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L'Unesco consacre deux musiques de l'émotion, le chant lyrique italien et le boléro

Le comité de sauvegarde de l'Unesco, réuni au Botswana, a inscrit le chant lyrique italien et le boléro au patrimoine immatériel
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
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Luciano Pavarotti en concert au Palais Omnisports de Bercy à Paris, le 16 octobre 2001 (FREDERICK FLORIN / AFP)

L'Unesco a intégré mercredi 6 décembre le chant lyrique italien à son patrimoine immatériel, une décision saluée par Rome comme la reconnaissance d'une marque d'"excellence mondiale". Mardi, c'est le boléro qui avait été inscrit, à la demande de Cuba et du Mexique.

De Scarlatti à Verdi en passant par Monteverdi, les grands airs d'opéra italiens sont chantés dans le monde entier, embellis par des interprétations célèbres comme celle du ténor Luciano Pavarotti (1935-2007). "Transmise oralement entre un maestro et un élève, cette pratique favorise la cohésion collective et la mémoire socioculturelle. C'est un moyen d'expression libre et de dialogue intergénérationnel, sa valeur culturelle est reconnue au niveau national et international", estime l'Unesco. L'institution définit cet art comme "une technique de chant sous contrôle physiologique qui intensifie la puissance vocale dans des espaces acoustiques tels que les auditoriums, les arènes et les églises".

"L'italien provoque la plus grande émotion"

"Après un long et minutieux travail (...) c'est une consécration officielle de ce que nous savions déjà : le chant d'opéra est une (marque d') excellence mondiale, parmi celles qui nous représentent le mieux à travers la planète", s'est réjoui le ministre de la Culture italien Gennaro Sangiuliano dans un communiqué. "L'opéra est né en Italie", rappelait à l'AFP en mai 2022 le Français Stéphane Lissner, directeur du Théâtre San Carlo de Naples, inauguré en 1737 et à ce titre le plus ancien opéra du monde.

Mais pourquoi l'opéra italien serait-il plus légitime à entrer au patrimoine immatériel de l'humanité que ses homologues français ou allemand ? Pour Stéphane Lissner, qui a aussi dirigé la prestigieuse Scala de Milan, "la façon de chanter avec cette langue italienne provoque incontestablement, qu'on soit d'accord ou pas, la plus grande émotion chez les amateurs d'opéra".

"Le boléro est un sentiment"

"C'est une musique qui te fait vivre" lance la chanteuse cubaine Migdalia Hechavarría, bouleversée d'apprendre que le boléro a été inscrit ce mardi au patrimoine immatériel de l'humanité par l'Unesco. Dans sa maison de La Havane, la chanteuse de 82 ans -dont 60 consacrés aux romances emblématiques de Cuba et du Mexique- célèbre la bonne nouvelle en interprétant Me faltabas tú ("L'amour me manquait, la paix me manquait, toi tu me manquais..."), l'un de ses favoris.

"Le boléro est un sentiment, c'est une chose douce, pour que les gens le savourent, pour que celui qui veut tomber amoureux puisse laisser libre cours à son amour, pour que celui qui veut donner un baiser puisse embrasser", poursuit Hechavarría, habituée du Gato Tuerto, un bastion du boléro dans la capitale cubaine.

Né à Cuba avant de gagner le Mexique

Le bolero est né à Santiago de Cuba dans le sud-est de l'île à la fin du XIXe siècle avec Tristeza de Pepe Sánchez, avant de gagner le Mexique voisin. En 1932, c'est une Mexicaine, Consuelo Velázquez, connue sous son diminutif de Consuelito, qui a écrit Bésame mucho, le boléro le plus connu au monde repris par Nat King Cole, Frank Sinatra et les Beatles.

L'âge d'or du cinéma mexicain (1940-60) a popularisé le genre en Amérique latine, avec l'acteur Pedro Infante ou l'auteur-compositeur-interprète Agustín Lara. Des "boleristas" cubains comme Benny Moré ou Rita Montaner ont fait carrière au Mexique, où la renommée de trios comme Los Panchos ont dépassé les frontières.

Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui se réunit depuis lundi au Botswana, devrait valider l'inscription de 55 nouveaux éléments, présentés sous l'angle de traditions communautaires, parmi lesquels le ceviche, le pagne ou la peinture des rickshaws.

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