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Musique : Baloji, jamais trop libre dans ses identités

Dans "137 Avenue Kaniama", le rappeur belge Baloji interroge encore et toujours ses origines congolaises, sa vie de déraciné et son impossible quête d'identité certaine. Un disque magistral qui met le hip-hop au service d'une cause beaucoup plus large.

Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1min
La pochette de l'album "137 avenue Kaniama" de Baloji. (DR)

Baloji cultive sa différence et il a bien raison. Ses origines congolaises nourrissent sa musique tout en refusant le cliché : avec lui, le hip-hop conquiert de nouveaux territoires. Dans La Dernière Pluie, il chante : "Musique trop noire pour les blancs, trop blanche pour les noirs", façon de résumer ce qui lui est toujours revenu aux oreilles, coincé entre le côté "intellectualisant" et les codes "exotiques" assimilés comme autant de clichés aux musiques africaines.

137 Avenue Kaniama est un album et une adresse fictive, cette rue de Lubumbashi où se trouve peut-être les réponses à son passé, celle de sa mère, au fond d'une avenue qu'il faut rejoindre à pied. La métaphore filée comme il l'aime, "de poser des tableaux et développer à partir de ça une narration", comme son compatriote Jacques Brel.

Chose rare, le francophone Baloji est signé sur un label anglo-américain, Bella Union. Un heureux refuge pour celui à qui l'on a souvent reproché, chez nous, son côté inclassable. Et conséquence d'une expérience très désagréable chez Universal, le rappeur belge a gardé quelques mots pour Vincent Bolloré, propriétaire de la maison de disques et très engagé dans de multiples activités en Afrique. "Je ne peux pas faire abstraction de la portée diplomatique et géo-politique de sa démarche [...] en voulant signer des artistes comme moi qui ne sont que des faire-valoir, pour une portée bien plus importante", explique-t-il calmement. Et la liberté s'entend sur cet album immense, entre intime et goût du large ; chez Baloji, la différence est un art à chérir.

Baloji, en voyage surréaliste au coeur de ses identités multiples

Baloji, 137 avenue Kaniama (Bella Union). Album disponible le 23 mars. En concert le 30 mars à Paris (Les Étoiles).

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