L'Héritage Goldman, The Rabeats, Abba Gold : le succès en France des "tribute bands" qui rendent hommage aux groupes de légende

Pour faire un bon "tribute", il convient tout d'abord de rendre hommage à un artiste ou un groupe au succès incontestable, plutôt d'obédience pop ou rock, années 1980 ou 1990.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Les musiciens du groupe Abba Gold à Offenburg (Allemagne), 15 novembre 2019. (PHILIPP VON DITFURTH / DPA / AFP)

Immortels ou presque : Queen, Dire Straits, Pink Floyd, Abba et autres artistes de légende se déclinent à travers des "tributes", ces groupes de reprise qui font revivre au public "quelque chose d'impossible" en remontant le temps et les tubes.

"Freddie, je t'aime !", s'époumone un fan de Mercury, alors que résonne We Are the Champions au Dôme de Paris. Seul hic : le vrai Mercury est décédé en 1991.

Entouré de ses musiciens, l'homme sur scène n'est autre que l'Écossais Gary Mullen, qui reprend tout de son idole, voix, costumes, jusqu'au déhanché. À tel point que la mère de Freddie Mercury fut elle-même bluffée. "À la fin du concert, elle lui a dit : grâce à toi, ce soir, j'ai vu mon fils vivant sur scène", se remémore Richard Walter, producteur qui fait tourner plusieurs groupes de reprise, dont One Night of Queen.

Se positionnant comme celui qui a "importé ce phénomène en France" il y a une quinzaine d'années, il rappelle qu'à l'origine, les salles françaises n'étaient guère friandes de ce type de concerts qui faisaient un carton dans les pays anglo-saxons. "Tout le monde s'est foutu de moi et m'a dit : mais t'es fou, qui va voir des faux ?", rembobine Richard Walter, initialement séduit par un groupe de reprises de Led Zeppelin.

"Revivre quelque chose d'impossible"

La France, habituée aux sosies de Johnny Hallyday ou Claude François, comme le Cloclo du film Podium en 2004, s'est peu à peu ouverte au genre. "On va permettre à des gens de revivre un soir quelque chose d'impossible", résume Richard Walter. En retrouvant – ou presque – leurs idoles de jeunesse, les spectateurs revivent aussi les souvenirs d'une époque.

Pour faire un bon tribute, il convient tout d'abord de rendre hommage à un artiste ou un groupe au succès incontestable, plutôt d'obédience pop ou rock, années 1980 ou 1990. Soit le répertoire d'un chanteur défunt, soit celui d'une star vivante, mais qui n'est plus en activité.

Grand succès

Sans tromper le spectateur, le nom du tribute doit faire référence suffisamment clairement au groupe ou artiste originel (L'Héritage Goldman, Abba Gold, So Floyd, Queen Extravaganza...) parfois sous forme de clin d'œil comme Letz Zep (Led Zeppelin) ou The Rabeats (The Beatles).

Certaines productions ont été adoubées, voire montées avec des membres des groupes initiaux : L'Héritage Goldman compte dans ses rangs Michael Jones, acolyte de Jean-Jacques Goldman, tandis que The Dire Straits Experience est piloté par Chris White, saxophoniste du groupe anglais.

The Australian Pink Floyd Show, groupe de reprises des Pink Floyd qui a démarré dans des pubs en Australie et tourne depuis trois décennies, a été reconnu par David Gilmour et Nick Mason.

"Dans deux siècles, on ne sera plus là, mais il y aura des orchestres qui joueront Pink Floyd. Ça sera la nouvelle musique classique", est convaincu Matthieu Drouot, PDG de Gérard Drouot Productions, autre producteur de tributes.

"Le marché est mature"

Face à cet engouement, le créneau est "très porteur", confirme Vincent Dourlet, directeur de Narbonne Arena, dans le sud de la France, soulignant que "côté salles, on a beaucoup de demandes de producteurs et de groupes, donc on essaie de faire passer les bons".

Le spectateur non-initié risque parfois de s'égarer dans cette programmation pléthorique et concurrentielle. "Le marché est mature", note de son côté Richard Walter, qui craint que des producteurs commencent à programmer "des artistes de moyenne qualité".

"C'est un peu comme dans la musique originale : c'est à chaque groupe de faire sa réputation et de construire son image et son spectacle, et puis les meilleurs sortiront du lot."

Matthieu Drouot, PDG de Gérard Drouot Productions

à l'AFP

Même s'ils ressuscitent des stars aux millions d'admirateurs, les tributes n'échappent pas au bouche-à-oreille, selon ces producteurs, sans lequel ils retomberaient vite dans l'anonymat.

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