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Léonard Cohen : le monde pleure un musicien, un poète, un homme engagé
A Montréal où était né Leonard Cohen et où il s'est produit pour une de ses toutes premières fois en 1967, sur l'île grecque d'Hydra, qui avait une place spéciale dans le coeur du poète, et en Israël où sa disparition est salué autant pour son oeuvre musicale que pour son dévouement envers l'Etat israélien.... les fans sont en pleurs.
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Des fans chantent devant sa résidence à Montréal
Dès l'annonce de son décès, plusieurs dizaines de fans ont convergé dans la nuit de jeudi à vendredi devant la résidence de Leonard Cohen dans le quartier du Plateau à Montréal, ville qui l'a vu naître le 21 septembre 1934. Devant la petite maison sur une petite place arborée, des bougies ont été allumées, des fleurs déposées et les fans ont chantonné quelques uns des succès de l'artiste dont l'oeuvre est teintée de sa dépression.Denis Coderre, le maire de Montréal, ville natale de Leonard Cohen, a annoncé la mise en berne des drapeaux de l'Hôtel de ville.
Justin Trudeau veut se souvenir "affectueusement de lui pour sa voix profonde, son humour teinté d'autodérision et les paroles qui ont rendu ses chansons indémodables pour de si nombreuses générations". Leonard Cohen était l'un des porteurs du cercueil de Pierre-Elliott Trudeau, ancien Premier ministre et père de l'actuel chef de gouvernement lors de funérailles où les anciens présidents américain Jimmy Carter et cubain Fidel Castro étaient présents.
L'île grecque d'Hydra se souvient de son poéte
Parmi les fans attristés figurent les habitants de la petite île grecque d'Hydra. "C'était son repaire", a déclaré Stavros Douskos, propriétaire de la taverne Xeri Elia située au coeur de la ville principale d'Hydra. "Nous avons du bon vin, et il aimait jouer de la guitare ici", a-t-il ajouté.Leonard Cohen avait acheté une maison à Hydra, à moins de deux heures d'hydroglisseur d'Athènes, au début des années 60, à une époque où l'île attirait les artistes bohèmes. Pendant sept ans, il y a écrit notamment le recueil de poèmes controversés "Flowers for Hitler", son premier roman "The Favorite Game" et "Beautiful Losers", un livre autour de la religion et de la sexualité qui l'a fait comparer à James Joyce. C'est à Hydra aussi qu'il a rencontré sa muse norvégienne Marianne Ihlen.
Selon M. Douskos, l'artiste avait "cessé de venir à Hydra il y a quelques années, parce qu'il était devenu trop difficile pour lui d'escalader (les volées de marches) qui montaient jusqu'à sa maison", sur cette île escarpée et piétonnière. Un poème dédié par Leonard Cohen à sa taverne orne toujours le dos du menu. "C'est un poème décrivant la vie quotidienne des marins d'Hydra", a précisé le maire de l'île, Giorgos Koukoudakis. Dans le passé, les autorités locales ont collaboré avec les fans de Cohen pour accueillir des concerts et des projections en l'honneur de l'artiste sur l'île, a précisé le maire.
Il a ajouté que la rue où se situe sa maison sera rebaptisée de son nom et qu'un banc Leonard Cohen sera également installé dans le port. Et un rassemblement déjà programmé pour juin prendra une résonance particulière, devenant l'occasion de "faire quelque chose d'organisé à sa mémoire".
Israël pleure Leonard Cohen comme l'un des siens
Israël pleurait vendredi la disparition de Léonard Cohen, salué autant pour son oeuvre que pour son dévouement envers l'Etat israélien.Elevé par un grand-père rabbin, il n'avait jamais changé son nom -Cohen signifie prêtre en hébreu- et certains de ses textes s'inspiraient de la tradition et de la liturgie juives. Ses racines juives se retrouvaient dans son attachement à l'Etat d'Israël, qui s'était manifesté lors de la guerre du Kippour en 1973. "J'irai arrêter les balles égyptiennes", avait-il écrit dans un poème. Cohen avait quitté la petite île grecque sur laquelle il vivait à l'époque le lendemain du déclenchement de la guerre entre Israël et une coalition d'Etats arabes conduite par l'Egypte et la Syrie. A Tel-Aviv, il avait rencontré le musicien israélien Oshik Levi. Selon ce dernier, Cohen lui avait dit vouloir aider Israël en travaillant dans un kibboutz. Levi persuada Cohen de se joindre à un groupe de musiciens qu'il avait formé et avec lesquels il divertissait les soldats sur le front. Cohen participa à l'entreprise pendant trois mois. Une photo publiée sur les réseaux sociaux le montre chantant dans la péninsule du Sinaï en présence du général Ariel Sharon.
Le président Reuven Rivlin a rapporté que l'un des succès de Cohen, "Dance Me to The End of Love", avait "accompagné de nombreux moments de la vie de (son) couple et de (sa) famille". Benjamin Netanyahu a rendu hommage à un "grand créateur, un artiste de talent et un juif ardent qui aimait le peuple d'Israël et l'Etat d'Israël". Lors de ses tournées parmi les soldats en 1973, Cohen avait écrit la chanson "Lover Lover Lover" qui dit: "Que l'esprit de cette chanson s'élève, pur et libre. Qu'il soit un bouclier pour vous, un bouclier contre l'ennemi". Cohen avait dédié cette chanson aussi bien aux soldats israéliens qu'égyptiens.
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