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Du jazz en suédois sur le nouvel album de Christina von Bülow avec Claes Janson et Emily McEwan

La flûtiste-saxophoniste danoise Christina von Bülow s'est associée au chanteur suédois Claes Janson pour enregistrer l'album "Det regnar i min stad" où figure également la chanteuse Emily McEwan. Un disque de jazz interprété presque intégralement en suédois, sorti le 17 février.
Article rédigé par Jean-François Convert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
La flûtiste-saxophoniste Christina von Bülow (D.R.)

Quand on prononce le mot jazz on pense inévitablement aux Etats-Unis, à la naissance de ce genre musical à la Nouvelle-Orléans à la fin du 19e siècle. Soit instrumental soit chanté, et donc spontanément en anglais. Mais l'implantation de cette musique sur l'ensemble du continent européen a offert également d'autres sonorités linguistiques et notamment le suédois, langue du dernier album de la musicienne danoise Christina von Bülow, Det regnar i min stad, sorti le 17 février.

Du jazz en suédois, pourquoi pas ?

La flûtiste-saxophoniste Christina von Bülow affiche une carrière de plus de 30 ans, et on cite souvent parmi ses influences le légendaire Stan Getz. Mais pour vraiment comprendre le jeu et l'inspiration de Christina, il faut écouter le trompettiste suédois Jan Allan (né en 1934), qu’elle a invité à jouer sur son premier album en 1994. Son timbre l'a captivée et, inspirée, elle a écrit, entre autres, le morceau Vise in Februar pour lui. Cette chanson, le poète finno-suédois Åke Grandell l'a entendue, et, inspiré à son tour, il lui a trouvé des paroles. Il les a ensuite envoyées à Christina, accompagnées d’autres poèmes et d’une proposition de les mettre en musique. Quelques décennies plus tard, Vise in Februar a été renommée en I februari, et est devenue l'une des 14 chansons de l'album Det regnar i min stad.

 

Ce disque est ainsi l'aboutissement d’un travail sur plusieurs décennies et un témoignage du lien qui unit la Danoise Christina von Bülow à cette culture suédoise qui la fascine et l'inspire tant. Pour cela elle s'est entourée du chanteur suédois Claes Janson mais aussi de la chanteuse suédo-écossaise Emily McEwan. 

Des textes du poète Åke Grandell

A l'exception du titre Summer Wishes en anglais, tous les textes sont en suédois. Décédé en 2015, le parolier Åke Grandell était engagé pour le maintien la culture finno-suédoise à travers son travail et ses activités, notamment en tant qu'animateur radio. Il était également un écrivain prolifique. Quatre recueils de ses poèmes ont été publiés, et après sa mort, des centaines de pages dactylographiées ont été récupérées par sa famille à Grankulla (ou Kauniainen en finnois). Christina von Bülow s'y est rendue et la fille de Grandell l’a autorisée à consulter les textes inédits de son père.

Le morceau-titre de l'album Det regnar i min stad signifie "il pleut dans ma ville" et retranscrit bien cette mélancolie des poèmes d'Åke Grandell qui a écrit sur l'amour, le chagrin, la nostalgie, le deuil et le caractère éphémère de nos existences ainsi que sur la nature. Pour Christina, ces thèmes devaient être interprétés par un homme suffisamment âgé pour trouver un écho auprès des auditeurs. Elle a immédiatement pensé à Claes Janson, né en 1947, une institution populaire dans la musique suédoise depuis plus de 50 ans en tant que chanteur de jazz et de blues avec une voix chaude et profonde.

Jazz, blues et musique traditionnelle

La couleur globale de l'album est essentiellement jazz-swing et se clôt avec Bra så sur un typique cocktail de piano à l'ambiance club nocturne, de balais à la batterie, de guitare feutrée et de flûte douce et aérienne. Mais l'atmosphère peur virer carrément blues, par exemple sur un morceau comme Förbön. 

 

Il s'agit du premier projet de Christina von Bülow avec du texte chanté. Les paroles et l'humeur des poèmes lui ont montré la voie, et ses mélodies et arrangements reflètent son profond respect et sa connaissance de la chanson traditionnelle suédoise - de Bellman à Georg Riedel, Cornelis Vreeswijk et Jan Johansson, entre autres.

On trouve par exemple När den egnaste dör qui s'aventure presque sur un terrain de ballade pop, et Sommarsorg qui sonne plus comme une comptine traditionnelle. Cette large palette musicale accompagne ces textes suédois et témoigne ainsi d'un culture européenne plus large.

Une façon de reconsidérer le jazz hors des frontières classiques qu'on lui connaît. Et de découvrir une langue moins connue et ses sonorités inédites. Du jazz en suédois ? Oui sans hésitation, avec ce superbe album qui s'annonce déjà comme intemporel.

Claes Janson & Christina von Bülow - "Det regnar i min stad" - sorti le 17 février (Stunt Records / UVM Distribution)

Site officiel de Christina von Bülow

Page Facebook de Claes Janson

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