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Au Brésil, contre la destitution en chansons

Les chansons fleurissent au Brésil contre la procédure de destitution de la présidente Dilma Rousseff : stars de la samba, rappeurs et artistes plus confidentiels se sont mis au travail pour défendre la démocratie fragile, défendre les acquis sociaux et s’élever contre ce qu’ils considèrent comme un « coup d’Etat » (golpe en portugais), craignant un retour aux heures noires de la dictature.
Article rédigé par franceinfo - Valérie Oddos
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La chanteuse de samba Beth Carvalho
 (William Volcov / Brazil Photo Press / AFP)

Une vingtaine d’artistes ont lancé un clip "pour la démocratie" qui dit "non au coup d’Etat", sur une musique de Chico Cesar. "Le processus est lent, il ne va pas revenir en arrière", chantent-ils. "Maintenant ils veulent faire un coup d’Etat, les vieux renards veulent le poulailler, ils ont volé de l’argent mais ils feignent que non (…) Nous voulons tous un pays plus juste, nous voulons tous un pays meilleur. Nous ne voulons pas moins que ce que nous avons déjà, nous voulons beaucoup, beaucoup plus."

"Non, non, pas de ‘golpe’", dit le refrain : "Nous sommes dans la rue pour combattre avec nos voix."

"Il ne va pas y avoir de nouveau coup d’Etat, réagis, réagis mon peuple", chante la star de la samba Beth Carvalho dans un salon, en levant le poing. "Nous avons toujours aimé la démocratie, nous allons sortir nous donner la main pour sauver notre pays", continue-t-elle sur une mélodie de samba classique, accompagnée de percussions et d’un cavaquinho (petite guitare brésilienne).

Edyney Vieira, un des compositeurs de Portela, une des grandes écoles de samba de Rio, a aussi écrit une chanson pour dire "qu’il ne va pas y avoir de nouveau coup d’Etat" : les sambistes clament qu’en "treize années de conquêtes sociales, des millions de Brésiliens ont conquis leur dignité". Ils rendent hommage à Dilma Rousseff et aussi à l’ex-président Lula et au chanteur Chico Buarque.
 
Dans "O Morro Mandou Avisar", en référence aux collines où sont installées les favelas, les rappeurs De Tico Santa Cruz et Flávio Renegado avertissent que si le peuple descend de ses quartiers, ça va chauffer. S’adressant à la "patrie de Cunha" (Eduardo Cunha est le député d’opposition qui a lancé la procédure de destitution, lui-même étant accusé de corruption), la chanson dit qu’ils "prétendent lutter contre la corruption mais que ce gang de voleurs viole la Constitution", que "pour tenter de revenir au pouvoir ils veulent te baiser, répéter 1964 (en référence au coup d’Etat qui a débouché sur vingt ans de dictature). S’ils veulent enquêter, qu’ils lancent une enquête générale", disent encore les paroles.
 
L’ "Hymne contre le coup d’Etat" de Seu Pereira, de la ville de João Pessoa, dans l’Etat de Paraíba, proclame aussi qu’il n’y en aura pas et appelle à tenir bon. "Je veux un Brésil libre, libre avec la démocratie, sans corruption, sans hypocrisie, sans préjugés, sans manipulations, sans aliénation, sans machisme, sans racisme, sans homophobie et de manque d’éducation", conclut-il.

Une majorité des députés brésiliens a voté dimanche pour la destitution de la présidente Dilma Rousseff, élue démocratiquement en 2014 pour un mandat de quatre ans. Son sort est maintenant entre les mains du sénat. On lui reproche une manipulation des comptes publics pour favoriser sa réélection.

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