Le compositeur Pierre Sauvageot fait jouer son orchestre depuis les balcons d'un immeuble parisien
L'Orchestre de Chambre de Paris s'installe jeudi et vendredi sur une vingtaine de balcons d'un immeuble de la place d'Aligre, à Paris, pour jouer une oeuvre nouvelle dans l'écrin de cet amphithéâtre improvisé. Une manière de faire dialoguer les instruments avec les bruits de l'édifice.
C’est un concert d’un genre inédit qui se tiendra les 6 et 7 juillet, place d’Aligre, dans la capitale : l’Orchestre de chambre de Paris jouera avec ses musiciens installés sur une vingtaine de balcons d’un immeuble. Pour l’occasion, une œuvre nouvelle a été composée. Après ce concert symphonique, intitulé "Grand Ensemble", un autre rendez-vous de ce genre aura lieu à Marseille cet automne.
Le soir de la répétition générale, au beau milieu de la place, le compositeur Pierre Sauvageot demande aux quarante instrumentistes répartis sur les balcons de cet immeuble en forme d’amphithéâtre de s’installer. C’est lui qui a eu l’idée de cette œuvre insolite pour orchestre et bruits du quotidien.
"C'est un dialogue entre un orchestre symphonique et un immeuble, explique le maître. Qui dit immeuble, dit aussi habitants, et tous les bruits qui en sortent : bébés qui pleurent, portes qui claquent... Tout ce qui fait le décor sonore de l'immeuble vient faire partie de la musique de ce concert."
"Ils n’entendent pas du tout ce que font les autres"
Juste à côté du compositeur, le chef d’orchestre, lui, a troqué sa baguette contre un casque. Il contrôle le bon déroulement de la répétition, après plusieurs semaines à préparer les musiciens à cette expérience inédite. "Ils n’entendent pas du tout ce que font les autres. Ils ont un retour dans le casque de certains éléments de la bande, comme ici le bébé qui pleure. Et ils ont un clic qui leur donne les temps, pour qu’ils puissent se repérer dans la partition."
Deux étages plus haut, Anna Diaz n’en perd pas une miette. C’est la gardienne. Sur son balcon, un contrebassiste et un tubiste. Elle a accueilli avec enthousiasme le projet de l’orchestre, comme d’ailleurs une bonne partie des habitants de l’immeuble. "Il y en a qui ont dit oui, explique Anna. D'autres n'ont pas voulu participer au projet mais sont certainement en train d'écouter, en bas. On est fiers d'habiter là et qu'un tel évènement s'y passe !"
Pas de chapelle musicale
Sur la place, à côté de riverains ébahis par le spectacle, le compositeur Pierre Sauvageot sourit. "Moi c’est l'espace public qui m'intéresse, assure le compositeur. À la fois par les nouveaux publics que cela crée, mais aussi parce qu'il n'y a pas de chapelle musicale : ils ne savent pas si ils écoutent de la variété, du classique ou de la musique contemporaine... La question ne se pose pas !" Après cinquante minutes de musique, le public est enthousiaste : certains, semble-t-il, resteraient bien encore un peu dans les transats rouges installés pour l’occasion.
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