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Paris Jazz Festival 2015 : les capitales du jazz à l'honneur

À partir du 7 juin, jusqu'au 26 juillet, le Parc floral de Paris accueille la 21e édition du Paris Jazz Festival. Durant huit week-ends thématiques, le public découvrira des représentants des grandes capitales du jazz, de Paris à New York, de Londres à Tel-Aviv, sans oublier un hommage particulier à Bamako. Pierrette Devineau, directrice et programmatrice, répond aux questions de Culturebox.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
L'espace Delta, principale scène du Paris Jazz Festival
 (Maëlle Henaff)

Fondé en 1994, le Paris Jazz Festival, organisé dans le cadre somptueux du Parc floral, situé dans le bois de Vincennes (mais rattaché à la capitale), programme plusieurs concerts par week-end, le samedi et le dimanche après-midi, avec aussi trois spectacles en nocturne, qui se tiennent dans l'espace Delta ou sur la Barge à Jazz. Le festival propose aussi des ateliers musicaux pour les enfants.

Cette année, le coup d'envoi a lieu dimanche 7 juin à midi avec le groupe anglais Young Pilgrims. À 14h15, l'excellent contrebassiste Stéphane Kerecki, nommé aux Victoires du Jazz, présentera son splendide hommage aux musiques des films de la Nouvelle Vague. Il sera suivi par le trio britannique GoGo Penguin, qui connaît un succès croissant de ce côté-ci de la Manche et qui est très apprécié par Pierrette Devineau, directrice de CC Production, société organisatrice du festival.


- Culturebox : Pouvez-vous résumer votre histoire avec le Paris Jazz Festival ?
- Pierrette Devineau : En 1988, j'ai monté une boîte de production, CC Production (CC pour "Côté Cour"), qui fait de la production de disques, de concerts... Depuis 2009, nous sommes titulaires du marché de la Ville de Paris pour le Paris Jazz Festival et nous gérons donc cette manifestation. Je m'occupe aussi de la programmation artistique du festival avec Sébastien Danchin.

- Cette année, la grande thématique du festival, c'est le voyage, par le biais des grandes capitales mondiales du jazz. On sent une motivation d'évoquer par ce biais l'histoire du jazz, et l'histoire tout court.
- L'histoire tout court, bien sûr, et surtout l'évolution du jazz européen. Quelques villes européennes sont au programme, dont Rome, Stockholm... Et évidemment New York, incontournable. Avoir cette thématique cette année, c'était un vrai choix de programmation artistique. Mettre l'accent sur le rapport de Paris avec les autres villes musicales importantes dans le jazz.

- Y a-t-il une ville que vous aviez particulièrement envie de mettre en valeur ?
- Elles m'attirent toutes. Mais la scène israélienne, extrêmement foisonnante, m'intéresse énormément. On est allé plusieurs fois en Israël, on a assisté à des showcases et on a découvert des artistes vraiment incroyables. J'avais aussi très envie que l'on parle de Bamako, vu ce qui se passe au Mali. C'était une manière de montrer notre engagement auprès des artistes de ce pays. Et bien sûr New York, une fois de plus, car c'est l'une des grandes capitales du jazz avec Paris.

- Quels sont vos coups de cœur personnels, ainsi que les artistes à ne surtout pas manquer dans cette édition 2015 ?
- C'est une très bonne question ! Au-delà de programmer ce qu'on aime et les artistes pour lesquels on a des coups de cœur, on essaie de programmer ce qu'il nous semble important de faire découvrir au public. En termes de coup de cœur, je dirais GoGo Penguin, qui joue ce dimanche. J'ai adoré le disque de ces jeunes Anglais qui, sur une base classique de trio piano-basse-batterie, sont complètement déjantés. Je les ai vus sur scène au festival de Cully et je pense qu'ils vont vraiment mettre le feu. J'adore aussi le trompettiste Avishai Cohen. Il y a enfin le tromboniste Nils Landgren : c'est très grand public, funk, accessible. Je suis d'autant plus ravie qu'il ne vient pas souvent en France.


