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"On a ce son un peu plus chaleureux, plus enveloppant" : une PME installée dans la Manche a ressuscité la cassette audio

Basée à Avranches, c'est l'une des deux seules entreprises au monde à fabriquer encore les fameuses K7 et à les commercialiser.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La cassette audio est à nouveau produite depuis novembre par une PME d'Avranches (Manche). (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

Elle semblait avoir disparu à jamais, supplantée par les CD et autres supports numériques. Mais non ! La cassette audio est de retour. Depuis la fin d'année dernière, une PME installée à Avranches dans la Manche en produit à nouveau. C'est l'une des deux seules entreprises au monde à fabriquer encore les fameuses K7 à bandes et à les commercialiser. Des groupes comme Metallica ou Indochine se sont laissés séduire par ce support au parfum d'antan et la société exporte plus de 90% de sa production, jusqu'en Ouzbekistan.

Bien avant d'entrer dans l'atelier, on perçoit le grondement des machines. L'énorme découpeuse, qui ressemble beaucoup à un métier à tisser, taille des bandes de 87 mètres de long et de seulement 3,5 mm de large. Ce sont les bandes magnétiques qui vont servir à la fabrication des cassettes. En désignant la machine, Alain, l'opérateur de découpe, explique que "cela correspond à peu près à 60 minutes d'enregistrement ou de lecture".

La "découpeuse" qui taille les bandes pour les cassettes. Largeur : 3,81 millimètres très précisément ! (SÉBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

Penché sur sa machine, il veille au bon déroulement des opérations. Il travaille depuis 35 ans dans l'entreprise. Lui qui était jusqu'à présent habitué à fabriquer les bandes magnétiques pour les cartes bancaires et tickets de parking a découvert la production de bandes pour cassette en fin d'année dernière. Un travail "très minutieux" et "une surveillance en permanence", souligne l'opérateur de découpe. "Vu que la largeur est faible, c'est difficile à enrouler.  Ça casse facilement et ça fait partir en sucette toute la machine. Et derrière, c'est huit jours d'arrêt", explique-t-il.

L'usine produit de 5 000 à 10 000 cassettes tous les mois. Elles sont exportées dans une trentaine de pays, dont les États-Unis et le Japon. Ce sont des cassettes vierges de couleur orange, volontairement vintage et vendues 3,49 euros l'unité. À en croire Ronan Gallou, le directeur de l'usine, la production vient répondre à une vraie demande qui est croissante ces derniers temps.

C'est vraiment une expérience musicale différente.

Ronan Gallou

à franceinfo

La cassette vient casser les codes installés depuis l'arrivée des différents supports numériques avec lesquelles "vous vous apercevez que vous zappez assez facilement", explique Ronan Gallou, car "c'est tellement instantané". Pour écouter du son issu de ce support vintage "on s'installe dans son salon, il y a l'histoire de l'objet aussi, on touche un objet, si c'est une cassette enregistrée elle est à l'effigie du chanteur, c'est différent", poursuit le directeur de l'usine avranchaise.

RonanGallou, directeur général de l'entreprise Mulann basée à Avranches devant la "découpeuse". (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

Et pour savoir si on est en train d'écouter une cassette, il faut se fier au grain "qui est un peu différent", explique Ronan Gallou. "On a ce son peut-être un peu plus chaleureux, plus enveloppant", poursuit-il. Nathalie Liria, chargée du contrôle qualité, fait partie de la génération cassette. "J'ai eu mon premier walkman à 10 ans, ma première cassette c'était les Beach Boys, se souvient-elle avec nostalgie. "Je trouve ça génial !"

Reste une difficulté majeure : disposer du support pour écouter les cassettes. Depuis une vingtaine d'années, les lecteurs et autres walkman ont peu à peu disparu de la circulation. Il faut désormais miser sur le marché de l'occasion pour espérer dénicher un baladeur cassette ou un magnétophone.

Reportage de Sébastien Baer

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