Vingt ans après son retrait de la scène, le phénomène Jean-Jacques Goldman perdure

À l'occasion de la sortie de "Goldman" d'Ivan Jablonka, Franceinfo revient sur le phénomène Goldman. Personnalité préférée des Français, ventes records d'albums, reprises à succès... Le mythe est toujours intact.
Article rédigé par Juliette Pommier
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le chanteur Jean-Jacques Goldman dans l'émission "L'appel de la couette", diffusée sur TF1 en 1996. (SUZANNE RAULT BALET / SYGMA via Sipa)

C'était le 10 décembre 2002. Un peu plus d'un an après la sortie de son septième album, Chansons pour les pieds, Jean-Jacques Goldman montait pour la dernière fois sur scène, à Bordeaux. Il fera encore quelques apparitions avec "Les Enfoirés" jusqu'en 2014, avant de rendre définitivement son micro. Et pourtant, le chanteur et compositeur, âgé de 71 ans, jouit toujours d'une immense popularité auprès du public. Personnalité préférée des Français depuis douze ans, selon le classement annuel de l'ancien JDD, "JJG" toucherait encore près de deux millions de droits d'auteur chaque année de la vente de ses disques.

Ce vendredi 18 août, l'historien Ivan Jablonka lui redonne vie dans son essai Goldman (éditions du Seuil), à la croisée de la biographie et de la sociologie. À cette occasion, Franceinfo revient sur le phénomène Goldman, un artiste toujours aussi apprécié, même 20 ans après avoir quitté la scène.

Des tubes intergénérationnels

Depuis son premier album Jean-Jacques Goldman (1981), l'interprète de Il suffira d'un signe a composé de nombreux tubes, repris en chœur par des millions de fans. Auteur de plus de 300 chansons, il a vendu plus de 30 millions d'albums. Vingt ans d'absence n'ont pas empêché l'artiste de continuer à fédérer de nouveaux admirateurs autour de sa musique. Jean-Jacques Goldman peut désormais revendiquer trois générations de fans, aficionados de la première heure ou membres de la génération Z, amoureux des années 1980. Ses tubes sont encore diffusés jusqu'à 80 à 90 fois par jour. De quoi réviser (presque) ad vitam eternam ses classiques.

Interprète et parolier pour les plus grands

L'interprète de Quand la musique est bonne est aussi un parolier de légende. Outre ses sept albums solo, il a écrit et composé pour de nombreux artistes : Florent Pagny, Yannick Noah, Johnny Hallyday, Calogero, Marc Lavoine, Cheb Khaled, Garou, Patricia Kaas, Patrick Fiori, Roch Voisine, Ray Charles... Parmi toutes ces collaborations, c'est à Céline Dion qu'il a offert le plus de titres, pas moins de 25 chansons, dont certaines sont devenues des hits. Pour que tu m'aimes encore, S'il suffisait d'aimer ou Encore un soir. Plus récemment, il a écrit pour le groupe Trois Cafés gourmands le morceau Quand (2022).

Auteur engagé, chanteur modèle

Tout au long de sa carrière, Jean-Jacques Goldman a marqué les esprits avec des morceaux engagés. Le chanteur à textes, ancien étudiant en sociologie, est un fin chroniqueur de son époque : il évoque les familles monoparentales choisies (Elle a fait un bébé toute seule, 1987), le changement de milieu social (Envole-moi, 1984), l'avancée du chômage (C'est pas grave papa, 1976), la montée du racisme (Peurs, 1990) ... "Au-delà de ses ventes énormes, des disques d'or et autres récompenses, Goldman défend les valeurs de fraternité et de solidarité", explique Ivan Jablonka à Libération. Jean-Jacques Goldman est aussi une figure de l'engagement social-démocrate : "Il n'y a pas d'équivalent : Renaud est plus radical, Balavoine, contestataire. Quand aux ex-yéyé, Hallyday ou Sardou, ils ont dérivé à droite. La centralité de Jean-Jacques Goldman [...] en fait un personnage dans lequel on peut facilement se projeter", analyse l'historien dans L'Obs.

Un artiste apprécié pour ses qualités humaines

Très discret sur sa vie privée, préférant de loin l'ombre à la lumière, Jean-Jacques Goldman est aussi apprécié pour sa discrétion. Sous ses allures "passe-partout", cette anti-star incarne aussi une certaine idée de la morale. Installé depuis plusieurs années à Londres, l'artiste a répété à plusieurs reprises qu'il avait à cœur de payer ses impôts. "60% d'impôts sur le revenu payés au fisc", selon un hors-série de Télé7Jours hors-série (2021). Il est aussi réputé pour être toujours proche de ses fans, malgré sa retraite : Le Parisien raconte que le chanteur continue de répondre au courrier de ses admirateurs. Outre ces qualités, Jean-Jacques Goldman est aussi l'une des figures emblématiques des Enfoirés. Il a notamment écrit l'hymne du collectif, La Chanson des Restos, en 1986. Dès sa sortie, le single est vendu à 533 900 exemplaires.

Le succès des reprises

L'héritage de Goldman n'a pas disparu lorsque Jean-Jacques est descendu de la scène. Depuis son retrait de la vie publique, plusieurs groupes de reprises se sont formés et ont connu eux aussi le succès. Entre 2012 et 2013, le collectif Génération Goldman, mené par M Pokora, Shy'm, Tal et d'autres, écoule à plus de 800 000 exemplaires leur album. Quelques années plus tard, en 2022, le groupe L'Héritage Goldman, sous la houlette de l'ancien guitariste et ami de "JJG" Michael Jones, se lance lui aussi dans une tournée des zéniths, au son de Pas toi, C'est ta chance... La bande devrait assurer encore 70 dates de concerts, jusqu'en novembre 2024.

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