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"L'opéra ? C'est un métier de jeunes !" : la mezzo-soprano Stéphanie d'Oustrac est la marraine de "Tous à l'opéra !"

Du 5 au 7 mai 2023 se tient la 16e édition de "Tous à l'opéra !", une opération portes ouvertes pour inciter le public à se rendre à l'opéra. L'occasion de poser six questions à la marraine de l'évènement, la célèbre mezzo-soprano Stéphanie d'Oustrac.
Article rédigé par Arthur Ponchelet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La mezzo-soprano Stéphanie d'Oustrac lors du filage de "La Voix Humaine" de Poulenc à l'Athénée. (DELALANDE RAYMOND/SIPA / SIPA)

Entrer à l'opéra et en découvrir l'envers du décor. C'est la promesse de "Tous à l'opéra !", une vaste opération portes ouvertes pour attirer plus de public dans les salles. Du 5 au 7 mai 2023, de multiples ateliers, visites et autres représentations sont organisés dans 29 maisons d'opéra en France. Stéphanie d'Oustrac, mezzo-soprano française de renommée internationale est la marraine de l'évènement. 

Franceinfo Culture : Qu’est-ce que l’opération "Tous à l’Opéra !" ?

Stéphanie d'Oustrac : Pendant trois jours, les maisons d’opéra ouvrent leurs portes gratuitement. On peut découvrir l’envers du décor : les costumes, la technique, la scénographie… Il y a aussi plein d’activités qui sont prévues. Par exemple, à l’Opéra de Rennes, la ville où j’enseigne, je vais faire un  concert vendredi 5 mai pour lancer l’opération. Avec mes étudiants, on a concocté un petit medley. Ce sera aussi l’occasion d’échanger avec le public, les sonder sur ce dont ils ont envie, quelle est leur expérience… L’objectif, c’est de mieux faire connaître l’opéra, mais sans le désacraliser ! Rentrer dans ces lieux chargés d’histoire peut parfois être impressionnant. Justement, ce genre d’opérations portes ouvertes peut aider à dépasser sa peur.

La mezzo-soprano française de renommée internationale Stéphanie d'Oustrac en novembre 2018.. (JB MILLOT)

Pourquoi avoir accepté d’être marraine de l'évènement ?

Parce que je suis avant tout une passionnée d’opéra ! Chaque jour, je me réveille en me disant : mais quelle chance j’ai ! Depuis le début de ma carrière, c’est un véritable épanouissement de tous les jours. Si on est dans cet état d’esprit, on a forcément envie de le partager avec les autres. Alors, quand on m’a proposé d’être marraine de l’opération, j’ai tout de suite dit oui. Je porte cet honneur fièrement. Et c’est aussi une reconnaissance par rapport à ma carrière.  

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent découvrir l’opéra ?

D’être curieux ! Contrairement à ce qu’on peut penser, on n’a pas forcément besoin d’être cultivé pour apprécier l’Opéra. Il y a encore beaucoup de gens qui pensent que ce n’est pas pour eux, qu’ils n’y connaissent rien… Oui, et alors ? Moi, je ne viens pas du tout de ce milieu. Petite, je n’avais jamais été à l’opéra. Je suis rentrée dans les chœurs de l’Opéra de Rennes. Ce qui m’a fascinée, c’est de voir ces adultes qui étaient des grands enfants et qui s’amusaient. Pour découvrir cet art, il y a des œuvres qui parlent systématiquement à tout le monde. Je pense à Carmen par exemple.

Vous êtes connue pour avoir beaucoup chanté le répertoire français. Quelle est la spécificité des textes français ?

Je suis l’une des défenseuses du répertoire français ! Je pense à Berlioz, Bizet ou encore Offenbach qui sont mes compositeurs de prédilection. Il y a bien sûr la particularité de la langue. Comme c’est ma langue maternelle, j’ai plus facilement accès à toutes les subtilités du texte et du sous-texte, omniprésent à l’opéra. A l’inverse, quand on travaille sur une pièce étrangère, on se concentre plus sur la prononciation, donc on est moins disponible pour l’interprétation. En tant que spectateur, cela reste accessible car il y a des sous-titres. Mais même quand l’opéra est en français, il faut du temps pour que l’oreille s’habitue à ce phrasé si particulier.

 

Contrairement à ce que l’on peut penser, l’opéra reste très actuel…

Je pense que ça ne vieillira jamais. Les textes sont peut-être anciens, mais cela reste d’actualité car on parle de thèmes éternels : l’amour, la séparation, le pouvoir, la tragédie… Sur scène, on parle aussi ce langage universel qu’est le chant. Au travers du jeu, de la façon dont on va colorer notre voix ou bouger notre corps, on dépasse le langage des mots. Quoiqu’il arrive, l’opéra est le reflet de notre époque. On ne se repose jamais sur nos acquis : il y a des problèmes financiers, des problèmes sociétaux… Et l’opéra est au milieu de tout ça, avec des questionnements permanents, des partis pris musicaux et de mise en scène.

 

L’opéra attire-t-il les jeunes ?

L’opéra est un métier de jeunes ! Il faut être exigeant et rigoureux comme des sportifs de haut niveau. Même si on est vieux, on garde toujours notre âme d’enfant sur scène. On se doit d’être curieux et inventif, car il n’y a aucune routine. Le répertoire est toujours différent, on est toujours confrontés à une nouveauté donc ça a forcément un impact sur notre manière de vivre. Du côté du public aussi, je trouve qu’il y a beaucoup de jeunes. Les maisons d’opéra font des démarches pour les attirer, notamment au niveau des prix. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le public est très mélangé !

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