Mark Knopfler part en tournée avec "Tracker" un album...tranquille
Il se fait discret, accorde peu d’interviews, et mène une carrière musicale à son image, loin du tourbillon médiatique, des tournées dans les stades géants et des come back de stars vieillissantes du rock’nroll en proie à des déboires fiscaux.
Apres avoir été une icône rock pour de nombreux guitaristes amateurs dans les années 80, Mark Knopfler a choisi, dans les années 90, de mettre fin à l’aventure Dire Straits, méga groupe devenu culte (c'était le groupe préféré de Lady Di), dont il était à la fois l’âme et le cœur, la tête et les jambes : parolier, compositeur, chanteur, guitariste et producteur.
Plutôt que de se reposer sur ses lauriers de superstar et de décliner à l’infini ses riffs tubesques ("Sultans of Swing", "Money for Nothing" et autres "So Far Away"), il a préféré se concentrer sur ce qui l’a toujours animé : écrire des chansons, avec cet œil averti d’ancien journaliste, ce regard aiguisé si Dylanesque, des textes à la fois simples et sujets à multiples interprétations.
"Tracker" (Mercury Records), son dernier album, ne déroge pas à la règle : une écriture peaufinée, des mélodies limpides, des arrangements classiques mais efficaces, admirablement produits par le compère de toujours Guy Fletcher (ancien claviériste de Dire Straits depuis 1984, et ami qui l’a toujours suivi depuis dans tous ses projets solo et autres).
Loin des envolées guitaristiques des annnées 80
Pas de réelle surprise donc : on est en terrain connu, à la maison au coin du feu. On croit entendre des mélodies mille fois entendues, mais peu importe, ne boudons pas notre plaisir. On y savoure pêle-mêle : la désormais habituelle ritournelle celtique, présente dans chaque album, issue de son Ecosse natale, et qui, ici, raconte ses jeunes années d’étudiant-musicien-amateur "Laughs and Jokes and Drinks and Smokes" qui ouvre l’album ; un riff minimaliste et répétitif qui doit tant à sa principale influence musicale JJ Cale "Broken Bones"; "Lights of Taormina", un hommage appuyé à son idole Dylan dont il a assuré la première partie lors des tournées du grand Bob en 2011 et 2012.Et puis il y a le single "Beryl", une critique acerbe des jurys décernant les prix littéraires qui ont oublié l’écrivaine Beryl Bainbridge, avec ce son de guitare reconnaissable entre mille qui rappelle instantanément le tube des débuts "Sultans of Swing"; "Mighty Man" et son intro à la slide que ne renierait pas Ry Cooder; une ode à sa moitié Kitty "Long Cool Girl" et toujours cette voix calme, posée, sereine, qui s’essaie même à des harmonies vocales sur "Skydiver". C'est un très beau duo avec la chanteuse folk Ruth Moody "Wherever I Go" qui clôt lalbum.
Une parenthèse apaisante dans l'actualité sombre
Un album de facture classique, le prolongement dans la continuité, à l’image des précédents, et sans doute des suivants. Mais les fans de Knopfler savent depuis longtemps que l’auteur des épiques "Telegraph Road", "Tunnel of Love" ou "Brothers in Arms" ne souhaite plus s’aventurer dans les envolées lyriques à la guitare et les longs développements instrumentaux quasi-progressifs qui parcouraient le live mythique "Alchemy" ; qu’il n’y aura jamais de reformation du groupe mythique Dire Straits, et que par conséquent autant savourer cet album pour ce qu’il est : un moment de calme, une pause bucolique, une parenthèse relaxante et apaisante dans une actualité peu propice à la rêverie.Mark Knopfler sera en tournée en Europe du 15 mai au 31 juillet avec 4 dates en France:
Nice le 29 mai à Nikaïa, Le Zénith de Paris les 2 et 3 juin et à Saint-Julien-en-Genevois le 16 juillet au festival "Guitares en scène"
Du 10 septembre au 31 octobre Mark Knopfler traversera l'Atlantique pour la suite de sa tournée aux Etats-Unis.
Toutes les dates sur le site officiel
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