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L'Académie du Jazz a 60 ans : Géraldine Laurent à l'affiche d'une soirée de gala

Pour ses 60 ans, l'Académie du Jazz voit les choses en grand. D'habitude, elle livre son palmarès dans le grand foyer du théâtre du Châtelet. Lundi soir, elle investit cette fois la grande salle pour un concert de prestige avec, entre autres participants, Géraldine Laurent (qui se confie à Culturebox), René Urtreger, Pierrick Pédron, Airelle Besson, Henri Texier, le Duke Orchestra ou Sanseverino.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Géraldine Laurent (avril 2015)
 (Steve Wells)

C'est donc la première fois que l'Académie du Jazz organise sa cérémonie annuelle dans une grande salle de concert. L'institution a été fondée il y a soixante ans par une quinzaine de passionnés qui s'étaient rencontrés dans la cave du Hot Club de Paris, bientôt soutenus par des personnalités comme Boris Vian, Frank Ténot et André Hodeir, ce dernier étant devenu le premier président de l'Académie. L'institution se compose aujourd'hui d'une soixantaine de membres : journalistes, écrivains, animateurs radio, programmateurs de festivals ou musicologues.

Pour célébrer cet anniversaire, François Lacharme, président depuis 2005, a souhaité une "soirée exceptionnelle", "ouverte au grand public". "Au fur et à mesure de son évolution, l'Académie du Jazz est devenue non seulement un baromètre de la vie du jazz sur le plan national (et, pour une bonne mesure, international), mais aussi l'outil de promotion voulu par ses fondateurs", souligne-t-il dans le dossier de présentation de l'événement.

Une cérémonie en deux parties

Lundi 8 février, en première partie, l'Académie du Jazz invite huit lauréats du prestigieux Prix Django Reinhardt (qui désigne le meilleur musicien français de l'année) à se produire sur un plateau "All Star" : le pianiste René Urtreger (lauréat en 1961), le contrebassiste Henri Texier (1977), le trompettiste Éric Le Lann (1983), le batteur Simon Goubert (1996), les saxophonistes Pierrick Pédron (2006), Géraldine Laurent (2008) dont le dernier album "At Work" remporte un grand succès (voir interview plus bas), Stéphane Guillaume (2009), la trompettiste Airelle Besson (2014). Ils joueront dans différentes formules et devraient se réunir pour le final du set.

Le Duke Orchestra de Laurent Mignard, qui célèbre l'œuvre de Duke Ellington, sera l'hôte de la seconde partie. Il a invité pour l'occasion des musiciens d'horizons divers : le violoniste Jean-Luc Ponty, le saxophoniste anglais John Surnam et le chanteur Sanseverino.

Dix trophées doivent être décernés en cours de soirée.


7 questions à Géraldine Laurent


- Culturebox : Votre album "At Work", sorti mi-octobre, a reçu un formidable accueil auprès de la profession (Grand Prix Jazz de l'Académie Charles Cros, prix de la Musicienne de l'année pour "Jazz Magazine"...) et du public (7000 exemplaires vendus jusque-là, un très bon chiffre dans la conjoncture actuelle du jazz !). Votre réaction ?
- Géraldine Laurent : Il se passe un peu la même chose qu'il y a dix ans (articles élogieux, succès à des festivals, nombreux prix, ndlr). Évidemment, je suis ravie et très touchée d'avoir ce retour de la profession bien sûr, mais aussi du public parce que le disque se vend plutôt bien par rapport à du jazz et par rapport à ce que je fais d'habitude ! Je suis ravie pour toute mon équipe et pour la production qui a fait un boulot absolument formidable. J'ai beaucoup de chance.

- Pour vous, ce succès est donc aussi celui d'une équipe de choc, puisque vous étiez entourée de Paul Lay au piano, Yoni Zelnik à la contrebasse, Donald Kontomanou à la batterie, sans oublier Laurent de Wilde à la production...
- Oui, justement, il y a vraiment ce côté "équipe" et pas "entreprise". On se retrouve, on essaye de fabriquer quelque chose tous ensemble, on a pour seul but de proposer quelque chose qui puisse donner un peu de plaisir aux gens autant que ça nous en donne. Laurent de Wilde a fait un très, très beau travail de direction artistique. Il m'a fait confiance, tout le monde était en confiance, ce qui est très agréable.

