Jazz sous les pommiers : l'énergie sidérante de Jacob Collier
Natif du Nord de Londres, Jacob Collier, qui fêtera ses 23 ans le 2 août prochain, s'est construit au sein du domicile familial un antre intégralement dédié à la musique. Dans cet espace sacré, où il a grandi et où il travaille aujourd'hui encore, il a refaçonné à sa manière des musiques illustres, de Stevie Wonder à George Gershwin en passant par les Beatles. Il a aussi composé ses propres chansons. Il a rendu hommage à ce repaire musical dans son premier album, "In My Room" (dans ma chambre), sorti en juillet 2016. "Room" voulant dire aussi "place" en anglais, le jeune homme soulignera sur scène le sens symbolique de cette expression, "en particulier à notre époque", souhaitant à chacun de pouvoir "trouver sa place ainsi qu'un espace dédié à ses imaginations".
Repéré par des légendes comme Quincy Jones, devenu artiste professionnel, il parcourt désormais le monde. A Coutances comme sur les quelque 150 scènes où il s'est produit depuis dix-huit mois, Jacob Collier, véritable Monsieur 100.000 volts à l'anglaise, électrise tout ce qu'il touche. Avec une énergie sidérante, il transpose sur scène ses folles expérimentations, bondissant entre ses nombreux instruments : un piano, deux claviers, deux guitares, une basse, une contrebasse électrique, un mélodica, une batterie, des percussions, le tout démultipliable à l'infini grâce à un arsenal d'outils d'effets et de sampling de ses propres riffs et phrases musicales. Sur un écran perché au dessus de sa tête, on voit parfois danser ses clones en images de synthèse réalisées pendant la performance.
Sur scène, il est chez lui, dans une totale décontraction
La scène, il s'y sent tellement chez lui qu'il s'y produit en totale décontraction : au Théâtre municipal de Coutances, il est venu en tee-shirt blanc à manches longues avec carré noir imprimé, en pantalon ample multicolore et en chaussettes sombres. Il est chez lui et nous sommes ses invités : il communique sans cesse avec le public, l'incitant inlassablement à taper des mains, demandant aux "fans de Stevie Wonder", des Beach Boys ou de Gershwin de se manifester, divisant l'audience en deux parties pour chanter le refrain d'une de ses chansons.C'est dans les moments les plus rythmés, entre funk, jazz et pop, que Jacob Collier est le plus en osmose, dans l'échange, avec le public. Mais parfois, il se met au piano et chante une longue ballade mélancolique. Alors, on a la sensation qu'il se met à jouer davantage pour lui-même, qu'il plonge dans une mystérieuse introspection, qu'il est peut-être retourné "dans sa chambre"... Mais qu'importe. La performance globale est stupéfiante. Il n'a pas 23 ans. Jacob Collier, un artiste à suivre de près, clôt le concert par une magnifique reprise, celle du légendaire "Blackbird" des Beatles, l'une des plus belles chansons de Paul McCartney.
Pour se faire une idée du travail de Jacob Collier :
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