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Du showcase au happening, l'étrange soirée promo de Melody Gardot

Mardi soir, par le biais de sa maison de disques Decca, la chanteuse américaine Melody Gardot avait convié quelques dizaines de journalistes spécialisés et autres professionnels du monde musical à une "soirée de lancement" de son nouvel album "Currency of Man". L'événement, organisé dans une galerie d'art parisienne, ne s'est pas exactement déroulé comme on aurait pu l'imaginer...
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Melody Gardot pose à la fin de la performance très spéciale qu'elle a organisée le 2 juin 2015 à Paris
 (Annie Yanbékian)

Même le personnel d'Universal, la "major" qui chapeaute Decca, n'était pas au parfum. D'ordinaire, quand on entend "soirée de lancement", on s'attend à un showcase d'une heure maximum, le temps que l'artiste étrenne en live ses nouveaux titres, le tout s'achevant par un buffet pris d'assaut. Mais pas ce soir-là. De toute évidence, Melody Gardot fuit l'ordinaire.

Ce mardi 2 juin, en arrivant peu avant 20 heures à la galerie Brugier-Rigail, les attachés de presse d'Universal se contentent d'une phrase évasive : "Ce ne sera pas exactement un concert, plutôt une performance."

À l'intérieur, se dresse un cercueil peint en blanc et éclaboussé d'or... Un grand jeune homme noir, cheveux longs, vêtu d'un short recouvert de peinture cuivrée, comme la paume de ses mains, s'abrite bientôt dans le cercueil, dos tourné au public.

À l'ombre d'un cercueil
 (Annie Yanbékian)

Au fond de la large pièce, un jeune homme barbu, entièrement nu, s'installe sous l'escalier qui mène à une mezzanine ouverte. Il y enchaînera les poses, l'air absent.

Le rêveur...
 (Annie Yanbékian)

Une jeune femme en sous-vêtements, peinte en blanc, s'immobilise, statue inexpressive, à quelques pas du cercueil blanc.

Statufiée
 (Annie Yanbékian)

Au fond de la galerie, un piano et trois formes mystérieuses ont été discrètement recouverts de draps blancs. De toute évidence, les artistes sont déjà prêts, cachés.

Mais déjà, les responsables de la galerie demandent aux invités de sortir dans la rue, la performance va commencer. Étrange coup d'envoi pour une sortie de disque. "N'oubliez pas de vous essuyer les pieds à l'entrée !", ordonne une voix. Le tapis du seuil de la galerie représente une croix gammée sur fond rose.

Une performance sous l'angle assumé de la provocation
 (Annie Yanbékian)

Une jeune femme en tenue noire sexy, bas résille et perruque rose, a pris place dans la vitrine de la galerie donnant sur la rue. Elle entame une chorégraphie érotique, brandissant bientôt un masque de cochon, badigeonnant son corps et la vitre intérieure de spaghettis cuits dans de la sauce tomate, avant de se lancer dans un authentique strip-tease.

Strip-tease dans la vitrine de la galerie d'art
 (Annie Yanbékian)

Alors que plusieurs smartphones crépitent pour immortaliser l'improbable instant et que des messieurs émoustillés se mettent à siffler, nous sommes quelques journalistes et gens de radio à nous demander ce que nous sommes venus faire là. Il est temps de rentrer discrètement dans la galerie et de se placer stratégiquement à côté du piano bleu et des silhouettes recouvertes de draps blancs... L'intuition s'avère excellente. Au bout de quelques instants, le showcase commence enfin.


Les draps cachaient effectivement Melody Gardot, un pianiste et un violoncelliste, vêtus de tenues de chantier blanches et de grosses lunettes de protection. Alors qu'un street-artiste muni de bombes de peinture arrose méthodiquement de couleurs un grand tableau, le piano ainsi que les artistes, la jeune diva américaine chante sans micro le titre d'ouverture de son album, "It gonna come".

  (Annie Yanbékian)

Fin de la chanson, pour laquelle le public a participé aux choeurs. Applaudissements fournis. Et c'est fini. Le concert est terminé. Il n'aura duré que le temps d'un titre.

Mais dans la rue, la "performance" du soir se poursuit dans l'apothéose d'une scène qui ne restera pas gravée dans une future anthologie du bon goût. Une Ferrari rouge s'est retrouvée bloquée par l'attroupement des participants. Le chauffeur klaxonne vivement. En guise de riposte, la strip-teaseuse se jette sur la voiture sur laquelle elle déversera ce qui lui reste de spaghettis... Les occupants de la voiture étaient évidemment complices.

Assaut de pin-up et de spaghettis sur voiture de luxe
 (Annie Yanbékian)

À l'intérieur de la galerie quasi-désertée, un spectateur de marque, discret, imperturbable, attire enfin l'attention des derniers invités : le légendaire violoniste Ivry Gitlis ! Instant hors du temps, Melody Gardot s'accroupit près de lui avant une ultime séance photo.

Avec Ivry Gitlis
 (Annie Yanbékian)

La chanteuse demande enfin aux participants de laisser quelques mots sur un grand tableau blanc à l'entrée de la galerie, curieuse de capter les réactions à ce happening. Étrange soirée. Si Melody Gardot voulait frapper un grand coup et marquer les esprits, c'est réussi. Tant pis pour ceux qui attendaient un peu plus de musique...

Un tableau en guise de livre d'or...
 (Annie Yanbékian)

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