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Tony Paeleman, des paysages sonores entre jazz et pop

Originaire de Nice, établi à Paris, le pianiste de jazz Tony Paeleman a sorti cet automne son premier album, "Slow Motion". Un disque mélodieux, empreint d’une atmosphère tantôt sereine, tantôt nimbée d’une mélancolie fugace aux accents pop et rock. Il joue le 27 janvier à Paris, au Duc des Lombards. L’occasion de faire plus ample connaissance avec un artiste attachant et prometteur.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Tony Paeleman
 (Jean-Baptiste Millot)
Né à Nice il y a 32 ans, Tony Paeleman a terminé au CNSM des études musicales entamées au conservatoire de sa ville d’origine. Installé à Paris depuis 2005, il a tracé sa voie en accompagnant, souvent au Fender Rhodes, des artistes de tous horizons comme l’accordéoniste Vincent Peirani, la chanteuse Sonia Cat-Berro, les saxophonistes Olivier Bogé et Émile Parisien, son groupe 117 Elements, le groupe hip-hop Milk Coffee & Sugar, le chanteur-batteur Christian Vander (Magma) ou des musiciens du collectif Paris Jazz Underground.

Fort de ses expériences de sideman, Tony Paeleman s’est lancé dans son propre projet, acoustique et en quartet. Il s’est entouré de Karl Jannuska (batterie), Nicolas Moreaux (contrebasse) et Julien Pontvianne (saxophone), avec le renfort de Pierre Perchaud (guitare) et Sonia et Lisa Cat-Berro (chœurs).
Baptisé "Slow Motion" (du nom du titre qui clôt l’album), le premier recueil discographique du pianiste est sorti le 14 octobre 2013 sur le label de Paris Jazz Underground. Il renferme huit compositions personnelles, fresques sonores, inspirant des images, ponctuées de variations de climat, servies par des rythmiques pop et rock, et une reprise de Thelonious Monk. "Slow Motion" a reçu le soutien du pianiste Pierre de Bethmann ainsi que de Daniel Yvinec (ex-patron de l’ONJ).
Cinq questions à Tony Paeleman
Petite interview, réalisée lundi 20 janvier, du pianiste trentenaire au talent et à l’imaginaire foisonnants, à quelques jours de son double set au Duc des Lombards...
 
- Culturebox : Vous travaillez beaucoup en tant que sideman. Depuis quand nourrissiez-vous le projet d’enregistrer votre premier album en leader ?
- Tony Paeleman : C’est un rêve que j’avais en tête depuis mes vingt ans. J’avais envie de faire ma propre musique. Mais j’idéalisais ce que ça pouvait représenter de sortir un album, j’avais moins la notion de tout le cheminement du disque : création, enregistrement, recherche de label… Ces dernières années, je ne me sentais pas encore mûr. Ça me rassurait de jouer la musique des autres, de m’imprégner de toute leur énergie, leurs accords, leur univers. Puis il a fallu que je me lance. J’ai pu le faire grâce à la confiance que j’avais gagnée en jouant avec les autres. Et en vieillissant, j’ai pu me recentrer sur l’objectif de faire simplement ce que j’aime, une construction de la musique que j’ai dans mon cœur.
Tony Paeleman
 (Sylvain Gripoix)


- À quel âge avez-vous commencé à composer ?
- Vers l’âge de 16 ans, quand j’ai commencé à avoir un peu d’indépendance en harmonie. Mais je composais seulement pour moi, à la maison. Je m’y suis mis plus sérieusement à 18 ans, au conservatoire. En vérité, je ne peux pas dire que je sois très prolifique. J’ai besoin d’une échéance pour composer, ou alors de savoir que j’écris pour le groupe ou pour un musicien, en vue d’un concert, d’un album…

- Racontez-nous l’écriture de "Slow Motion"…
- Je n’avais pas le projet d’exprimer un sentiment ou un message particulier. Le disque a été enregistré en septembre 2012. Je l’ai donc composé durant l’année 2012, à une époque où je jouais beaucoup avec des gens que j’aimais, comme Olivier Bogé, Sonia Cat-Berro… J’étais heureux. Mais même quand je suis heureux, j’aime bien qu’il y ait un côté "dark" (sombre, ndlr), un peu bizarre, dans la musique. Si je trouve que les choses sont trop proprettes, j’ai envie d’ajouter quelque chose d’organique, une distorsion, ça peut être toute sorte d’imperfection, une rythmique compliquée… Au départ, mes compositions partent d’improvisations au piano. Une fois que la base d’un morceau est créée, j’aime bien réfléchir sur la forme, trouver des formes à tiroir, plus inspirées de la pop ou de la musique classique. J’aime bien sortir des structures du jazz traditionnel.
 


- Qu’est-ce que la réalisation de ce premier disque vous a appris sur vous-même ?
- J’ai compris que j’avais vraiment ce truc en moi, cette envie de mener mon propre projet. Je me suis senti à ma place. C’est une véritable jubilation de former votre propre groupe, de choisir vos morceaux, l’ordre dans lesquels vous allez les enregistrer, et avec qui vous voulez les enregistrer. C’est génial, c’est ça que j’aime faire ! Il est vital pour moi de faire de la musique, de jouer mes morceaux, d’improviser. Faire cet album m’a apporté plus de confiance et m’a donné envie de continuer. Ça m’a procuré plein de bonheur et du courage pour la suite. Je puise dans l’énergie que me donne la musique pour continuer, parce que porter un projet en tant que leader comporte des difficultés qui dépassent le cadre de la musique.

- Quelles sont ces difficultés ?
- La musique et la production ne sont qu’une étape. J’ai été obligé d’apprendre sur le tas à être mon propre agent, mon propre tourneur, à démarcher les programmateurs, à me vendre, alors que je ne suis pas commercial, mais musicien… Ça prend un temps fou. J’espère trouver un agent afin de pouvoir consacrer plus de temps à la musique. J’ai commencé à écrire des petits trucs pour le prochain album. Je souhaite l’enregistrer au plus tard fin 2014, début 2015.

(Propos recueillis par A.Y.)

Tony Paeleman Quartet en concert à Paris
Lundi 27 janvier 2014, 20H et 22H
Au Duc des Lombards
Les infos ici

> L'agenda concert de Tony Paeleman

Tony Paeleman : piano
Julien Pontvianne : saxophone
Nicolas Moreaux : contrebasse
Karl Jannuska : batterie

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