais aussi le Russe Ildar Abdrazakov comme Méphistophélès et la star albanaise Ermonela Jaho comme Marguerite.

La Dame de Pique de Tchaïkovski sera revisitée par le trublion russe Dmitri Tcherniakov, avec à la baguette Daniel Barenboim. Un évènement en soi puisqu'il marque le retour du grand chef d'orchestre israélo-argentin, qui n'a pas dirigé un concert à l'Opéra depuis les années 80, lorsqu'il a été limogé par Pierre Bergé comme premier directeur artistique de Bastille.

La saison verra la suite du très attendu Ring de Wagner, dont le premier opéra, "L'Or du Rhin" débute en avril. De nombreux opéras de l'ère Lissner seront repris, de Carmen à Tosca en passant par l'Elixir d'amour.

Retour du ballet "Notre-Dame"

Côté danse, les 154 danseurs du Ballet de l'Opéra, qui ont organisé des happenings médiatisés durant la grève, affronteront une saison très éclectique, dominée par le contemporain.

Est programmé un seul grand ballet académique du 19e siècle, La Bayadère dans la version de Noureev. Du 20e siècle, c'est le retour de Roméo et Juliette, également dans la version de Noureev, et une reprise de Notre-Dame de Paris du chorégraphe français Roland Petit (des soirées d'hommage lui sont également consacrées avec ses ballets le Jeune Homme et la Mort, Carmen et le Rendez-vous).

Côté création, une nouvelle version de Shéhérazade signée Sidi Larbi Cherkaoui et un nouveau L'Après-midi d'un faune de Sharon Eyal. Des pièces du maître de la danse contemporaine Jiri Kylian et du grand chorégraphe britannique Frédérick Ashton, ainsi que "Sadeh21" d'Ohad Naharin feront leur entrée au répertoire. La compagnie invitée est Peeping Tom, collectif de danse-théâtre installé à Bruxelles.

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