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Jazz à Vienne: l'Afrique enchantée

Youssou Ndour, Taj Mahal, Bassakou Kouyaté, Fatoumata Diawara, Roberto Fonseca… la soirée africaine au théâtre antique accueillait du beau monde vendredi 11 juillet. Et le spectacle fut à la hauteur des espérances: rythmé, coloré, métissé et endiablé ! Un mélange des genres de l'Afrique à Cuba en passant par l'Amérique pour une soirée mémorable.
Article rédigé par Marie Herenstein
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Marie Herenstein)

"Il n'y a pas de soleil, mais il y a l'énergie de l'Afrique !" Et de l'énergie, il n'en manque pas Youssou Ndour. Tout au long de la soirée africaine de Jazz à Vienne, elle fut positive et communicative, de la scène jusqu'au sommet des gradins du théâtre antique. Impossible de ne pas succomber aux rythmes entrainants du maître de la musique sénégalaise et de sa tribu, le Super Etoile de Dakar.

Plus qu'à un concert, c'est à un véritable show que le roi du mbalax a invité le public. Un de ses percusionnistes transformé en Monsieur Loyal s'assure que l'ambiance, qui s'est sacrément réchauffée pour cette soirée enfin au sec, ne retombe jamais. Mission réussie avec la complicité d'un incroyable danseur et d'un joueur de djembé époustouflant.

  (Marie Herenstein)

Avec ce timbre de voix reconnaissable entre tous ("New Africa", le titre ci-dessous, permet d'en mesurer toute la puissance), Youssou Ndour explore, le plus souvent en wolof, un répertoire fourni où se mêlent influences traditionnelles et musiques actuelles. 

Juste avant de monter sur scène, celui qui fut ministre de la Cuture et du Tourisme (2012-2013) sous la présidence de Macky Sall (dont il est désormais ministre-conseiller sans portefeuille attribué) nous a accordé une interview.

Il revient sur sa tournée estivale, sur son dernier projet, "Fatteliku" (souvenir), un album 4 titres en hommage à la musique de son pays (6 à 10 autres petits opus du même ordre devraient suivre) et sur son engagement politique.

"Seven seconds", que Youssou Ndour intepréta avec Neneh Cherry, fait partie du répertoire de cette nouvelle tournée. Les sonorités sont plus internationales mais le tube (sorti en 1994) fonctionne toujours.

Fatoumata Diawara et Roberto Fonseca

Cette soirée africaine avait déjà démarré très fort avec Fatoumata Diawara et Roberto Fonseca. Une première sur scène puisque l'équipe, qui réunit les musiciens de Roberto Fonseca et deux Maliens spécialement recrutés pour le projet (un guitariste et un joueur de n'goni), ne s'est rassemblée au complet que quelques jours auparavant.

La chanteuse malienne, qui a sorti un premier opus, "Fatou", en 2012, a rencontré le pianiste cubain lorsque celui-ci cherchait des voix africaines pour son album "Yo" (sorti en 2012 également). "On est tombé amoureux de sa voix" a raconté le musicien lors d'un rendez-vous avec la presse avant de monter sur scène.
  (Marie Herenstein)
Malgré les inquiétudes de part et d'autre au départ, les deux musiciens ont "trouvé les ponts pour relier les deux cultures". A tel point que la collaboration s'est poursuivie entre cette voix "unique" au tempérament de feu qui a enflammé Vienne et le talentueux musicien qui n'hésite pas à dire qu'il a aujourdhui un besoin vital d'engistrer ce qui n'était alors qu'un projet. A voir les deux parler de leur rencontre ou jouer ensemble, la complicité ne fait pas l'ombre d'un doute et le résultat sur scène est tout simplement bluffant de vitalité, de joie et d'enthousiasme.
  (Marie Herenstein)
"J'ai l'impression qu'il y a une fleur qui vient de pousser en moi et cette fleur grandit. Ca fait beaucoup de bien" confiait la jeune femme en début de soirée. Une artiste que l'on découvrira engagée, dénonçant aussi bien le mariage forcé qu'appelant la jeunesse à rester en Afrique (elle a récemment montré ses convictions avec la chanson "Maliko" pour soutenir la population du Mali en guerre, avec Toumani Diabaté, Amadou et Mariam, Bassékou Kouyaté ou Tiken Jah Fakoly pour ne citer qu'eux).

Taj Mahal et Bassekou Kouyaté

Autre pointure de cette soirée décidément placée sous le signe de la mixité des genres, l'icône du blues, Taj Mahal avait invité Bassekou Kouyaté. Chemise hawaienne et petit chapeau de paille sur la tête, le formidable musicien américain s'est effacé pour laisser la place à l'artiste malien dont on a pu, là encore, mesurer le talent. 
A une heure du matin bien tassée, Vienne a retrouvé sa quiétude. Mais il y a fort à parier que tous ceux qui étaient présents dans le théâtre antique ce soir-là seront rentrés fatigués mais heureux et revigorés, la démarche chaloupée encore pleine des rythmes africains.





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