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Le raï, chant populaire d'Algérie, entre au patrimoine immatériel de l'Unesco

Le mouvement musical qui a connu une renommée mondiale dans les années 90 grâce à des vedettes comme Cheb Khaled, a été inscrit ce jeudi 1er décembre au patrimoine immatériel de l'humanité par l'Unesco.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Le chanteur de raï Khaled en concert à Alger en 2000 (- / AFP)

Le raï, ce chant populaire algérien figure désormais au Patrimoine immatériel de l'humanité de l'Unesco"Nouvelle inscription sur la Liste du patrimoine immatériel : Le raï, chant populaire d'Algérie", a annoncé l'organisation sur son compte Twitter, ajoutant la mention : "félicitations!".

Un chant sans tabou, ni censure

Moyen de véhiculer la réalité sociale sans tabou ni censure, le raï aborde des thèmes tels que l'amour, la liberté, le désespoir et la lutte contre les pressions sociales. Apparu dans les années 30, il était à l'origine pratiqué en milieu rural par des doyens qui chantaient des textes poétiques en arabe vernaculaire, accompagnés d'un orchestre traditionnel, selon l'Unesco. Au début du vingtième siècle, les prima donnas y ajoutent des idées transgressives, en chantant la liberté d’aimer et de désirer, tout en glorifiant dieu et les saints. Les musiciens fabriquent et décorent leurs propres instruments et la transmission se fait de manière informelle, par observation, ou formelle, par apprentissage.

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Khaled, Mami : les voix modernes du raï 

Au fil du temps, le raï s’est progressivement imposé, d’abord au niveau national lors des rituels et des mariages, puis au niveau mondial. C'est au milieu des années 80 que le raï explose : sous l'influence de "Chebs" (jeunes), cette musique traditionnelle algérienne de la région d'Oran (ouest) se modernise. Son message de liberté et de transgression est devenu universel, porté par des jeunes femmes et des jeunes hommes qui chantent et dansent pour la jeunesse de leur pays et du reste du monde. La musique raï est ainsi considérée comme un genre pour les jeunes, représentant un canal d’expression de leurs sentiments dans leur quête de libération des contraintes sociales. 

Après un premier festival raï à Oran en 1985, ce genre musical débarque en France à l'occasion d'un festival à Bobigny, en région parisienne, en janvier 1986. Avec ce festival, le public français découvre aussi la voix de Cheb Mami, qui, aux côtés de Cheb Khaled ou bien avant lui, de Cheikha Rimitti (la très célèbre "Mamie du Raï"), deviendront par la suite des stars mondiales.

En quelques années, le raï élargit son public, intéresse les grandes maisons de disques. Cheb Khaled devient le premier Maghrébin à entrer au Top 50 au début des années 90 avec son tube Didi.

De l'enfer à la lumière

 Durant la décennie noire (1992-2002), plusieurs chanteurs de raï ont été assassinés dont le plus célèbre d'entre-eux, Cheb Hasni, considéré comme le roi du "raï sentimental", tué à Oran en septembre 1994 à Oran par des islamistes armés. Au cours des années 2000, le raï a peu à peu disparu des grands plateaux de télévision et retrouvé son public confidentiel des débuts.

Il a été victime aussi de sorties de routes, comme la condamnation de Cheb Mami pour violences envers son ex-compagne, et de la montée en puissance des musiques urbaines (rap et Rythm'n'Blues). Le raï a été remis au goût du jour cet été par le succès phénoménal du dernier titre de la star planétaire franco-algérienne, DJ Snake, Disco Maghreb, du nom de l'emblématique maison de disques oranaise, à laquelle le titre de la chanson rend hommage.

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