"Comme des peintures baroques" : le Franc-Comtois Fabrice Ferez interprète des fantaisies et canons de Telemann au hautbois solo
L’artiste reprend en solo huit créations du compositeur allemand de l’époque baroque dans "Telemann. Fantaisies, Canons". Une musique qui l’accompagne depuis sa jeunesse.
Des notes qui s’envolent et envahissent l’espace. Une musique à la fois aérienne et mélancolique qui ne lasse pas Fabrice Ferez. Membre de l’orchestre de Franche-Comté en tant que joueur de hautbois, l’artiste vient de sortir un disque de pièces de Telemann.
"Illusion polyphonique"
"Cette musique-là elle est faite pour être jouée dans des acoustiques très réverbérantes et qui permettent, quand on enchaîne des notes rapidement, de donner l’illusion que ces notes se superposent comme si on jouait d’un instrument polyphonique", précise celui qui est également professeur au Conservatoire du Grand Besançon.
Le haut-bois, c’est l’un des plus vieux instruments de l’histoire des hommes. C’est un timbre qui peut être très brillant et très mélancolique. C’est à la fois l’instrument des annonces en plein air et l’instrument de la passion, de la plainte.
Fabrice Ferez, hautbois solo
Dans "Fantaisies Canon", il reprend donc huit créations du compositeur Georg Philipp Telemann, l’un des plus célèbres emblèmes du mouvement baroque en Allemagne entre 1681 et 1767. "Chez Telemann, il y a une qualité d’imagination qui est toujours d’actualité. Ce sont des pièces qui emportent avec des élans, des gestes comme dans des tableaux de la peinture baroque. Il y a des grands gestes comme ça. C’est tout à fait moderne. Encore une fois cette idée de fantaisie et de joie de vivre qu’il y a dans ses pièces, nous fait beaucoup de bien. Elle est très nécessaire".
Echo à ses années de vadrouille
Fabrice Ferez reprend également Bach, contemporain de Telemann que la critique de l’époque a plus souvent plébiscité. Près de 300 ans plus tard, le hautbois français propose sa propre interprétation de ces titres, lui qui les joue depuis son adolescence. "Ces fantaisies, je les fréquente depuis plus de vingt ans et elles m’ont accompagné notamment dans un épisode assez sympa. Quand j’étais étudiant, j’ai fait un petit tour d’Europe en stop. Et elles m’ont permis de gagner ma vie en les jouant en faisant la manche sur les trottoirs de plein de villes d’Europe. Elles sont très chères à mon cœur de ce point de vue-là".
C’est sans doute le disque classique qui a les plages les plus courtes qu’on puisse imaginer. Ça va d’une à trois minutes. Ce n’est jamais plus long qu’une chanson.
Fabrice Ferez, hautbois solo
Au cours de ses pérégrinations, Fabrice Ferez a notamment suivi des enseignements prestigieux au sein des académies Mozart de Prague et Cracovie. Et jamais sa passion pour Telemann ne s’est éteinte. "Dans l’idée de Telemann, on improvise. C’est un peu de la musique de jazzman de ce côté-là".
Une passion exprimée et soufflée donc à travers le hautbois, et concrétisée par cet album disponible depuis le 20 novembre et bientôt ouvert au streaming et téléchargement.
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