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La légende américaine de la chanson Aretha Franklin est morte à l'âge de 76 ans

L'artiste souffrait d'un cancer du pancréas depuis 2010.

Article rédigé par franceinfo
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Aretha Franklin en concert au Palais des sports à paris, le 28 novembre 1977. (FRILET/SIPA)

La "reine de la soul" s'est éteinte. Aretha Franklin est morte jeudi 16 août dans la matinée, dans sa maison de Detroit (Michigan, Etats-Unis), a annoncé son agent à Associated Press (en anglais). La chanteuse américaine, "gravement malade", était âgée de 76 ans. L'interprète de Think et Respect souffrait d'un cancer du pancréas depuis 2010. Elle avait annoncé la fin de sa carrière en 2017. 

"Nous ne pouvons pas trouver les mots pour exprimer notre douleur, ont réagi ses proches dans un communiqué. Nous avons perdu notre matriarche et le pilier de notre famille." De nombreux fans et célébrités avaient adressé des messages de soutien à la chanteuse, après l'annonce de la détérioration de son état de santé"Nous avons ressenti votre amour pour Aretha et nous sommes réconfortés par l'idée que son œuvre va perdurer."

Une autodidacte du piano

La carrière d'Aretha Franklin a marqué l'histoire de la musique. "Lady soul", comme elle était surnommée, a vendu 75 millions de disques, obtenu 18 Grammy Awards (pour 44 nominations) et accumulé 25 disques d'or. Autrice-compositrice et pianiste, née en 1942 à Memphis (Tennessee), elle incarnait aussi bien la soul music du sud des Etats-Unis que le gospel, le funk, le rhythm & blues et le jazz.

Enfant, elle apprend seule le piano et chante dans l'église de son père, pasteur et militant des droits civiques. A l'âge de 14 ans, elle signe chez Columbia Records, mais ne connaît véritablement la gloire qu'avec son premier album pour Atlantic en 1967, I Never Loved a Man (The Way I Love You). "Si une chanson parle de quelque chose que j'ai vécu ou qui aurait pu m'arriver, c'est bien, racontait la chanteuse au magazine Time en 1968. Mais si elle m'est étrangère, je ne pourrai rien lui prêter. Parce que c'est ça la soul, juste vivre et réussir à se débrouiller."

Les tubes s'enchaînent : Baby I Love You, (You Make Me Feel) Like a Natural Woman, Chain of Fools et surtout Respect, adoubée cinquième meilleure chanson de tous les temps par le magazine Rolling Stone. Respect est devenu l'un des hymnes des mouvements pour l'égalité des Noirs et des femmes dans les années 1960. Ce tube composé par Otis Redding lui offrira en 1967 ses deux premiers Grammy Awards. "Elle a complètement réinterprété et réarrangé cette chanson à sa sauce en le transformant en hymne féministe", explique Nicolas Rogès, auteur du livre Move On Up : la soul en 100 disques. 

Proche de Martin Luther King

Dans les années 1960, Aretha Franklin s'engage dans le mouvement des droits civiques. "C'était un symbole pour la communauté noire américaine, poursuit Nicolas Rogès. Elle était très proche de Martin Luther King, elle a même chanté à son enterrement [en 1968]. Elle incarnait la dimension de la soul qui n'était pas uniquement une musique mais aussi un symbole pour la communauté afro-américaine."

Elle enchaîne les albums à succès comme Jump to it en 1982 ou Get it Right en 1983. Mais sa vie personnelle est plus difficile. "J'ai appris beaucoup de choses à la dure", confiera-t-elle. Sa mère, qui avait quitté le foyer quatre ans plus tôt, meurt lorsqu'elle a 10 ans, et elle-même accouche de son premier fils à l'âge de 13 ans. Ses deux mariages sont des échecs et elle connaît des problèmes d'alcoolisme. Son père, victime des balles d'un cambrioleur en 1979, tombe dans le coma et meurt plusieurs années plus tard.

En 2005, elle reçoit du président George W. Bush la médaille de la Liberté, la plus haute distinction américaine pour un civil. Elle chante pour l'investiture de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, impériale sous un chapeau gris, lors d'une cérémonie chargée d'émotion, en janvier 2009. 

"Une influence majeure sur des générations"

"À la manière de Ray Charles ou de Sam Cooke, qui faisaient partie de ses idoles, elle a emmené la soul dans une autre dimension à partir de la fin des années 60", a estimé sur franceinfo Nicolas Teurnier, rédacteur en chef de Soul Bag. Il évoque notamment "une influence majeure sur des générations d'artistes qui s'en réclament encore aujourd'hui". "Elle a vraiment marqué à jamais l'histoire de la musique au sens large. Ce n'est pas la peine de la limiter à l'étiquette soul, ça dépasse largement toutes les étiquettes", a-t-il commenté. 

L'artiste, à qui un cancer avait été diagnostiqué en 2010, recevait depuis plus d'une semaine des soins palliatifs à son domicile de Detroit. Les détails concernant l'organisation de ses obsèques seront communiqués dans les prochains jours.

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