- Et du côté des musiciens qu'il vous semble important de faire connaître ?
- Je suis très contente de recevoir les Imani Winds. Au Parc floral, quand s'achève le Paris Jazz Festival, le festival Classique au Vert lui succède. Chaque année, lors de notre dernier week-end, on essaie de proposer au public une programmation un peu cross-over entre jazz et classique, en guise de passage de relais. Cela fait très longtemps que l'on voulait recevoir les Imani Winds, mais on n'y arrivait jamais car elles étaient toujours engagées ailleurs sur cette période. C'est un quintet à vent formé par des musiciens afro-américains, quatre filles et un garçon. Au départ, ils font plutôt de la musique de chambre. Mais ils ont une manière de jouer... Le groupe s'est rapproché de gens comme Wayne Shorter, Paquito D'Rivera ou Jason Moran, qui lui ont écrit des morceaux. Donc c'est un truc de fou... Et il y a bien sûr Airelle Besson, dont on parle beaucoup aujourd'hui puisqu'elle est nommée pour les Victoires du Jazz et lauréate du Prix Django Reinhardt. J'adore le projet Éternité qu'elle va présenter en quartet, le dernier soir, avec Rhoda Scott, ainsi qu'avec un chœur de trente personnes qu'elle a fait travailler durant toute la saison.


- Le Paris Jazz Festival, c'est non seulement un événement musical, mais aussi une manifestation familiale...
- C'est quelque chose qui fait partie de notre cahier des charges. Au-delà des concerts, on doit proposer au public un certain nombre d'animations tout au long de la journée. On a fait le choix d'organiser des ateliers de découverte, de fabrication, des jeux musicaux... Ça marche très fort, ça ne désemplit pas. Il y a tout le temps du monde et de l'animation.

- Qu'avez-vous envie de dire à des personnes qui ne connaissent pas encore le Paris Jazz Festival ?
- Grâce à la politique tarifaire de la mairie de Paris, qui implique un prix très bas incluant des animations et des concerts gratuits, puisque l'on ne paye que l'entrée au Parc, je trouve qu'au-delà des aficionados qui sont bien sûr majoritaires, cette manifestation estivale peut toucher des gens moins intéressés par le jazz et leur permettre de découvrir des groupes qu'ils n'auraient jamais été écouter ailleurs. C'est dans ce sens que nous considérons presque notre travail comme une mission de service public.

- Depuis votre arrivée à la tête du festival en 2009, quels sont vos plus grands souvenirs ?
- Entendre Jan Garbarek (saxophoniste norvégien, ndlr) dans ce lieu, c'était quelque chose d'absolument magique, par exemple. Il y a eu aussi Roberto Fonseca (pianiste cubain), venu une première fois avec son groupe, puis une autre fois avec Fatoumata Diawara (chanteuse malienne).

- Depuis six ans, avez-vous vu le public évoluer ?
- Oui - et c'est ce qui me remplit de joie -, j'ai surtout observé un rajeunissement du public. C'est certainement dû, en partie, à ce qu'on programme. Quand on fait venir Snarky Puppy, Cody Chesnutt, on touche forcément un public plus jeune. Chaque année, on le constate très nettement, sur des grands noms, mais aussi sur des découvertes, car on a à cœur de programmer des artistes émergents, qui commencent à avoir une renommée d'abord dans un petit cercle. Ces artistes sont jeunes, leur public est jeune aussi, et il les suit.


- Votre plus grande fierté après ces six années passées à la tête du festival ?
- Ce qui me rend le plus fière, c'est le public. C'est un public formidable, extrêmement captif, qui se déplace quand il fait mauvais. Quand on est arrivé à la tête du festival, des gens disaient : "De toute façon, c'est un festival qui marche tout seul ! Il fait beau, le parc est beau !" Mais non, pas du tout, ça ne marche pas tout seul ! Ça marche sur la programmation. Quand on a une année complètement pourrie, où il pleut et fait -7 degrés six week-ends sur huit, et qu'on fait un bilan de 80.000 entrées, ce n'est pas parce qu'il fait beau ! Pour moi, c'est une fierté d'avoir tordu le coup à cette image de "facilité".

- Combien de spectateurs le festival a-t-il reçus en 2014, et combien en espérez-vous cette année ?
- L'an passé, on a fait 93.737 entrées. Pour cette édition, on aimerait bien dépasser les 100.000. Mais pour cet objectif, c'est la météo qui aura le dernier mot...

- Pour finir, y a-t-il un dernier message que vous aimeriez faire passer ?
- Notre ambition, c'est aussi que ce festival rayonne davantage à l'international. Nous souhaiterions par ailleurs que la mairie de Paris se rende compte que c'est un formidable outil de communication dont elle ne se sert pas assez. Tel est notre objectif pour les quatre prochaines années durant lesquelles nous aurons ce festival en charge.


Paris Jazz Festival
7 juin - 26 juillet 2015
Accès par le Parc Floral de Paris
Entrée principale : esplanade Saint-Louis par le Château de Vincennes
Entrée Nymphéas : Avenue de la Pyramide
Prix : 6 euros (plein tarif) pour l'entrée du Parc, ou 3 euros (tarif réduit)
Pass festival : 22 euros (PT), 11 euros (TR)
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