"La Traviata" : Violetta, star des réseaux sociaux, revient à l’Opéra Bastille

Le metteur en scène australien Simon Stone continue de donner un coup de jeune aux classiques. Sa "Traviata" est résolument moderne et "sa" Violetta, une influenceuse. Un triomphe à l’Opéra Bastille.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Nadine Sierra en Violetta dans "La Traviata" à l'Opéra Bastille le 18 janvier 2024. (VAHID AMANPOUR / ONP)

Les applaudissements n'ont pas arrêté de tout le spectacle. À la fin de chaque solo, notamment de Violetta, mais aussi de Germont, père et fils, la salle explose. Le public ne boude pas son plaisir. La Traviata, version Simon Stone, est résolument moderne.

L’histoire se déroule aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux, de l’image et de la surconsommation. Violetta, incarnée par une Nadine Sierra inspirée qui insuffle une passion et une élégance admirables à son personnage, est happée par son smartphone. Elle partage tous les moments de sa vie avec ses millions d’abonnés. Jusqu’au moindre détail. Violetta est une star des réseaux sociaux. Elle voit sa vie comme une fête non-stop, arrosée de champagne et enflammée par des désirs éphémères. Elle ne vend pas son corps comme dans La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, à l’origine de l’opéra de Verdi, mais sa vie, son intimité.

Une influenceuse sous influence

Violetta évolue dans un décor qui évoque donc la domination de l’image et la dictature du bonheur, grâce à un plateau tournant qui accompagne les moments forts. Le metteur en scène australien Simon Stone continue de donner un coup de jeune aux classiques. C’est donc dans le Paris d’aujourd’hui que Violetta Valéry finit par succomber aux charmes et céder à la persévérance d’Alfredo Germont, interprété par un René Barbera convaincant. Atteinte d’un cancer, la demi-mondaine souffre et voit ses forces décliner. Alfredo, lui, loin d’être victime du paraître, lui voue un amour inconditionnel.

Une image de "La Traviata" à l'Opéra Bastille le 18  janvier 2024. (VAHID AMANPOUR / ONP)

La prestation de Nadine Sierra est impressionnante. La soprano américaine, qui a déjà interprété Violetta au Metropolitan Opera de New York, séduit par son jeu, sa présence, et sa voix cristalline qui va chercher très haut les aigus. Elle est passion, fougue, élégance. Elle est rongée par le remords, par la mort. Violetta est bouleversante de vérité. Le public lui a réservé un triomphe. Autre prestation remarquée : celle de Ludovic Tézier en Giorgio Germont, père sensible aux conventions sociales et aux traditions. Le baryton parvient à donner une autre version de son personnage : un père à la fois décidé et tiraillé par ses choix.

Une image de "La Traviata" à l'Opéra Bastille le 18 janvier 2024. (VAHID AMANPOUR / ONP)

La direction musicale de Giacomo Sagripanti est subtile et sensible. Le chef d’orchestre italien ainsi que l’Orchestre de national de Paris ont, eux aussi, été longuement ovationnés par le public. La Traviata, version Simon Stone, ne cesse de séduire. Et de triompher.

Fiche technique

Titre : La Traviata

Musique : Giuseppe Verdi

Livret : Francesco Maria Piave

Mise en scène : Simon Stone

Distribution : Nadine Sierra, Kristina Mkhitaryan, René Barbera, Ludovic Tézier, Marine Chagnon, Cassandre Berthon, Maciej Kwaśnikowski et Alejandro Baliñas Vieites.

Durée : 3h05 avec 2 entractes

Langue : italien

Surtitrage : français/anglais

Lieu : Opéra Bastille, place de la Bastille, 75012 Paris

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