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La mort de Mark Murphy, grand vocaliste de jazz

Improvisateur aussi brillant qu'original, il était une éminence du jazz vocal. Après une carrière de près de soixante ans, le chanteur américain Mark Murphy s'est éteint jeudi 22 octobre dans le New Jersey. Il était âgé de 83 ans.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Mark Murphy au festival Nordring, à Oslo, le 5 juin 1975
 (Rob Bogaerts / Anefo)

"He's my equal", disait de lui la grande Ella Fitzgerald, de 15 ans son aînée. Avec sa virtuosité, son phrasé très particulier et ce timbre clair empreint parfois d'une malicieuse désinvolture, Mark Murphy a inspiré des générations de chanteurs de jazz, parmi lesquels David Linx ou Kurt Elling.

Vocaliste plusieurs fois nommé aux Grammy Awards, désigné à trois reprises chanteur de l'année par le magazine "Down Beat", une institution outre Atlantique, il était aussi parolier et avait posé ses mots sur plusieurs standards de jazz.


Né le 14 mars 1932 à Syracuse, dans l'État de New York, Mark Murphy grandit dans une ambiance très musicale, auprès de parents qui se sont rencontrés dans le chœur d'une église méthodiste où sa grand-mère et sa tante étaient organistes. Plus tard, il rejoint comme chanteur le groupe de ses frères avant d'être diplomé en musique et en art dramatique en 1953. La même année, un certain Sammy Davies Jr le remarque à une jam session.

En 1954, Mark Murphy s'installe à New York, travaillant à la fois comme chanteur et acteur. Il sort son premier disque en 1956, "Meet Mark Murphy", puis un second en 1957 avant de partir à Los Angeles enregistrer pour Capitol Records.

Il revient à New York où il enregistre, à 29 ans, l'album "Rah !" en 1961, sur le label Riverside, avec un casting de luxe incluant les pianistes Bill Evans et Wynton Kelly, le trompettiste Clark Terry, le tromboniste Urbie Green et le batteur Jimmy Cobb.


Mark Murphy part à Londres travailler comme acteur à la fin des années 60, avant de revenir aux États-Unis en 1972. Dans les années 70, sa carrière de chanteur prend une tournure internationale à la faveur d'une série d'albums sortis sur le label Muse. 


Dans les années 80, Mark Murphy se tourne vers un répertoire brésilien. Il célèbre Antônio Carlos Jobim ("Brazil Song", 1984) puis chante Ivan Lins ("Night Mood", 1987). Par la suite, il continue d'enregistrer, notamment pour le label Verve, et enchaîne les collaborations avec des musiciens de tous horizons.

Mark Murphy avait donné ses derniers concerts en 2012. La maladie l'avait ensuite tenu éloigné de la scène.

L'hommage de David Linx

Sur l'antenne de TSF Jazz, le chanteur belge David Linx a rendu hommage à Mark Murphy : "J'étais tout jeune, j'avais 15, 16 ans, je voulais vraiment devenir chanteur de jazz. Ça a été pour moi une énorme claque. J'aimais surtout les chanteuses de jazz pour leur souplesse, leur sensibilité, leur sensualité. Et là, c'était la première fois que j'entendais un chanteur de jazz interpréter des ballades en sortant du rôle de crooner pur.
On s'est super bien entendu. Plus tard, je l'ai accompagné en tant que batteur pendant ses tournées en Europe. Je l'ai beaucoup écouté et regardé. C'était les meilleurs cours de chant possibles. Il m'a forcément influencé parce que pendant des années, je n'ai écouté que Mark Murphy. Ensuite, on a pas mal chanté ensemble. Il est arrivé à un moment où il y avait Tony Benett, Frank Sinatra et Mel Tormé. C'était comme si il amenait une petite dissidence, quelque chose d'avant-garde. Il ne plaçait pas les mots là où les gens les plaçaient et les accompagnait aussi d'une note pas toujours orthodoxe. Ce n'était pas du free jazz, mais il faisait complètement autre chose avec les phrases rythmiquement placées et le choix des notes."

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