Maria Callas aurait cent ans cette année : retour sur les moments marquants de sa carrière
À l'occasion du centenaire de sa naissance, retour sur les grandes dates qui ont marqué la vie de l'artiste grecque couramment appelée "la Callas". La diva demeure encore au XXe siècle l'une des artistes lyriques les plus célèbres.
France Télévisions fête ce centenaire par une soirée hommage sur France 5, le vendredi 8 décembre. Fauteuils d’orchestre est consacré à la star depuis le Palais Garnier avec Sondra Radvanovsky, Fanny Ardant, Marie-Agnès Gillot, puis un gala avec Sondra Radvanovsky, Eve-Maud Hubeaux, Pretty Yende, Kate Lindsey et la pianiste Florence Boissolle, et pour finir la soirée un documentaire sur les années grecques de la diva : « Mairi, Marianna, Maria : les années grecques inconnues de la Callas ».
1947 : Maria Kalogeropoulos devient la Callas
Alors que la jeune soprano américaine d'origine grecque a fait ses débuts professionnels en 1941 à l’Opéra national d'Athènes, le 2 août 1947, en Italie, dans les imposantes arènes de Vérone, le rideau tombe sur le dernier acte de La Gioconda de Ponchielli dirigé par le chef Tullio Serafin, véritable mentor de Maria Callas : l'ovation qui s'élève salue la naissance d'une étoile. Aussitôt le phénomène se reproduit dans nombre de scènes lyriques italiennes, comme à la Fenice de Venise (pour Tristan et Isolde de Wagner) et surtout au Teatro de Florence où elle interprète pour la première fois son rôle phare de la Norma de Bellini. C'est également en cette année 1947 qu'elle rencontre Gian-Battista Meneghini, un industriel passionné de bel canto de 28 ans son aîné, qui devient son imprésario et l'épouse en 1949.
1951 : à la Scala de Milan, temple du lyrique
Bien qu'elle ait déjà chanté à la Scala de Milan en 1950 en remplaçant Renata Tebaldi dans Aida de Verdi (la célèbre rivalité - encouragée par la presse - avec cette autre étoile de l'opéra viendrait de cet moment), la Callas fait ses vrais débuts dans le temple italien de l’art lyrique le 7 décembre 1951 dans Les Vêpres siciliennes de Verdi. La Scala deviendra son antre, écrin de productions illustres (de Luchino Visconti à Franco Zeffirelli), et dirigées par des stars telles Herbert von Karajan, Carlo Maria Giulini ou encore Victor Sabata qui y enregistre notamment une mémorable Tosca, référence absolue dans la discographie de la Callas. Prima donna assoluta, celle-ci va ouvrir six fois la saison de la Scala et s'y produira pour la dernière fois en 1962.
1954 : la Callas se mue en diva absolue
En 1954, c'est une nouvelle Maria Callas qui chante La vestale de Spontini à la Scala. Au terme d'un régime drastique entamé un an plus tôt, elle perd 30 kg et se mue en diva absolue, se produisant dans les plus grands opéras, sans ménager sa voix. Sa perte de poids aura un impact sur sa voix, mais contribuera à sa présence sur scène et fera tache d'huile. "Depuis qu'elle a obligé l'opéra à se souvenir qu'il était aussi une manifestation théâtrale, les défilés de chanteurs ventripotents et de cantatrices rondelettes venant pousser leur air sur le devant de la scène ne sont plus acceptables", écrira l'AFP au moment de sa mort.
1958 : le scandale de Rome
Le 2 janvier 1958, Maria Callas ouvre la saison de l'opéra de Rome, en présence du président de la République italienne. À la fin du premier acte de Norma, elle affirme avoir perdu sa voix et refuse de poursuivre. La direction dénonce un caprice de l'ombrageuse diva, alors que quelques sifflets jaillissent du "poulailler" pendant un de ses airs. Quelques instants plus tard, elle s'explique "avec volubilité" devant la presse : "À la fin du premier acte, je suis devenue aphone. Comme vous pouvez le constater, je ne peux plus parler". Le 16 janvier à Paris, c'est une diva "épuisée et fourbue" qu'un journaliste de l'AFP interroge dans l'ambiance morose d'un salon particulier chez Maxim's : "J'ai beaucoup souffert le soir de Rome", lui confie-t-elle.
1959 : Onassis, son grand amour
En 1959, après dix ans de mariage avec Meneghini, Maria Callas rencontre l'armateur grec Aristote Onassis et se sépare de son mari. Suivent neuf années d'un amour passionné. "Tard dans la nuit, on pouvait le voir, avec la Callas, dans une taverne athénienne où, ayant ôté sa veste et dénoué sa cravate, il couvrait l'orchestre d'or et cassait, suivant l'usage grec, des piles d'assiette", racontera plus tard l'AFP. L'idylle prend fin en 1968, quand l'armateur épouse Jackie Kennedy.
1965 : les adieux à l'opéra
En 1965, la diva fait ses adieux à l'opéra. Le 20 février, elle triomphe à Paris dans Tosca de Puccini. Le journaliste de l'AFP témoigne de la ferveur du public pour la cantatrice "plus sensible que jamais, même si elle manque parfois d'ampleur". "Dès qu'elle est apparue dans l'église du premier acte, en robe rose, couverte d'une vaste écharpe tango, les bras chargés de fleurs, les applaudissements furent tels qu'ils couvrirent la musique et que les premières répliques furent inaudibles", écrit-il. Le 29 mai, elle fait un malaise à la fin du troisième acte. Le 5 juillet, "malgré les conseils de son médecin", elle monte une dernière fois sur scène à Londres devant Elisabeth II.
1973 : l'ultime retour
En 1973, elle entame une ultime tournée internationale de récitals. À Paris, "les bouquets pleuvent sur la scène, accompagnant les ovations et les Viva Maria", mais les critiques sont "moins enthousiastes". "Si la technique, la musicalité de la voix ne sont pas en cause, les aigus sont jugés particulièrement pénibles", relate l'AFP.
1977 : son dernier soupir
Le 16 septembre 1977, Maria Callas meurt à son domicile parisien d'une crise cardiaque, à l'âge de 53 ans. "Je viens de la voir sur son lit. C'était l'image même de La Traviata telle qu'elle a jouée en 1956 à la Scala de Milan. Son visage n'a pas une ride. Elle a l'air de se reposer", témoigne Michel Glotz, son ancien directeur artistique.
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