Rodrigo Amarante, pop, samba et saudade d'une ultime Nova Session
Rodrigo Amarante de Castro Neves, 37 ans, s'est illustré au Brésil dans le groupe de rock indé Los Hermanos (en sommeil depuis 2007) et le big band Orquestra Imperial avant de s'installer à Los Angeles où il a formé le trio Little Joy avec Fabrizio Moretti (The Strokes) et Binki Shapiro. Son premier album solo, "Cavalo", est sorti au Brésil en septembre avant d'arriver en France en février.
Vendredi soir, Rodrigo Amarante avait le redoutable honneur de sceller le Ve et dernier acte des Nova Sessions. Jouant quelques notes de samba à la guitare avant de rejoindre la scène, le musicien brésilien a invité les spectateurs et auditeurs à "(le) suivre dans la rétrospective de (ses) voyages"... Un Rodrigo Amarante peut-être un peu tendu avant le début du concert. Il confiera après le show : "C'est le premier disque pour lequel j'interprète seul les chansons. Et c'était la première fois que je le jouais depuis sa sortie ici. J'étais curieux de voir comment les gens réagiraient."
Le goût du silence
Quelques instants plus tard, sous la désormais mythique verrière de Radio Nova, il entamait un tour de chant d'une heure, instaurant un climat d'intimité avec le public. Cheveux courts, barbe de prophète, large tunique bleue, grand sourire. "Le silence...", a-t-il murmuré en français, savourant l'écoute de l'assistance, avant d'ouvrir les festivités par le premier morceau de son disque, "Nada em vão".
De fait, l'album "Cavalo" a constitué le gros du répertoire de la Nova Session de Rodrigo Amarante. Un disque mélodieux et profond, parfois grave, écrit en portugais, en anglais et en français. Certaines chansons interprétées en acoustique ("I'm ready"), voire seulement en voix-guitare (le poignant "Irène"), ont baigné le public dans une atmosphère de recueillement.
Du Brassens et beaucoup d'émotion
Rodrigo Amarante s'est adressé aux spectateurs et aux internautes tantôt en anglais, tantôt en français, une langue qu'il parlait mieux quand il était jeune, a-t-il précisé. Il a réservé de jolies surprises à l'auditoire. "Et maintenant, une chanson que j'ai écrite pour toi !", a-t-il lancé en français avant d'interpréter "Mon nom", un titre pop écrit dans la langue de Molière. Le Brésilien a également repris avec grâce une chanson de Georges Brassens adaptée en portugais, "O não-pedido de casamento" ("La non-demande en mariage") qu'il avait enregistrée pour une compilation de Radio Nova.
D'autres moments d'émotion ont suivi. Il y a eu une samba, "Pode ser", composée pour Orquestra Imperial, le big band qui rend hommage au son carioca des années 40 et 50, et des titres pour lesquels Rodrigo Amarante s'est mis au piano : "Cavalo", ainsi que "Fall asleep" qu'il a présenté comme "une alternative au Xanax" !
Après ces instants de mélancolie, il était temps de "changer d'ambiance", selon les termes de Rodrigo Amarante, et de renouer avec plus de légèreté grâce au joyeux "Maná" et au titre plus rock "Hourglass".
Berceuse pour une petite fille
Un ultime titre, "Evaporar" de Los Hermanos, chanté en rappel, s'est avéré particulièrement touchant. Depuis plusieurs chansons, le regard du chanteur s'attardait régulièrement sur un point particulier du public, quelque part en face de lui. Un proche ? Une nouvelle conquête ? Peut-être bien que oui, la plus jeune de toutes en tout cas, puisque la nouvelle admiratrice s'appelle Artémis, elle a 3 ans et sa présence a ému Rodrigo Amarante. En quittant la scène, il a posé un baiser sur son front et lui a dit "au revoir".
Plus tard, le chanteur a confié sa joie d'avoir compté cette petite Artémis parmi ses auditeurs du soir. "J'étais très heureux de voir des enfants. Cette petite fille, trop mignonne, me regardait et écoutait la musique. Elle porte un nom important."
Et l'artiste brésilien d'ajouter, en ultime bilan de la soirée : "Jouer à la télévision est difficile. En général, c’est quelque chose de froid, parce que c’est très contrôlé, notamment en termes de son. Mais ce soir, c’était bien." Oui, tellement bien que c'est le cœur plein de saudade que l'on tourne la page de ces Nova Sessions printanières. Rendez-vous en septembre...
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