Maurice El Médioni, figure de la musique arabo-andalouse, est mort à l'âge de 95 ans

Le pianiste Maurice El Médioni, né en Algérie, est décédé à 95 ans en Israël, où il s'était installé après avoir longtemps vécu en France, a-t-on appris jeudi sur sa page Facebook officielle.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Maurice El Médioni lors des répétitions du concert du prix Francine et Antoine Bernheim pour les arts organisé par la Fondation du judaïsme français au théâtre du Vieux-Colombier en 2010. (URMAN LIONEL / SIPA)

Cet artiste est considéré comme l'inventeur du "pianoriental", aussi écrit "piano oriental", cocktail musical hybride, entre touches arabo-andalouses, swing et rythmes latinos. Une recette élaborée, adolescent, au contact des soldats américains débarqués pendant la Seconde Guerre mondiale à Oran, ville d'Algérie où il était né en 1928, au sein de la communauté juive. Il avait pour oncle Saoud El Médioni, célèbre musicien connu sous le nom de Saoud l'Oranais.

Maurice El Médioni est mort à l'âge de 95 ans en Israël lundi 25 mars. C'est l'agente qui l'accompagnait ces dernières années qui a posté l'annonce de son décès sur la page Facebook officielle de Maurice El Médioni, a appris l'AFP auprès de son cercle musical parisien.

Maurice El Médioni aura honoré son genre musical jusqu'à un âge avancé. "J'étais fasciné, j'avais pu l'entendre jouer quand il avait déjà 83 ans et il n'y avait pas une faute dans son jeu", a raconté jeudi à l'AFP Denis Cuniot, musicien français, lui-même pianiste, qui avait croisé son aîné lors de l'enregistrement de l'album Oran-Oran.

Une voix pour la paix entre Juifs et Arabes

Le célèbre chanteur Khaled, figure du raï, disait que Maurice El Médioni représentait "l'époque où il n'y avait pas de guerre entre Juifs et Arabes et où l'on se rencontrait pour partager et faire de la musique".

Le pianiste ne cessait d'ailleurs de répéter dans ses dernières interviews qu'il rêvait de "retrouver une fraternité entre Juifs et Arabes". Il a touché cet idéal du doigt au sein du collectif El Gusto, ensemble de musiciens vétérans juifs et musulmans d'Algérie, enfin réunis après avoir été séparés par les tourments de l'histoire. Un documentaire sorti en 2012, réalisé par Safinez Bousbia, retrace le parcours de ce collectif, parfois un peu vite comparé au Buena Vista Social Club.

Maurice El Médioni s'était installé à la fin de sa vie en Israël, après une première tentative ratée en 1961. "L'Algérie était à feu et à sang. J'avais peur pour mes enfants et moi-même. Je ne voulais pas venir en France, car nous redoutions que n'y éclate une guerre civile. Mais je n'ai pas pu m'acclimater alors en Israël", livrait-il au journal Le Monde.

En 1962, il était arrivé à Paris, mais, rebuté par le climat, avait choisi ensuite Marseille dès 1967. "Je voulais me rapprocher de mon climat méditerranéen. J'ai ouvert un commerce de vêtements masculins avec mon frère aîné sur la Canebière", narrait-il encore dans le quotidien. Tailleur était son métier de formation, qu'il aura régulièrement exercé au long de sa vie en parallèle du piano, débuté à 9 ans.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.