Jazz à Vienne: Thomas Enhco, brillante relève du piano
Le Théâtre antique n'est pas vraiment inconnu à Thomas Enhco. La première fois qu'il a grimpé sur la scène du festival Jazz à Vienne, il avait 10 ou 12 ans, il ne se souvient plus précisément, il jouait du violon, invité par un certain... Didier Lockwood, rien que ça ! Son ex beau-père ne s'était pas trompé. Car cette "première grosse scène" forcément impressionnante, comme il le raconte au public, allait en appeler de nombreuses autres par la suite.
A Vienne toujours, en grand pour le concert d'ouverture des enfants, avec Didier Lockwood encore, alors qu'il avait 17 ans et s'affirmait au piano. Au club de minuit ensuite, ou l'an dernier avec le Moutin Factory Quintet pour sa première soirée French Touch.
Piano solo
"Chaque fois que j'ai joué ici, je me suis senti porté par le monde, la beauté du lieu, la qualité de l'acoustique" nous avouait-il avant le concert.Lundi soir, en "set découverte" de la soirée dédiée aux musiciens français, il est venu avec son piano interpréter quelques morceaux de son quatrième album, "Feathers", le premier en solo (nommé aux Victoires de la musique dans la catégorie album de l'année). Une petite demi-heure qu'on aurait volontiers prolongée.
Dans les gradins qui se remplissent petit à petit le silence s'est fait. Seul le chant des cigales accompagne le pianiste qui débute par "Looking for the moose" (en écoute ci-dessus). Sur le clavier, les doigts courent sans jamais se précipiter, avec grâce et fluidité. On s'imagine avec le compositeur à la recherche de l'orignal dans les vastes étendues canadiennes.
Après une entrée en matière plutôt joyeuse et dynamique, "Last night of february" et "Je voulais te dire" rappellent que les morceaux de cet album plus mélancolique expriment aussi la tristesse de la séparation, le froid de New York au coeur de l'hiver. "J'avais des choses à raconter" dit-il simplement pour expliquer la genèse du projet.
A seulement 26 ans, le jeune-homme a déjà derrière lui une carrière conséquente. Tombé dans la bouillonnante marmite musicale familiale des Casadesus dès 3 ans (il débute alors le violon avant de passer au piano à 6 ans), il s'est formé au classique et au jazz. "Plus je me spécialise dans l'un et l'autre style plus j'aime les marier" avoue-t-il.
Un goût des mélanges qui sied parfaitement au talent du jeune-homme. Pour preuve, il a signé pour un album à paraitre chez Deutsche Grammophon avec Vassilena Serafimova (marimbiste et percussioniste), une jeune musicienne bulgare elle aussi très courtisée, avec laquelle il se produit en concert depuis plusieurs années (à découvrir ici).
Malgré son jeune âge, il a également à coeur de transmettre sa passion pour la musique. En tant qu'artiste résident, il a animé une masterclass à Vienne quelques heures avant son concert au Théâtre antique.
Une volonté de partager qu'il nous a expliquée avant de dire quelques mots sur sa soif d'explorer de nouvelles pistes. Un jeune-homme à suivre assurément !
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