Frank Sinatra, un album format géant pour son centenaire
En plus d'avoir ouvert les archives familiales à l'auteur Charlie Pignone, spécialiste de longue date de Sinatra, les trois enfants du chanteur américain, Nancy, Frank Jr et Tina, ont participé au livre en y rédigeant des commentaires et des post-faces.
"Sinatra 100" est divisé en trois périodes chronologiques : 1915-1952 (de la naissance à la sinatramania, puis la traversée du désert), 1953-1972 (de la renaissance à la maturité), 1973-1998 (le dernier quart de siècle de la vie d'"Ol' Blue Eyes" - l'un de ses surnoms).
Outre les enfants de l'illustre "Chairman of the Board", deux autres contributeurs apportent leur pierre à l'édifice de ce beau mémorial. Il y a d'abord le crooner Tony Bennett qui trouva en Frank Sinatra son "plus grand mentor". Peut-être moins évident pour un lecteur non américain, il y a aussi le patron de casino Steve Wynn. Sinatra se produisit énormément à Las Vegas. L'homme d'affaires l'invita à être le porte-parole de son casino et de son hôtel de luxe. Bennett et Wynn rendent des hommages appuyés à leur ami disparu, chacun apportant son lot d'anecdotes illustrant le sens de la loyauté et de l'amitié qui animait Sinatra.
Tony Bennett raconte : "Une nuit, peu avant sa mort, nous dînions ensemble chez lui. Frank me dit : +Je ne crois qu'en une chose et en rien d'autre : la loyauté.+ J'ai compris alors que toute la vie de Frank tournait autour de ce principe. S'il aimait quelqu'un, il l'adorait, et s'il ne l'aimait pas, il ne vous laissait même pas prononcer son nom."
Une foule de témoignages et d'anecdotes
Au fil de la lecture, divers récits, dont des témoignages du chanteur lui-même, mais aussi des souvenirs de personnalités comme Bing Crosby, Sammy Davis Jr ou Quincy Jones, nous éclairent sur la personnalité de Sinatra, tant dans son métier que dans sa vie. Album officiel oblige, le propos est essentiellement positif et ne se penchera pas sur les aspects plus sulfureux qui ont leur part dans le mythe Sinatra.Malgré son format imposant, le livre se dévore d'une traite avec plaisir : les récits des témoignages et anecdotes sont brefs, souvent présentés en gros caractères de façon à occuper une page entière - ce qui contraste avec les légendes des photos, toutes petites. La partie rédactionnelle a été sciemment limitée dans un ouvrage où l'image prédomine.
"Sinatra 100" est avant tout un somptueux album photo chronologique, ponctué de reproductions de documents personnels : contrats, scriptes d'émissions radio, articles de journaux... mais aussi documents déclassés du FBI qui surveillait de près cet artiste suspecté d'accointances avec la mafia et les communistes, fou de John F. Kennedy avant de rallier plus tard le parti républicain.
Le livre est jalonné de photos et autres planches contact : la jeunesse de Sinatra, la scène, des premiers concerts au sein de big bands au show télévisé de ses 80 ans, les enregistrements en studio, de belles photos avec Count Basie, Quincy Jones ou Duke Ellington, les tournages de films, quelques touchants souvenirs de famille et de vacances... Plus rares sont les images des couples qu'il forma avec les femmes de sa vie : Nancy, sa première épouse, puis Ava Gardner, Mia Farrow et la dernière, Barbara Marx.
"Sinatra 100", c'est finalement une histoire d'homme(s), d'amitié(s) et de musique. Et à travers la vie d'un géant du XXe siècle, c'est aussi une certaine Amérique, aujourd'hui disparue, qui défile sous nos yeux.
"Sinatra 100" de Charlie Pignone (Fonds Mercator - 288 pages - 34,5 X 27,5 cm - 49,95 euros)
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