Sanseverino : l'effet "Papillon" transporte le public de Jazz à Vienne
De l'humour, de l'espièglerie et un brin de provocation aussi... La première partie de cette nouvelle soirée de Jazz à Vienne n'aura pas laissé le public indifférent. Devant un théâtre antique plein jusqu'aux derniers gradins, Sanseverino a offert un spectacle aux propos de plus en plus engagés, qui a enflammé les uns - très majoritaires, au moins à l'applaudimètre - et sans doute un peu refroidi d'autres.
La liberté compte plus que tout
La thématique de son sixième et dernier album, "Papillon" (sorti à l'automne 2015), n'est déjà pas tout à fait anodine. Après avoir dévoré le best seller du même nom d'Henri Charrière (paru en 1969) lorsqu'il était adolescent, Sanseverino est resté hanté par ce bagnard pour qui la liberté compte plus que tout.Pour chaque chapitre, il a écrit une chanson qui embarque l'auditeur dans une nouvelle aventure rocambolesque, depuis la condamnation de Papillon pour meurtre, en France ("Le procès"), jusqu'à sa libération ("Un costume bleu"), en passant par ses évasions ratées depuis le bagne de Cayenne, où il est enfermé, et les histoires d'autres bagnards, comme "La jambe de bois".
Karaoké littéraire
C'est donc à un "karaoké littéraire", selon les termes de l'artiste, que le public est invité à participer et il ne se fait pas prier. Voilà comment, dans une ambiance survoltée, les spectateurs se sont retrouvés à chanter à tue-tête et de bon coeur : "Voici l'histoire d'un homme... que l'on dévora, en le faisant rôtir... avec sa propre jambe de bois" !
Extrait de "Nénette" interprété sur la scène de Jazz à Vienne.
Entouré d'un groupe particulièrement pêchu (et souvent hilare) composé de Jean-Marc Delon au banjo, Christian Seguret à la mandoline, Christophe Cravéro au violon et Olivier Andrès à la contrebasse, Sanseverino donne vie sur des tempos bluegrass à ce personnage atypique auquel il s'identifie (à découvrir dans la bande-dessinée du livre-CD "Papillon est Sanseverino", réalisé avec Cécile Richard et Sylvain Dorange pour les illustrations).
Extrait de "Ça démarrait mal" sur la scène de Jazz à Vienne
Un chanteur engagé
Changement de style et de ton après cette première partie au bagne. Sanseverino reprend quelques morceaux plus anciens de son répertoire. À la tonalité plus rock de "Les rockers aiment la java" (Honky Tonk - 2013) succède "L'Etrangère" (Les Sénégalaises - 2004).Avant d'entonner la chanson écrite par Louis Aragon et Léo Ferré en 1961, l'artiste invective le public, l'appelant à "ouvrir sa porte aux réfugiés, aux migrants". Sifflements des uns, applaudissements des autres... "Je sens que tout le monde n'est pas d'accord ! Il y a beaucoup de gens de droite dans le public ? Tolérance putain !", lance Sanseverino avant de reprendre sa guitare. Et la musique repart avec un théâtre antique en mode sautillant...
La fin du concert, avec notamment une reprise de "Cayenne", chanson anarchiste qui circulait dans les bagnes au début du XXe siècle, s'achève dans le même esprit à la fois militant et bon enfant.
Sanseverino avait décroché en 2003 la "révélation scène" aux Victoires de la musique. Aujourd'hui encore, pour peu que l'on ne veuille pas lui "lancer des tomates" pour ses engagements politiques comme le suggérait un spectateur vendredi soir, c'est bien sur scène qu'il donne toute sa démesure.
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