Du fond des âges ou presque, la voix de Nina Hagen (vidéo ci-dessous) résume bien la folie de l'aventure Elixir. Celle d'une poignée de jeunes Bretons aux cheveux longs qui ont décidé qu'eux aussi avaient le droit de voir leurs artistes préférés. De 1979 à 1987 ont défilé dans ce bout du monde finistérien le grand Fela, Donovan, les Stranglers, The Cure, Echo & The Bunnymen, Leonard Cohen, liste non exhaustive.Presque 40 ans plus tard, Gérard Pont a voulu raconter cette histoire. Aujourd'hui patron du Printemps de Bourges et des Francofolies de la Rochelle, il s'est formé à cette époque, sur le tas : "À cette époque il n'y avait pas de festivals, il y a donc eu des pionniers, des naïfs, des insouciants, des kamikazes".Pour la jeunesse, c'était la première chose qu'on leur proposait : faire du camping, faire l'amour, boire...Gérard Pont, co-créateur du festival ElixirPas de lieux, pas de scènes - "notre directeur technique était le professeur de physique du lycée" -, pas de toilettes, pas d'artistes en tournée l'été, des autorités réfractaires, tout était à inventer.Les fours financiers, les disputes entre organisateurs, les couacs, tout est raconté et illustré dans ce livre, accompagné d'un documentaire (diffusé récemment sur France 3 Bretagne). Seule manque l'émotion de concerts uniques, dont l'un peut-être est au-dessus de tous les autres, celui des Clash en 1985. "Il y avait une énergie extraordinaire, les Depeche Mode étaient avec eux et ils détestaient les Depeche Mode, se souvient Gérard Pont, les roadies se battaient, c'était dingue".L'esprit de Woodstock lentement éteint, Elixir n'a pas résisté. Mais cette folle aventure a fait de la Bretagne une terre d'accueil fabuleuse, aujourd'hui encore, pour les grands festivals. La courte et folle aventure d'Elixir, le "premier grand festival français" écouter Elixir, L'histoire du Premier Grand Festival Français, par Gérard Pont et Olivier Polard (éditions Coop Breizh)