- Quels beaux souvenirs, quelles belles images gardez-vous de l'écriture, de l'enregistrement de ce disque ?
- Ce que je garde, c'est l'investissement de tout le monde. Comme je n'ai pas forcément une grande confiance en moi, non seulement sur mes compositions car je ne suis pas une grande compositrice, mais également sur mon jeu, j'ai été soutenue par les musiciens formidables avec qui je travaille. Ça s'est fait finalement assez vite. On n'a pas joué beaucoup avant d'enregistrer. En arrivant au studio, on n'était pas tendus mais plutôt sereins en se disant : "Voilà ce qu'on va proposer, c'est ça aujourd'hui. Et quand vous viendrez en concert, ce sera certainement autrement." Mais toujours avec la même matière, le même son. À partir de choses pas forcément très complexes mais déjà définies, on essaye vraiment d'improviser dans le collectif, de communiquer. C'est le fameux interplay (interaction, ndlr) : on est en train de jouer, on s'écoute, on cherche, on développe, c'est instinctif. je suis ravie de cette grande écoute, cette sympathie, cette générosité, cette bienveillance entre les musiciens et au sein de toute l'équipe. Il y a plein d'ondes positives !

- Combien de temps ont duré les sessions en studio ?
- Ça a duré très peu de temps. On avait trois jours. Le premier jour, on prépare le son le matin. Et finalement, on a enregistré presque tout en une journée et demie. On n'a pas fait beaucoup de prises pour chaque morceau. À chaque fois il se passait des choses différentes, alors on a fait des choix de versions pour l'album, sans montage ou retouche à mon souvenir. Le dernier jour, on a tenté de refaire une sorte de version de concert, mais ça a été un peu plus compliqué, je crois qu'on avait déjà tout donné avant ! Alors on a orienté notre choix sur les versions de la journée et demie qui avait précédé.
 



- Ce qui explique qu'il émane du disque cette sensation de fraîcheur, de spontanéité, d'intensité...
- Même si on enregistre en cabine, on est très concentrés et c'est un peu des versions de concert. Il y a même un moment, sur le morceau "At Work", où je crois qu'on "se plante" dans le sens où on est partis dans un truc... Mais on ne l'a pas coupé, on l'a gardé tel quel. Ma culture, c'est les disques des années 1930 à aujourd'hui. Mais j'écoute surtout ceux des années 40, 50, 60. Ils enregistraient tellement ! J'ai souvenir de choses où on entend des erreurs, même si ce n'est pas des erreurs, en fait. C'est le mouvement de l'improvisation. J'aime bien ce côté fragile et "roots".

- Vous êtes à l'affiche du grand gala de l'Académie du Jazz. Comment cela va-t-il se passer ?
- Je suis vraiment ravie et flattée d'avoir été appelée pour cette soirée. Je vais jouer en première partie où je vais retrouver de magnifiques musiciens que j'aime beaucoup, parmi lesquels Henri Texier avec qui j'ai pas mal travaillé, René Urtreger, Simon Goubert... Il s'agit d'une réunion des lauréats du Prix Django Reinhardt dans laquelle on est tous sidemen et leaders en même temps. On va faire du jazz comme on l'aime, on va jouer des morceaux qu'on connaît tous et on va essayer d'improviser. C'est ça qui est beau dans le jazz : comme on a tous un langage commun, on va en sortir quelque chose, avec joie et désir de dialoguer, et d'en faire profiter aux gens. En deuxième partie, Laurent Mignard, avec son Duke Orchestra, invite d'autres musiciens. Le point essentiel, c'est que tout le monde est ravi de se retrouver, avec toutes les générations du jazz.

- Qu'avez-vous envie de dire aux gens pour qu'ils viennent lundi soir à cette soirée ?
- Il faut venir parce qu'il y a toute l'histoire du jazz, tout simplement ! L'histoire du jazz français, avec des musiciens magnifiques... Le jazz n'est pas mort, quoi ! Ce sera très varié, avec plein de musiciens différents. Il y aura ce qu'on aime dans le jazz et qui fait que les gens nous disent toujours : "Comment faites-vous pour vous retrouver sans avoir répété et joué ?" C'est ce langage commun qui nous permet de proposer toutes ces petites histoires à raconter...

Soirée de l'Académie du Jazz
Lundi 8 février 2016, 20H
Théâtre du Châtelet
2, rue Édouard-Colonne Paris 1er
Avec le partenariat de la Fondation BNP Paribas

> Palmarès 2014 (cérémonie du 19 janvier 2015)
> Palmarès 2013 (cérémonie du 14 janvier 2014)
> Palmarès 2012 (cérémonie du 15 janvier 2013)

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