Opéra : Rokia Traoré s'invite chez Purcell à Aix-en-Provence
Au festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, la littérature contemporaine rencontre l’opéra baroque. Pour enrichir "Didon et Enée" de Purcell, l’œuvre lyrique la plus courte du répertoire, c’est l’artiste africaine Rokia Traoré qui joue un texte écrit par la romancière Maylis de Kerangal.
C’est un chef d’œuvre, mais dont le prologue a été perdu, chaque production imagine donc le sien. Pour ce Didon et Enée, Vincent Huguet est parti du texte antique de Virgile, le metteur en scène a confié à Maylis de Kerangal le soin d’imaginer comment Didon devient reine de Carthage, où elle rencontrera Enée, le troyen, pour une tragique et courte histoire d’amour. Il est question d’exil, de Méditerranée, de peuple en errance, les mots portés par Rokia Traoré résonnent avec le présent et éclairent l’œuvre.
En général dans le théâtre classique et l'opéra, les héroïnes meurent par amour
Rokia Traoré
Sur scène quand la chanteuse malienne laisse place à l’opéra, la digue d’un port sera le lieu unique de la tragédie, Vincent Huguet réhabilité la place du chœur, il est le peuple de Carthage, Didon et Enée est une œuvre autant politique qu’amoureuse : "C'est dans la partition de Purcell, je me suis amusé à compter les mesures, Enée en chante moins de 60, le choeur 400." Pour le metteur en scène le peuple est capable d'acclamer Didon à l'acte I, de conspirer contre elle à l'acte II, mais finalement quand elle meurt abandonne tout sentiment de vengeance. Avec le prologue, cette tragédie en Méditerranée en évoque une autre, tout près de nous.
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